Pierre, Claude, François Daunou
1761 - 1840
Membre de la Convention, député au Conseil des Cinq-Cents, membre du Tribunat, député de 1819 à 1822, de 1828 à 1834 et pair de France, né à Boulogne-sur-Mer (Généralité d'Amiens, France), le 18 août 1761, mort à Paris (Seine), le 20 juin 1840, il était fils d'un chirurgien de Boulogne-sur-Mer, qui le fit entrer chez les oratoriens. Professeur dans cette congrégation, il publia un discours sur l'Influence littéraire de Boileau, qui fut couronné par l'Académie de Nîmes (1787), un Mémoire sur l'origine, l'étendue et les limites de l'autorité paternelle, couronné par l'Académie de Berlin (1788).
Il se montra favorable aux idées de la Révolution, se prononça pour la constitution civile du clergé, et devint, en 1791, grand-vicaire de l'évêque constitutionnel du Pas-de-Calais. Le 9 septembre 1792, ce département l'élut membre de la Convention, le 11e et dernier, par 395 voix sur 731 votants.
Il siégea parmi les modérés, protesta contre la mise en jugement de Louis XVI, dans ses Considérations sur le procès de Louis XVI, et, au moment du jugement, répondit, au 2e appel nominal :
« Comme une simple mesure de sûreté générale à prendre sur un individu n'a pas besoin de la ratification du peuple, je dis non. »
Au 3e appel nominal, il dit :
« Les formes judiciaires n'étant pas suivies, ce n'est point par un jugement criminel que la Convention a voulu prononcer. Je ne lirai donc pas les pages sanglantes de notre code, puisque vous avez écarté toutes celles où l'humanité avait tracé les formes protectrices de l'innocence, je ne me prononce donc pas comme juge. Or, il n'est pas de la nature d'une mesure d'administration de s'étendre à la peine capitale. Cette peine serait-elle utile ? L'expérience des peuples qui ont fait mourir leur roi, prouve le contraire. Je vote donc pour la déportation, et la réclusion provisoire jusqu'à la paix. »
Il traça un programme complet d'instruction publique, et déposa une motion d'ordre sur le travail de la Constitution (avril 1793) ; mais, ayant protesté contre l'arrestation des Girondins, il fut du nombre des 73 conventionnels arrêtés à cette occasion, et resta en prison jusqu'au 9 thermidor. Il rentra ensuite à la Convention, fut de la commission des onze députés chargés de la rédaction de la Constitution de l'an III, et présenta un rapport « sur les moyens de donner plus d'intensité au gouvernement » ; il défendit aussi le rapport sur la loi électorale, sur l'instruction publique et sur l'organisation de l'Institut.
Secrétaire de la Convention le 1er nivôse, an III, président de l'Assemblée le 18 thermidor an III, il fut nommé membre de l'Institut le 29 brumaire an IV, et entra, le 23 vendémiaire suivant, au Conseil des Cinq-Cents, dont il devint secrétaire le 1er germinal an V, puis président, le 3 fructidor an VI, après y avoir été réélu par le département du Pas-de-Calais, le 23 germinal an VI. Il s'y occupa des questions d'instruction publique, de l'organisation du tribunal de cassation, de la répression des délits de presse, de la loi électorale, etc. Entre ces deux sessions, il avait été nommé administrateur de la bibliothèque Sainte-Geneviève, et chargé, après l'assassinat du général Duphot, d'aller organiser la république romaine.
Au 18 brumaire, il fit partie de la commission intermédiaire chargée du pouvoir législatif.
Appelé au Conseil d'Etat le 3 nivôse an VIII, il refusa ce poste, et fut nommé le lendemain membre du Tribunat, dont il devint président.
Son attitude et ses discours contre l'autorité excessive des préfets, et contre l'organisation des tribunaux spéciaux, le firent comprendre dans la première élimination de 1802. Il refusa le Conseil d'Etat et la direction de l'instruction publique, et n'accepta que les fonctions d'archiviste du Corps législatif (24 frimaire an XIII), en remplacement de Camus, et la croix de la Légion d'honneur (1810).
En 1807, il devint archiviste de l'Empire, et censeur impérial en 1810 ; menacé, en décembre 1815, par M. de Vaublanc d'être remplacé aux Archives, il écrivit au ministre qu'« il lui attribuait des opinions qu'il n'avait jamais eues ».
En 1819, les professeurs du collège de France l'élurent à la chaire d'histoire et de morale ; ses leçons, pleine d'une érudition judicieuse et d'une ingénieuse critique, furent très suivies. Il devint rédacteur en chef du Journal des Savants.
Le 25 mars 1819, il fut élu député par le collège de département du Finistère, avec 398 voix sur 626 votants et 960 inscrits, contre 190 voix à M. Hersart de la Villemarqué, en remplacement de Manuel, qui avait opté pour la Vendée. Il siégea dans l'opposition constitutionnelle.
Il sortit de la Chambre au renouvellement de 1822, et n'y rentra que le 21 avril 1828, élu par le 1er arrondissement électoral du Finistère (Brest), avec 207 voix sur 324 votants et 384 inscrits, en remplacement de M. de Kératry, qui avait opté pour Les Sables d'Olonne.
Il fut des 221, et fut réélu, le 23 juin 1830, par 220 voix sur 316 votants et 363 inscrits, contre l'amiral Baudin, 90 voix. Le gouvernement de Juillet l'ayant nommé garde général des Archives, ses électeurs lui confirmèrent son mandat de député, le 21 octobre 1830, par 236 voix sur 270 votants et 358 inscrits, et le lui renouvelèrent, le 5 juillet 1831, par 244 voix sur 330 votants et 375 inscrits, contre 75 voix à M. de Kératry. Il siégea jusqu'aux élections de 1834, et présenta à la Chambre plusieurs rapports, entre autres celui concernant l'instruction primaire (décembre 1831).
Officier de la Légion d'honneur (1er mai 1831), membre de l'Académie des sciences morales et politiques (1832), secrétaire perpétuel de l'Académie des inscriptions et belles-lettres (1838), il fut nommé pair de France le 7 novembre 1839, et se consacra dorénavant à des travaux historiques et littéraires.
Daunou a collaboré à la continuation des Historiens de France, de dom Bouquet, de l'Histoire littéraire de la France, etc. Ses discours législatifs ont été publiés à la suite de la 3e édition de l'Essai sur les garanties individuelles que réclame l'état actuel de la société.
Peu d'hommes politiques ont eu moins d'ennemis que Daunou, et peu de carrières littéraires ont été plus utilement et plus dignement remplies.
Date de mise à jour: avril 2015