Pierre Choudieu
1761 - 1838
- Informations générales
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- Né le 26 novembre 1761 à Angers ( - Généralité de Tours - France)
- Décédé le 9 décembre 1838 à Paris (Seine - France)
1761 - 1838
Député à l'Assemblée législative de 1791 et membre de la Convention, né à Angers (Généralité de Tours, France), le 26 novembre 1761, mort à Paris, le 9 décembre 1838, il était le fils de Pierre-René Choudieu, grenetier au grenier à sel d'Angers, et d'Elisabeth-Marguerite Raimbaud de la Douve.
Il fit ses études à l'Oratoire, prit ses grades en l'Université, et suivit la carrière militaire. Inscrit comme gendarme en la maison du roi, « titre qui lui donnait, observe M. Célestin Port (Dictionnaire historique de Maine-et-Loire), avec le droit de porter l'uniforme, le grade de sous-lieutenant », il eut une affaire d'honneur avec son supérieur M. de Contades, et dut changer de régiment. Il entra alors dans l'artillerie, et fut quelque temps en garnison à Metz. Mais il prit bientôt le métier en dégoût, et revint à Angers où il acheta une charge de substitut au présidial.
Entièrement acquis aux idées nouvelles, il devint, dès le début de la Révolution, membre de la Société des amis de la Constitution, lieutenant-colonel de la garde nationale, puis accusateur public près le tribunal du district d'Angers.
Le 7 septembre 1791, le département de Maine-et-Loire l'envoya siéger à l'Assemblée législative, le 2e sur 11, avec 257 voix sur 503 votants, 663 inscrits. Membre du comité militaire, il dénonça le ministre de la guerre Du Portail, qu'il accusa d'envoyer sans armes les volontaires à la frontière (29 octobre 1791). Quelques jours après, il fit amnistier les Suisses du régiment de Châteauvieux.
Le 23 juillet 1792, il lut une pétition couverte de dix pages de signatures, demandant la déchéance du roi. La veille du 10 août, il reprocha à l'Assemblée de manquer de courage et d'être trop lente à sauver la patrie; puis, dans la séance de nuit, il fit voter l'établissement d'un camp sous Paris et la permanence des séances; toutefois, il s'opposa, le 17, à la création d'un tribunal criminel populaire investi de pouvoirs illimités.
Le même département le nomma, le 4 septembre 1792, le 1er de la liste, par 464 voix sur 618 votants et 645 inscrits, député à la Convention nationale. Choudieu prit une part active aux travaux de la nouvelle assemblée, fut élu membre de plusieurs comités, et prit plusieurs fois la parole en séance. Il demanda que les généraux ne puissent négocier avec l'ennemi, se déclara contre le ministre Pache, vota « la mort » du roi, sans motiver plus longuement son opinion, requit une note d'infamie contre les députés absents ou démissionnaires, et reçut (mars 1793) la mission d'aller organiser la résistance contre l'insurrection de l'Ouest, d'abord au Mans, puis à Angers, en compagnie de son collègue Richard (de la Sarthe) et d'autres encore plus tard. Il établit son quartier général à Saumur, déploya une grande activité, et paya souvent de sa personne : en deux rencontres, à Saumur et au moulin du Bois-aux-Chèvres, il fut grièvement blessé. « C'est dans ces circonstances que six violents libelles et, en dernier lieu, une dénonciation en règle de Philippeaux (de la Sarthe), dont le système de guerre par petites colonnes volantes avait doublement échoué, éclatèrent contre les « bourreaux » de la cour de Saumur. Choudieu lui répondit pied à pied et de sang froid, « si l'on compare la défense à l'invective... » (C. Port, ouvr. cité).
Plus tard, après thermidor, les ennemis de Choudieu l'accusèrent d'avoir désigné son adversaire au bourreau ; mais il ne cessa, jusqu'au dernier jour, de protester énergiquement contre ce reproche. « Mensonge indigne ! s'écriait-il encore à 70 ans. Mentiris impudentissime ! » en retrouvant l'accusation dans la Biographie des contemporains d'Arnaud.
Le 7 février 1794, Choudieu avait été envoyé à l'armée du Nord ; il ne quitta les avant-postes que pour venir reprendre à la Convention sa place de combat. Poursuivi par la haine d'André Dumont, un de ses dénonciateurs, il le somma vainement, pendant la tumultueuse séance du 12 germinal an III, de faire la preuve de ses imputations.
Considéré par la nouvelle majorité de l'Assemblée et désigné par le président lui-même comme un des promoteurs de l'envahissement de la Convention, Choudieu fut, sur la motion de Fréron, décrété d'arrestation pour être conduit à Ham. L'officier chargé d'exécuter cet ordre lui avait dû la vie en Vendée et le supplia d'accepter la liberté. Choudieu la refusa. Mais demandée le 3 brumaire an IV aux applaudissements des tribunes, elle lui fut rendue par l'amnistie que prononça la Convention à la clôture de ses travaux. Il revint à Paris et vivait sans bruit, quand un arrêté du Directoire, du 19 floréal, le comprit parmi les complices de Babeuf. De nouveau délivré, il entra (messidor an IV), comme chef de division au ministère de la guerre sous Bernadotte, et donna sa démission avec lui en fructidor. Devenu par ce fait suspect à Fouché, il fut inscrit encore, en nivôse, sur la liste des proscrits, mais put gagner à temps la Hollande. Il y acquit un petit domaine qu'il se mit à cultiver de ses propres mains. « J'étais devenu un véritable paysan », dit-il, - le paysan français, comme on l'appelait - « Je n'ai jamais été plus heureux! »
Il rentra pourtant en France en 1814, et accepta, pendant les Cent-Jours, la commission de lieutenant extraordinaire de police à Dunkerque (16 avril 1815).
La loi du 12 janvier 1816 l'obligea une fois de plus à passer la frontière.
Retiré à Bruxelles, sans ressources, il se fit, pour vivre, prote d'imprimerie. Plus tard, Merlin de Douai se l'attacha comme secrétaire.
La révolution de Juillet lui rouvrit la France et lui assura une modeste pension.
Choudieu mourut le 9 décembre 1838, en son petit logis de la rue Coquillière.
Il avait projeté, à la fin de sa vie, d'écrire une Histoire de la révolution ; il n'en a laissé que les matériaux (notes, extraits, analyses, fragments). Témoin oculaire du 10 août, il se proposait notamment de réfuter, dans son livre, phrase par phrase, les récits de Lacretelle, de Dulaure, de Thiers, du Moniteur.
On a de lui quelques opuscules ; ce sont des mémoires en réponse aux dénonciations de ses ennemis.