Jean-François, Marie Goupilleau de Fontenay
1753 - 1823
- Informations générales
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- Né le 25 juillet 1753 à Apremont-sur-Vie ( - Généralité de Poitiers France)
- Décédé le 11 octobre 1823 à Montaigu (Vendée - France)
1753 - 1823
Député en 1789, membre de la Convention et député au Conseil des Anciens, né à Apremont-sur-Vie (Généralité de Poitiers) le 25 juillet 1753, mort à Montaigu (Vendée) le 11 octobre 1823, il appartenait à une famille de vieille bourgeoisie du Bas-Poitou.
L'effervescence de la jeunesse le fit engager dans un régiment de dragons; quatre ans après, il passa dans le régiment de Lauzun, puis quitta le service vers 1780, et vint s'établir notaire à Montaigu (Vendée). Partisan des idées nouvelles, il fut chargé de la rédaction du cahier des doléances du tiers-état de Montaigu, assista comme électeur à la réunion des trois ordres à Poitiers pour les élections aux Etats-Généraux, et fut élu lui-même, le 16 mars 1789, député du tiers aux Etats-Généraux pour la sénéchaussée du Poitou.
Il siégea parmi les ardents réformateurs, et, malade au moment de la séance du Jeu de paume (20 juin 1789), s'y fit porter dans un fauteuil pour prêter le mémorable serment; c'est lui qui figure au premier plan, à gauche, dans le tableau de David. Il se fit remarquer par son enthousiasme dans la nuit du 4 août; le lendemain, il écrivait à un ami : « Je songe aux figures allongées de nos avocats de Poitiers qui regardaient comme un sacrilège la proposition que nous leur faisions, de demander dans notre cahier l'abolition de la féodalité, la suppression des dîmes et des justices seigneuriales. »
Secrétaire de l'Assemblée (11 septembre), membre du comité des rapports, il dénonça un arrêt du parlement de Grenoble; demanda la liberté du droit de pétition ; fit tous ses efforts pour que le chef-lieu de la Vendée fût transféré à la Roche-sur-Yon (septembre 1790), idée qui fut reprise et exécutée par Napoléon Ier; fit rejeter la requête du marquis de Favras demandant le nom de son accusateur (15 février 1791); exigea le dépôt des lettres des départements qui réclamaient contre la résidence du Corps législatif à Paris (juin 1791); s'éleva contre le cens électoral, et proposa que les députés ne fussent pris que parmi les éligibles de chaque département. A propos de la discussion sur la Constitution, il déclara que la nation seule avait à adopter ou à rejeter l'œuvre de ses représentants.
« En rentrant dans mes foyers, écrivait-il après la session, je n'ai d'autres ressources que d'exercer la profession d'avoué. Mais la sujétion de cet état est cruelle. J'ai porté mes vues sur la place de greffier du tribunal criminel de la Vendée, dont les émoluments peuvent me créer une existence modeste. » Il fut nommé à ces fonctions, à Fontenay, et devint en même temps (décembre 1791) colonel des gardes nationales et volontaires de la ville et du district. En novembre précédent, il avait été nommé, au club des Herbiers (Vendée), président de la « Société ambulante des amis de la Constitution de la Vendée», société à l'aide de laquelle il tenta d'organiser dans le département de véritables missions républicaines.
Le 3 septembre 1792, le département de la Vendée l'envoya siéger à la Convention, le 1er sur 9, par 254 voix sur 360 votants. Il prit place à la Montagne, fut envoyé, en janvier 1793, en mission dans le Var, et, lors du procès de Louis XVI, ne répondit qu'au 3e appel nominal, en ces termes : « Avant d'infliger une peine à Louis, il faut que je le déclare coupable. Comme je ne fais que d'arriver de l'armée du Var, je n'ai pas encore opiné sur la première question. Je le déclare atteint et convaincu de conspiration contre l'Etat. Sur la seconde question, j'ai consulté mes pouvoirs; j'ai vu que non seulement nous avons le droit, mais que nous avons le devoir de juger Louis sans appel, puisque nos commettants nous ont déclaré qu'ils nous donnaient plein pouvoir pour sauver la liberté. Quant à la peine à infliger, j'ouvre le livre de la nature, le guide le plus certain, j'y vois que la loi doit être la même pour tous ; j'ouvre le code pénal, j'y vois la peine des conspirateurs; j'entends la voix de la liberté, la voix des victimes du tyran, dont le sang arrose les plaines de tous nos départements frontières: toutes me demandent justice, je la leur dois; je vote pour la mort. J'ajoute que je ne crois pas qu'il soit proposable de différer l'exécution: autrement Louis subirait la mort autant de fois que le bruit des verrous de sa prison viendrait frapper ses oreilles: et vous n'avez pas le droit d'aggraver son supplice. »
Après le jugement, il retourna dans le Var, puis fut envoyé dans le Loir-et-Cher et l'Indre-et-Loire pour le recrutement (11 mars), en Vendée (6 avril), à l'armée des côtes de la Rochelle (30 avril), dans l'Allier, le Puy-de-Dôme, la Haute-Loire, la Corrèze, le Cantal, la Creuse, pour une levée extraordinaire de cavalerie (8 octobre). Lors de sa mission dans l'Ouest, il avait accusé Westermann de pillages inutiles, et (22 août) destitué le général Rossignol: « Nous avons gémi, disait-il, de voir élever aux grades de généraux de brigade et d'adjudants-généraux, des hommes qui peut-être n'ont jamais monté la garde. » Rossignol en appela à la Convention, où il fut défendu par Bourbotte (28 août), qui accusa Goupilleau « d'avoir sacrifié les intérêts de la République aux considérations de localité ». La Convention maintint le général Rossignol à son poste, et rappela Goupilleau, qui ne put faire entendre sa justification. Aussi il voua une haine profonde aux Jacobins, et il se déclara contre Robespierre au 9 thermidor.
Après cet événement, il devint à son tour membre du comité de sûreté générale, fit élargir nombre de détenus, tout en demandant (1er fructidor) le maintien du gouvernement révolutionnaire ; il réclama aussi l'arrestation du maire de Paris, Fleuriot-Lescot, et fit emprisonner l'ex-général Rossignol. Rovère écrivait de lui, à Goupilleau de Montaigu, le 9 brumaire an III: « Je ne t'ai guère parlé de lui parce que les patriotes en étaient satisfaits. Son entrée au comité de sûreté générale lui avait tourné la tête ; il était devenu brusque, hautain, indécis entre les hommes de sang et ceux qui pensent comme toi et moi. » Le 18 brumaire an III, Goupilleau fut envoyé en mission à l'armée des Pyrénées-Orientales, rendit compte de nos victoires à la Convention, annonça la prise de Roses, et fut chargé de traiter de la paix avec l'Espagne.
A son retour, il demanda à la Convention (3 vendémiaire an IV) des lois répressives contre la presse, fut adjoint à Barras pour défendre l'Assemblée le 13 vendémiaire, et fut élu, le 21 suivant, député de la Vendée au Conseil des Anciens, par 76 voix sur 98 votants. L'Assemblée le choisit pour secrétaire (2 frimaire), et vota, sur sa motion, un décret de dégrèvement de contributions en faveur des départements de l'Ouest qui avaient souffert de la guerre civile. Non réélu au renouvellement de germinal an V, il demanda, étant sans ressources, et obtint une place d'administrateur du mont-de-piété à Paris, place qu'il conserva, jusqu'à la Restauration.
Aux Cent-Jours, il accepta la direction de l'hôpital de Charenton; puis, frappé par la loi du 12 janvier 1816 contre les régicides, il se réfugia à Liège. Il obtint de rentrer en France en 1819, et se fixa près de son cousin, à Montaigu, où il s'occupa de botanique et de la culture des tulipes. La mort de ce parent (1er juillet 1823) l'atteignit vivement, et il succomba lui-même le 11 octobre suivant, après avoir demandé et reçu les secours de la religion.
On a de lui: Proclamation des citoyens Bourdon et Goupilleau aux habitants des campagnes en rébellion contre la loi (1793); Discours sur l'inauguration du buste de Chalier à la Société républicaine de Clermont; Rapport sur la police générale (août 1794).