Paul, Louis, Marie Brousse

1844 - 1912

Informations générales
  • Né le 24 janvier 1844 à Montpellier (Hérault - France)
  • Décédé le 1er avril 1912 à Neuilly-sur-marne (France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
IXe législature
Mandat
Du 6 mai 1906 au 31 mai 1910
Département
Seine
Groupe
Socialistes unifiés

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1889 à 1940 (Jean Jolly)

Né le 23 janvier 1844 à Montpellier (Hérault), mort le 1er avril 1912 à Neuilly-sur-Marne (Seine-et-Oise).

Député de la Seine de 1906 à 1910.

La destinée de Paul Brousse se confond en partie avec celle du parti socialiste, à ses débuts en France, à l'époque où les multiples scissions en retardèrent l'unité que devaient réaliser Jules Guesde et Jean Jaurès.

Né à Montpellier, il commença dans cette ville ses études médicales et se lança aussitôt dans les mouvements socialistes révolutionnaires, ce qui mécontenta sa famille et notamment son père, professeur de médecine à l'université de Montpellier. Sous l'Empire, il adhéra à l'Internationale ouvrière. Il se distingua, au cours de l'épidémie de choléra qui désola la grande ville de l'Hérault en 1867, et à cette occasion, reçut la Médaille d'or des hôpitaux.

A la fin de la guerre de 1870-1871, à laquelle il participa brillamment, ses tendances politiques le poussèrent à soutenir la Commune de Paris, au sein de laquelle il ne joua toutefois qu'un rôle mineur. Poursuivi pour ses opinions, il se réfugia en 1871 à Barcelone, mais fut expulsé également d'Espagne pour s'être prononcé en faveur de la République. Il s'installa alors en Suisse, à Berne, où il devint assistant au laboratoire de chimie et se consacra tout spécialement aux recherches sur les explosifs. En 1873, il fut délégué au congrès socialiste international qui eut lieu à Genève. Condamné à trois mois de prison par les autorités bernoises, pour avoir pris part à des manifestations ouvrières, expulsé du canton de Berne, il trouva un nouveau refuge à Vevey, dans le canton de Vaud et profita de son séjour sur les bords du lac Léman, pour fonder, avec Elisée Reclus et Kropotkine l'Avant garde communo-anarchiste, qui préconisait notamment la propagande par le-fait.

Ces nouvelles activités et ses recherches sur la chimie des explosifs le forcèrent à quitter définitivement la Suisse - une nouvelle condamnation à deux mois de prison lui ayant été infligée - et à se rendre à Bruxelles, où il n'obtint pas de permis de séjour, puis à Londres. Grâce aux mesures d'amnistie, il put rentrer en France en 1880.

Sensiblement assagi, mais toujours convaincu, il passa, la même armée, sa thèse de docteur en médecine, à Montpellier et s'installa à Paris pour exercer dans le quartier des Epinettes qui était l'un des plus pauvres de la capitale. Dès cette époque, il reprenait son activité politique et, en 1881, luttait de concert avec Jules Guesdes et Jules Joffrin au sein du parti ouvrier socialiste français qui préconisait une transformation de la société sans révolution violente. En décembre 1881, lors de la candidature de Jules Joffrin à une élection complémentaire à Montmartre, il définissait lui-même ainsi le programme de ce parti : « Nous préférons fractionner le but idéal en plusieurs étapes, immédiatiser en quelque sorte quelques-unes de nos revendications, pour les rendre enfin possibles au lieu de nous fatiguer sur place à marquer le pas ».

Cette option devait provoquer rapidement le départ de Jules Guesde et aboutir à une première scission au sein du parti, Paul Brousse et Jean Allemane demeurant à la tête de la fédération des travailleurs socialistes de France, dit « parti possibiliste ».

Une seconde scission devait se produire quelques années plus tard, lors du congrès de Châtellerault, où Jean Allemane s'opposa catégoriquement à Paul Brousse. A eette date, les deux fractions de l'ex-parti possibiliste prirent alors le nom de leurs chefs de file respectifs (broussistes et allemanistes).

En 1887, Paul Brousse avait été élu conseiller municipal de Paris dans le quartier des Epinettes, qu'il devait représenter jusqu'en 1907. Il se prononçait alors avec vigueur contre l'aventure boulangiste et, en 1888 devint vice-président du conseil municipal Au conseil général, où il siégeait également, il préconisa la suppression des fortifications et de l'octroi, la création d'universités populaires. et d'un laboratoire municipal parisien tout en s'ocupant des problèmes concernant le régime des aliénés et l'assistance publique. Pendant cette période, il devait se rapprocher progressivement des autres tendances du parti socialiste, afin de lutter contre la politique des Ministères modérés Casimir Périer, Charles Dupuy et Jules Méline. Cette attitude commune aboutit le 1er octobre 1898 à un premier résultat lorsqu'il présida, en compagnie de Jules Guesde, avec qui il s'était réconcilié, une réunion d'urgence des députés- et des délégués des organismes socialistes) pour protester contre « l'état de siège auquel Paris était arbitrairement soumis » à la suite d'une grève des ouvriers. du bâtiment. Il fit partie du comité de vigilance, qui fut constitué à l'issue de cette réunion, aux côtés de Viviani, de Briand, de Guesde, de Vaillant et de Jaurès. Il appuya ensuite les efforts unitaires de ce dernier et adhéra sans conditions au programme du parti socialiste unifié, section française de l'Internationale ouvrière.

Président de l'assemblée municipale en 1905, il fut l'un des promoteurs de l'entente municipale franco-anglaise et représenta la ville de Paris aux fêtes de Londres, qui eurent lieu la même année. L'année suivante, il reçut les délégués anglais aux fêtes de Paris. En cette qualité, il dut également recevoir les rois d'Espagne et du Portugal, dans. la capitale.

Candidat malheureux aux élections générales d'avril 1902, dans la 3e circonscription du 18e arrondissement de Paris, contre le socialiste nationaliste, ex-boulangiste, Ernest Roche, qui fut élu, il réussit à battre celui-ci, lors du renouvellement du 6 mai 1906, par 6.451 voix contre 4.992, dès le premier tour de scrutin.

Membre des Commissions des octrois, des travaux publics et chemins de fer et de l'hygiène publique, inscrit au groupe parlementaire socialiste, il présenta de très nombreux rapports sur les octrois et sur l'assistance sociale et intervint au cours de plusieurs discussions concernant le régime des aliénés (1908). Il joua également un rôle important dans l'élaboration du programme de développement des lignes de métropolitain de Paris et favorisa leur extension en réclamant la prolongation des lignes existantes et la création de nouveaux embranchements.

Battu par son ancien concurrent, Ernest Roche, aux élections générales de 1910, il fut nommé peu après directeur de l'asile d'aliénés de Ville-Evrard, dans la banlieue parisienne.

La mort le surprit prématurément deux ans plus tard, dans l'exercice de ses fonctions, à 68 ans.

Il avait publié de nombreux ouvrages, parmi lesquels on peut citer : L'État ou l'école (monopole ou contrôle) (1910) ; La propriété collective et les services publics (1910), Le marxisme international, Dictature en liberté, Le suffrage universel et les problèmes de la souveraineté du peuple (1874), Note sur une assistance familiale des aliénés (1898). Dans l'Histoire socialiste de 1905, il avait rédigé le chapitre concernant le Consulat et l'Empire et, en 1899, avait préfacé une étude de sociologie sur l'antisémitisme, du professeur Lombroso.