Lucien, Henri, Louis Brun

1822 - 1898

Informations générales
  • Né le 2 juin 1822 à Gex (Ain - France)
  • Décédé le 28 novembre 1898 à Paris (Ain - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Assemblée Nationale
Législature
Mandat
Du 8 février 1871 au 7 mars 1876
Département
Ain
Groupe
Union des Droites

Mandats au Sénat ou à la Chambre des pairs

Sénateur
du 16 novembre 1877 au 28 novembre 1898

Biographies

Représentant à l'Assemblée nationale de 1871, puis membre du Sénat, né à Gex (Ain), le 2 juin 1822, il se fit recevoir, à la Faculté de Paris, avocat et docteur en droit, puis s'inscrivit au barreau de Lyon; ses opinions politiques et religieuses ne tardèrent pas à lui conquérir une situation considérable et une belle clientèle dans la société aristocratique lyonnaise ; il devint bâtonnier de son ordre.

Les élections du 8 février 1871 l'appelèrent au Parlement.

Elu représentant de l'Ain à l'Assemblée nationale, le 6e sur 7 par 41,463 voix (71 803 votants, 107 184 inscrits), il alla siéger à droite : le réel talent qu'il montra dans plus d'une circonstance en fit bientôt un des chefs du parti monarchiste et catholique. Il vota :
- pour les préliminaires de paix,
- pour les prières publiques,
- pour l'abrogation des lois d'exil,
- pour le pouvoir constituant de l'Assemblée,
- pour la démission de Thiers au 24 mai,
- pour le septennat et pour l'état de siège.

Il s'abstint dans le scrutin sur la loi des maires, se montra très réservé à l'égard du gouvernement du vingt-quatre mai, et, comme la plupart des légitimistes, contribua au renversement du ministère de Broglie.

Doué d'une grande facilité de parole, il monta souvent à la tribune dans les discussions politiques. Il parla notamment sur la proposition Ravinel tendant à transférer définitivement à Versailles auprès de l'Assemblée nationale, toutes les administrations publiques. Le retour du gouvernement à Paris n'eut pas d'adversaire plus déclaré que M. Lucien Brun, qui déclara que le pays avait donné mandat exprès à ses représentants de se prononcer comme il le faisait. M. L. Brun intervint encore dans la discussion de la loi sur les conseils généraux ; il déposa, une proposition en faveur de l'adjonction des plus imposés aux conseils municipaux.

Légitimiste convaincu, il soutint au nom de l'extrême droite une interpellation relative à la suspension du journal l'Union pour publication du manifeste du comte de Chambord, et signa, le 15 juin 1874, la proposition en faveur du rétablissement de la monarchie.

Pourtant, lorsque le message adressé à l'Assemblée par Thiers, le 13 novembre 1872, eut amené une rupture entre le président de la République et la partie intransigeante de la majorité conservatrice, M. Lucien Brun, membre de la commission des quinze, nommée par la Chambre pour examiner le message présidentiel et y répondre, avait solennellement affirmé, le 29 novembre, à la tribune, qu'il n'y avait point de question engagée entre la République et la monarchie.

« Ce que veut la droite, avait-il dit, c'est l'établissement d'un gouvernement de combat contre les doctrines révolutionnaires. Que M. Thiers nous accorde ce que nous lui demandons et nous lui donnerons notre confiance. »

M. Brun fut aussi un des agents les plus actifs des tentatives de restauration monarchique qui marquèrent l'année 1873. Au mois d'octobre, il se rendit à Salzbourg, avec M. Chesnelong, auprès du comte de Chambord, pour lui offrir le trône de France et lui demander son adhésion au programme politique élaboré par la droite.

Il fit partie de la seconde commission des Trente, et s'y prononça contre le suffrage universel.

La nomination des maires, la loi électorale, la liberté de l'enseignement supérieur lui fournirent le texte de plusieurs discours importants à l'Assemblée. M. Lucien Brun vota contre les propositions C. Perier et Malleville, et déclara, le 22 janvier 1875, que si lui et ses amis avaient participé à l'organisation du septennat, en prorogeant les pouvoir du maréchal, ils n'avaient pas entendu, ce jour-là, fermer la porte à la monarchie.

Il combattit la Constitution du 25 février 1875 ; la loi votée en juillet de la même année, par l'Assemblée nationale sur la « liberté de l'enseignement supérieur » eut toute son approbation.

Après la session, M. Lucien Brun déclina la candidature dans le département de l'Ain, et reprit sa place au barreau de Lyon, en même temps qu'il devenait professeur à l'Université catholique de cette ville. C'est comme sénateur inamovible, élu le 16 novembre 1877, qu'il fit sa rentrée au Parlement.

Depuis lors, M. Lucien Brun a siégé à l'extrême droite de la Chambre haute, et s'est associé à tous ses votes. Il a présenté et développé plusieurs interpellations sur la politique religieuse du gouvernement républicain, a combattu par ses discours et par ses votes chacun des projets de loi sur l'enseignement, dus à l'initiative gouvernementale, s'est prononcé avec force contre l'article 7 et « l'application des lois existantes » aux congrégations, puis contre la formule nouvelle du serment judiciaire, contre l'expulsion des princes, contre la réforme de la magistrature, contre le rétablissement du divorce, contre la nouvelle loi militaire, etc.

Il a voté notamment, dans les derniers temps de la législature: contre le rétablissement du scrutin uninominal (13 février 1889), contre le projet de loi Lisbonne restrictif de la liberté de la presse (18 février) ; il était absent par congé (29 mars) lors du scrutin sur la procédure à suivre devant le Sénat pour juger les attentats commis contre la sûreté de l'Etat (affaire du général Boulanger).


Né le 2 juin 1822 à Gex (Ain), mort le 28 novembre 1898 à Paris.

Représentant de l'Ain à l'Assemblée Nationale de 1871 à 1876. Sénateur inamovible de 1877 à 1898. (Voir première partie de la biographie dans ROBERT ET COUGNY, Dictionnaire des Parlementaires, t. 1, p. 515.)

En 1889 il se fit entendre au cours de la discussion d'une proposition de loi ayant pour but de transférer au Panthéon les cendres de Lazare Carnot, de Marceau et de Baudin. En 1890 il interpella le Gouvernement sur la laïcisation de l'école congréganiste de Vicq et sur les incidents qui en furent la suite et prit part à la discussion du budget de l'exercice 1891. L'année suivante il s'intéressa tout particulièrement aux collèges communaux de garçons, au travail des enfants, des filles mineures et des femmes dans les établissements industriels, à la création d'un office du travail, au tarif général des douanes et au budget de l'exercice 1892. Il revint en 1892 sur la question du travail des femmes, des filles mineures et des enfants. En 1893 on l'entendit parler de l'assistance médicale gratuite, de la réforme des buissons hygiéniques, des sociétés civiles et il déclara ne pas pouvoir voter le budget de l'exercice 1893 en raison de la situation fâcheuse de nos finances. En 1895, il participa à divers débats notamment sur : le régime fiscal des associations civiles et religieuses, les responsabilités des accidents du travail, le tarif des douanes et l'article 310 du Code civil, concernant le divorce. En 1897 il parla du budget des recettes de cet exercice et prit part à la discussion d'une interpellation sur l'extrême licence des publications et du théâtre. En 1898 il intervint au cours de la discussion du budget. Ce fut sa dernière intervention.

À la séance du 29 novembre 1898, le Président Emile Loubet annonçait son décès au Sénat, et prononçait son éloge funèbre : « Ce qu'on pouvait le plus admirer chez lui, ce n'était pas seulement le merveilleux talent avec lequel il discutait, mais aussi et surtout, sa fidélité inébranlable à ses opinions politiques et religieuses. »

Il était âgé de 76 ans.

Il fit imprimer plusieurs de ses discours politiques et de ses rapports, ainsi que ses cours à la Faculté catholique de droit de Lyon.

Il avait publié :
- L'enseignement du droit dans les facultés catholiques (1876-1877) ;
- Introduction à l'étude du droit (1887) ;
- La politique des expédients et la politique des principes (1881).