Nicolas, Thérèse, Benoît Frochot
1761 - 1828
- Informations générales
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- Né le 20 mars 1761 à Dijon ( - Généralité de Bourgogne France)
- Décédé le 29 juillet 1828 à Etuf (Haute-Marne - France)
1761 - 1828
Député en 1789 et en l'an VIII, né à Dijon (Généralité de Bourgogne) le 20 mars 1761, mort à Etuf (Haute-Marne) le 29 juillet 1828, fils d'un avocat de Dijon, il fut lui-même avocat au parlement de Bourgogne, notaire et prévôt royal à Aignay-le Duc (Côte-d'Or) avant la Révolution.
Chargé de rédiger les cahiers du tiers-état de la province, il fut élu, le 25 mars 1789, député du tiers par le bailliage de Châtillon-sur-Seine, et se lia intimement avec Mirabeau, dont il devint plus tard l'exécuteur testamentaire.
Il parut à la tribune de la Constituante pour demander l'abolition des banalités et prendre part à la discussion sur les conventions nationales (séance du 31 août 1791) : « Garantir au peuple sa constitution contre lui-même, dit-il, je veux dire contre ce penchant irrésistible de la nature humaine qui la porte sans cesse à changer de position pour atteindre un mieux chimérique; garantir au peuple sa constitution contre l'atteinte des factieux, contre les entreprises de ses délégués ou de ses représentants, enfin donner à ce peuple souverain le moyen légal de réformer dans ses parties et même de changer en totalité la constitution qu'il a jurée : » c'est là ce que chercha Frochot. Et il crut l'avoir trouvé en séparant le pouvoir de réformer d'avec le pouvoir de détruire, le corps réformateur ou « la Convention nationale et l'assemblée des représentants ayant le droit de revoir et le pouvoir de réformer par des changements, suppressions ou additions, une ou plusieurs parties déterminées de la Constitution; le Corps constituant ou destructeur et l'assemblée des représentants ayant le droit de revoir la constitution dans son ensemble, de changer la distribution des pouvoirs politiques et de créer une constitution nouvelle. » Mais il ne voulait point que ces modifications constitutionnelles puisent se faire à la légère. « Il faudra trois législatures consécutives, formulant le même vœu, pour qu'une Convention nationale ou un corps constituant doive être réuni. Si l'une des législatures improuve ce vœu, il est annulé. » Afin que nulle équivoque ou doute ne puisse exister, Frochot demandait: « 1° que les membres de la première législature ne pussent être élus pour la seconde ; 2° que cette seconde législature fût tenue de prononcer sur le vœu de la première dès le début de ses sessions; 3° enfin que les membres de cette législature, s'ils approuvent le vœu de la première, soient inéligibles pour la troisième. » Il ajoutait en terminant : « Les représentants nommés par les départements, et le Corps législatif, au 14 juillet, quel que soit le nombre des membres présents, se déclareront Assemblée nationale constituante. » L'Assemblée ordonna l'impression de ce discours.
A la séance du 3 septembre 1791, l'Assemblée, à la demande de Regnault, prit en considération un article additionnel de Frochot à son projet de décret : « L'assemblée de révision prêtera en outre le serment de se borner à statuer sur les objets qui lui auront été soumis par le vœu uniforme des trois législatures précédentes.» Frochot, qui ignorait les relations secrètes de Mirabeau avec la cour, défendit sa mémoire et obtint (20 septembre 1791) que ses funérailles seraient faites aux frais du Trésor public. Le 5 septembre 1791, il avait été élu administrateur du département de la Côte-d'Or.
Après la session, il fut nommé juge de paix à Aignay-le-Duc. Dénoncé comme suspect le 18 brumaire an II, il se livra lui-même pour ne pas compromettre l'ami qui lui avait donné asile, fut emprisonné à Dijon, publia un mémoire justificatif, et fut vaillamment soutenu dans cette lutte par sa femme, qui, dans une brochure : La citoyenne Frochot à ses concitoyens, prit l'engagement, sur sa tête, de démentir les accusations portées contre son mari. La chute de Robespierre le sauva.
Haut-juré de la Côte-d'Or le 27 germinal an VI, et, peu après, maître des eaux et forêts à Châtillon-sur-Seine, il fut élu, le 4 nivôse an VIII, par le Sénat conservateur, député de la Côte-d'Or au Corps législatif, puis nommé sur la recommandation de Maret, depuis duc de Bassano, préfet de la Seine (11 ventôse an VIII), ce qui le contraignit à donner sa démission de député, le 24 ventôse suivant.
Conseiller d'Etat le 8 prairial an XII, et commandeur de la Légion d'honneur le 25 prairial suivant, il fut créé, le 6 juin 1808, chevalier de l'Empire, puis comte le 27 novembre suivant ; enfin, le 3 décembre 1809, il fut élevé à la dignité de grand-officier de la Légion d'honneur. Son administration lui fit honneur, bien qu'on l'ait surtout considéré comme l'instrument docile des volontés de l'empereur : il réorganisa les hospices, les écoles, les octrois, le mont-de-piété, construisit des églises, des ponts, des marchés, et remit de l'ordre dans tous les services. La conspiration du général Malet brisa sa carrière; Frochot crut à la mort de l'empereur; il était prêt à recevoir les ordres du nouveau dictateur, quand le général Delaborde lui annonça l'arrestation des conspirateurs. Napoléon le remplaça (23 décembre 1812) par M. de Chabrol, sans lui tenir rancune, car il dit à ce dernier : « Je désire être aussi content de votre administration que je l'étais de celle de M. Frochot. »
Louis XVIII, en 1814, lui accorda une pension de quinze mille francs avec le titre de conseiller honoraire. Aux Cent-Jours, Frochot, après quelque hésitation, accepta de Napoléon la préfecture des Bouches-du-Rhône (22 mars 1815). La seconde Restauration ne lui pardonna pas cette défection, et Frochot, définitivement destitué, se retira à Etuf, dans une propriété qu'il cultiva lui-même: les soins qu'il donna à la culture de la pomme de terre lui valurent une médaille d'argent. La ville de Paris a donné son nom à l'une de ses avenues.