Jean-Jacques de Bréard-Duplessys
1751 - 1840
- Informations générales
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- Né le 11 octobre 1751 à Québec ( - Nouvelle France - Possession française)
- Décédé le 2 janvier 1840 à Paris (Seine - France)
1751 - 1840
Député à l'Assemblée législative de 1791, membre de la Convention nationale, député au Conseil des Anciens et au Corps législatif de l'an VIII, né à Québec (Nouvelle-France, possession française), mort à Paris, le 2 janvier 1840, il était fils d'un contrôleur de la marine.
Lors de la Révolution, Jean-Jacques Bréard était propriétaire d'une charge de conseiller à l'élection de Marennes (Charente-Inférieure).
Il fut successivement nommé : le 23 août 1789, président d'un comité fonctionnant à Marennes à défaut de municipalité; le 31 janvier 1790, maire de la ville, titre qu'il garda jusqu'au 7 juillet suivant; le 25 juin 1790, administrateur du département pour le district de Marennes ; le 27 juillet, membre du directoire du département; le 22 novembre, vice-président de l'administration départementale; enfin le 28 août 1791, député de la Charente-Inférieure à l'Assemblée législative, par 298 voix sur 548 votants.
Il prit une part active aux délibérations, compta parmi les plus ardents réformateurs, et provoqua, dès les premières séances, un décret d'accusation contre Gauthier, Malvoisin, Marc et fils, comme embaucheurs pour les princes émigrés. Puis il présenta un rapport (février 1792) sur les troubles d'Avignon, obtint que le Comtat serait divisé en deux districts, et parut à la tribune chaque fois que les intérêts et la situation de ce pays furent en discussion. Le 8 juillet, il dénonça le journal de Mallet-Dupan ; le 30 août, il demanda que les fauteurs de troubles eussent leurs biens confisqués ; enfin il fit décréter d'accusation l'évêque de Castellane et le maire de Mende.
Elu, le 5 septembre 1792, membre de la Convention par la Charente-Inférieure, avec 338 voix sur 555 votants, il prononça, le 24 décembre, un grand discours sur « la situation actuelle des armées de la République française et sur les mesures à prendre pour affermir la liberté. » Il combattait l'idée de « vouloir opérer spontanément une révolution universelle qui doit être l'effet graduel des progrès de la raison et de la philosophie. » Bréard avait été chargé de retirer du greffe du tribunal du 17 août les pièces relatives à Louis XVI.
Il prit part au jugement du roi, et motiva ainsi son vote, au troisième appel nominal : « Je demande, sans craindre les reproches de mes commettants, sans craindre le jugement de la postérité, qui ne peut blâmer celui qui fait son devoir, je demande la peine de mort contre Louis. » Puis, il fit la proposition d'envoyer à tous les départements le procès-verbal de la condamnation.
A l'occasion de l'assassinat de Michel Lepelletier, il proposa des visites domiciliaires.
Devenu secrétaire de la Convention, le 24 janvier, puis président le 8 février, il fit partie du premier comité de sûreté générale, ainsi que du premier comité de salut public, formé le 4 avril à l'occasion de la déclaration de guerre à l'Angleterre et à l'Espagne. Dès le 16 mai, Bréard dénonça Polverel et Sonthonax, commissaires à Saint-Domingue, et réclama leur mise en accusation. Il attaqua Bouchotte, fit assimiler aux émigrés « tout citoyen qui se sera rendu dans une ville rebelle et n'en sortira pas dans les vingt-quatre heures, » et décréter l'arrestation de tous les étrangers suspects.
Il présida de nouveau la Convention le 4 août, et fut envoyé le 25 à Brest pour y organiser l'escadre de réserve. « Je suis né dans un pays libre, disait-il, et y ai sucé le lait d'une sauvage. » Il voulut établir un tribunal révolutionnaire à Brest, mais Jean Bon St-André, qui l'accompagna, l'en empêcha en le faisant rappeler. Il appuya, le 15 avril 1794, le décret proposé par Saint-Just, ordonnant l'expulsion des nobles de Paris, et insista pour qu'il ne leur fût accordé qu'un délai de huit jours.
Mais, lors des événements de thermidor, Bréard changea brusquement d'attitude, et se montra opposé aux Jacobins : il combattit violemment Robespierre le 8 thermidor, participa à la réaction qui suivit cette journée, et sembla se donner la tâche de faire oublier la part qu'il avait prise à plusieurs des actes politiques de la Montagne.
Membre du comité de salut public, il réclama la liberté provisoire de Sonthonax et de Polverel, qu'il avait contribué naguère à faire arrêter ; il vota la suppression du maximum, appuya les demandes des habitants de Bédouin, victimes d'un incendie, et fit ordonner une fête funèbre en l'honneur des vingt et un Girondins morts sur l'échafaud.
Bréard entra, le 21 vendémiaire an IV, au Conseil des anciens, comme député de la Charente-Inférieure, avec 200 voix sur 246 votants. Il fut secrétaire, puis président de cette assemblée, et parla : sur les commissaires de la trésorerie, sur l'envoi d'agents exécutifs dans les colonies, sur le projet relatif à la suppression du contre-seing, sur le jugement des prises maritimes, etc. Le tirage au sort du 15 ventôse an V le fit sortir du Conseil le 1er prairial an VI.
Après le coup d'Etat du 18 brumaire, auquel il s'était montré favorable, il fut appelé par le Sénat (4 nivôse an VIII) à faire partie du nouveau Corps législatif; il y remplit encore les fonctions de secrétaire, et resta député jusqu'au 26 thermidor an X.
Sous l'Empire, il entra dans l'administration des droits réunis où il occupa un emploi élevé.
Il signa, en 1815, l'acte additionnel aux Constitutions de l'Empire.
Exilé par la loi du 12 janvier 1816, il se retira à Mons. Une note du ministère de la police, du 23 janvier 1821, porte: « Le sieur Bréard a laissé à Paris une femme et cinq enfants, savoir quatre garçons et une fille; la demoiselle travaille avec sa mère qui bat du coton et gagne 8 à 10 sols par jour. C'est un des régicides auxquels le ministère a été obligé de fournir les moyens de sortir de France. La triste position de la famille l'a même déterminé à faire payer à Mme Bréard un secours mensuel de cent francs qu'elle continue toujours à recevoir. Indépendamment de ce secours qu'il est vraisemblable qu'elle partage avec son mari, mais qui ne peut suffire aux besoins d'un vieillard infirme, le ministère ajoute une couple de mandats dans l'année, de 2 à 300 francs. » (Arch. Nat. F 7, 6709)
Il ne rentra en France qu'après la révolution de 1830. Il vint s'établir à Paris, réclama au nouveau gouvernement, par une lettre du 8 septembre 1830, la pension dont il avait été privé comme conventionnel après 1816, et mourut, à l'âge de 90 ans, chez un de ses fils, lieutenant de cavalerie en retraite.
On a de lui, imprimés par ordre des assemblées, son opinion sur les armées, un projet de décret sur l'organisation de la marine, et un rapport sur les prises maritimes.