Robert, Thomas Lindet
1743 - 1823
- Informations générales
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- Né le 13 novembre 1743 à Bernay ( - Généralité d'Alençon - France)
- Décédé le 10 août 1823 à Bernay (Eure - France)
1743 - 1823
Député en 1789, membre de la Convention, député au Conseil des Anciens, né à Bernay (Généralité d'Alençon, France) le 13 novembre 1743, mort à Bernay (Eure) le 10 août 1823, il était fils de Thomas Lindet, marchand de bois, et de Marie-Anne Jouvin.
Il fut d'abord professeur au collège de Bernay, puis il alla à Paris faire ses études théologiques au séminaire de Saint-Sulpice, prit ses degrés en Sorbonne, en sortit docteur, et fut nommé vicaire d'une des paroisses de Paris. Vers 1776, il devint curé de Sainte-Croix à Bernay. L'abbé Lindet était, suivant l'expression de l'époque, un prêtre à portion congrue, c'est-à-dire, à qui la dîme avait été enlevée et qui recevait seulement une indemnité des bénéfices. « Il est malheureux, dit-il dans un discours à l'assemblée générale de sa paroisse, le 4 novembre 1781, que la fabrique pour son entretien, et le clergé pour sa subsistance, n'aient d'autres ressources qu'une espèce d'impôt qui semble avilir, aux yeux du peuple, les fonctions et les cérémonies de l'Eglise, en les mettant à prix d'argent. » Thomas Lindet exposait dans le même discours divers projets de travaux d'intérêt public, de nature à favoriser les bas quartiers de Bernay et la population qui les habitait : la plupart de ces travaux ont été exécutés depuis.
Elu, le 27 mars 1789, député du clergé du bailliage d'Evreux aux Etats généraux, il siégea au côté gauche parmi les réformateurs, vota avec les plus avancés, adopta la constitution civile du clergé et fut, en mars 1791, élu évêque constitutionnel de l'Eure.
En novembre 1792 il fut le premier évêque qui se maria (le premier prêtre marié avait été l'abbé Jean Bernard, vicaire de Sainte-Marguerite, à Paris. La cérémonie nuptiale de Lindet fut célébrée par un curé père de famille.
Réélu le 4 septembre 1792, membre de la Convention par le département de l'Eure, le 2e sur 11, avec 407 voix (584 votants). il prit place à la Montagne.
Vers la même époque, il sembla sinon justifier, du moins excuser les massacres de septembre, dans une lettre à ses diocésains, qui contenait ce passage : « On vous a parlé de crimes dont on a noirci les couleurs : on les a séparés des circonstances effrayantes qui, sans les justifier, les ont excusés et les ont fait regarder comme les inconvénients et les suites, presque nécessaires, d'une grande agitation populaire... Je suis loin de regarder comme des monstres et forcenés ceux qui, dans des moments aussi terribles, ont cru qu'il fallait sauver la patrie à quelque prix que ce fût, et que l'ennemi du dedans devait être immolé avant d'aller au devant de l'ennemi extérieur. »
À la Convention, dont il fut élu secrétaire, il vota ainsi dans le procès de Louis XVI : « Je ne puis voir des républicains dans ceux qui hésitent à frapper un tyran. Je vote pour la mort. »
Après avoir demandé la suppression d'une partie des vicaires généraux, il demanda un rapport sur les administrations rebelles, renonça à l'épiscopat dans la séance du 7 novembre 1793, et lut à la Convention les lettres de plusieurs ecclésiastiques d'Evreux qui avaient suivi son exemple. Lorsque Robert Lindet, son frère, fut dénoncé comme ayant pris part à l'insurrection de l'an III, Thomas le défendit courageusement.
Le 22 vendémiaire an IV, il fut élu député de l'Eure au Conseil des Anciens, par 117 voix (307 votants). Il y combattit une résolution relative aux commissaires de la trésorerie, parla contre l'emprunt forcé, et donna son opinion sur la contrainte par corps en matière civile.
Il sortit du Conseil en 1798, pour devenir commissaire du Directoire dans son département. Attaché aux institutions républicaines, il rentra dans la vie privée lors du coup d'Etat de Bonaparte.
En 1816, après le second retour des Bourbons, Thomas Lindet fut exilé comme régicide.
Il séjourna quelque temps en Suisse et en Italie, fut autorisé à rentrer en France et se fixa dans sa ville natale où il mourut. « Il se laissait rarement voir, a écrit M. A. Goujon (Histoire de Bernay et de son canton) ; il avait une petite maison, près des Monts, sur l'ancienne route de Lisieux, qu'on appelait l'Evêché : elle existe encore ; il y allait souvent et rentrait chez lui en passant la rivière de Cosnier sur un petit pont à son usage particulier, qui le mettait directement dans la rue de Saint-Vincent-de-Paul, où il habitait la maison paternelle, et sans qu'il eût besoin de traverser la ville. »
Il mourut le 10 août 1823 et fut enterré auprès d'une chapelle qu'il avait fait bâtir en 1784.