Auguste, Charles, Désiré, Emmanuel Brunet
1878 - 1957
* : Un décret de juillet 1939 a prorogé jusqu'au 31 mai 1942 le mandat des députés élus en mai 1936
Né le 4 janvier 1878 à SaintBenoît (Réunion), mort le 7 octobre 1957, à Toulon (Var).
Député de la Réunion de 1924 à 1942.
Sous-Secrétaire d'Etat aux Colonies de décembre 1930 à janvier 1931 et d'octobre à novembre 1933.
Fils de Louis Brunet qui fut député de la Réunion de 1893 à 1905, puis sénateur en 1905 (voir plus bas), Auguste Brunet fit ses études secondaires au collège Saint-Benoît puis au lycée Saint-Denis à la Réunion de 1890 à 1894. Bachelier, il vient en France pour s'inscrire à la Faculté de droit de Paris où il passe sa licence, puis son doctorat. Avocat stagiaire à la Cour d'appel de Paris en 1897, il est choisi en 1902 comme chef adjoint de Cabinet, par M. Léon Bourgeois, Président de la Chambre, puis par M. Maurice Berteaux, Ministre de la Guerre, en 1904.
C'est en 1905 que commence sa carrière coloniale, lorsqu'il est nommé chef du service économique de l'office colo mial, que venait de réorganiser M. Clémentel, Ministre des Colonies. Il devient successivement secrétaire général des colonies (affecté au Dahomey) ; chargé de mission à Lagos et au Nigeria; secrétaire général de première classe (affecté à la Nouvelle-Calédonie et dépendances); chargé du Gouvernement, par intérim, de la Nouvelle-Calédonie, et titularisé dans ces fonctions le 14 février 1912, alors qu'il n'a que 34 ans.
II est ensuite Haut-commissaire de la France aux Nouvelles-Hébrides et commissaire général dans le Pacifique, tout en restant à la tête du Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie où il élève, à .Balade, le 24 septembre 1913, le monument commémoratif du cinquantenaire de « la prise de possession » (24 septembre 1883).
Lorsque survient la guerre de 1914, il est indisponible du fait de ses fonctions. Mais il demande à être mobilisé et à partir au front. Il combat d'abord en Alsace, à la Tête-du Faulx, comme sous-lieutenant, puis part, avec sa division à Salonique où il fait la campagne d'Orient. Il est cité à l'ordre du régiment, puis de la division pour sa belle conduite.
Affecté d'office à l'Etat-major général des armées alliées, où il est chargé de liaison avec l'armée serbe, il est fait Chevalier de la Légion d'honneur à titre militaire, et cité à l'ordre de l'armée. Il reçoit en outre la Croix du combattant volontaire.
Placé d'office « hors cadres pour fonctions administratives », par le Gouvernement, il est nommé Gouverneur du Haut-Sénégal - Niger, chargé d'assurer le recrutement des troupes noires, enrôlement qui suscitait de vives appréhensions à Paris et à Dakar. Il est cité à l'ordre du pays « pour les résultats magnifiques obtenus dans une atmosphère de confiance, de paix et de dignité ». Il est fait Officier de la Légion d'honneur et décoré de la Médaille coloniale avec agrafe A.-O.F. ».
Secrétaire général du Gouvernement de l'Afrique occidentale française, chargé de l'intérim du Gouverneur général, il reçoit à Dakar le roi des Belges Albert-1er -et la reine Elisabeth, et est fait Commandeur de l'Ordre de la Couronne de Belgique.
Nommé secrétaire général du Gouvernement général de Madagascar et dépendances pour exercer l'intérim du Gouverneur général, il reçoit un télégramme officiel lui annonçant sa prochaine promotion au grade de Gouverneur général titulaire de l'A.O.F. au moment même où il est élu député de la Réunion. n figurait sur la liste d'Union républicaine démocratique et de solidarité créole qui eut deux élus. Il obtenait personnellement 17.231 voix sur 24.521 votants.
Inscrit au groupe radical-socialiste, il entre à la Commission de l'Algérie, des colonies et des protectorats, à celle de la marine marchande, à celle d'Alsace-Lorraine, et à la Commission spéciale chargée d'enquêter sur les conditions dans lesquelles le comité de l'Union des intérêts économiques est intervenu dans la dernière campagne électorale, et sur l'origine des fonds ayant servi à tous les partis en 1924.
Son intense activité sera orientée vers la défense des intérêts coloniaux et en particulier de ceux de la Réunion. Il se fait entendre sur: les dommages de guerre aux colonies, l'inspection des colonies, l'Ecole coloniale, les chemins de fer coloniaux, le budget de la Réunion, les établissements hospitaliers coloniaux (1924) ; le budget des Nouvelles-Hébrides (1925) ; la taxe sur les sucres, l'entretien de l'Ecole coloniale et de l'agence des colonies, les tarifs des douanes, le chemin de fer de Brazzaville à l'Océan, le chemin de fer et le port de la Réunion (1926) ; l'armée coloniale (1927) ; le recrutement des hommes des Antilles et de la Réunion (1928).
Aux élections générales du 22 avril 1928, qui ont lieu au scrutin uninominal, il se présente dans la 2e circonscription de la Réunion, et est élu au premier tour de scrutin par 8.995 voix contre 5.112 à M. Lougnon. Il reste membre des Commissions de l'Algérie, des colonies et des protectorats, dont il devient vice-président, et de la marine marchande et entre à celle des comptes définitifs et des économies, à celle des boissons, à celle de la marine militaire, et à celle des finances. Il prend part à la discussion des budgets des colonies, de la justice, des services judiciaires et de la loi de finances de l'exercice 1929 (1928), rapporte la proposition de résolution sur la catastrophe de la Guadeloupe, intervient sur les droits de douane sur les sucres (1929), s'intéresse aux dégrèvements d'impôts et rapporte le projet de loi sur l'émission d'emprunts coloniaux (1930).
Le 13 décembre 1930, lui est confié le portefeuille de sous-secrétaire d'Etat aux Colonies dans le Cabinet Théodore Steeg. Mais ce Ministère est renversé quelques semaines plus tard, le 22 janvier 1931. De retour à son banc de député, Louis Brunet, participe à divers débats, notamment sur les entreprises de navigation aérienne (1931), sur le budget des colonies, et sur la loi de finances de l'exercice 1932.
Réélu an renouvellement général du 1er mai 1932, par 16.589 voix contre 5.112 à M. Lougnon, au premier tour de scrutin, il siège à la Commission de la marine marchande, à celle du suffrage universel, et à celle de l'Algérie, des colonies et des protectorats.
A la tribune, il demande au Gouvernement des explications sur les incendies des paquebots Georges Philippar et L'Atlantique, se préoccupe du redressement budgétaire, de l'organisation et de la défense du marché du blé (1933) ; et présente un avis sur le projet de loi relatif aux fruits et grains oléagineux. Le 26 octobre 1933, il entre dans le premier Cabinet Albert Sarraut comme sous-secrétaire d'Etat aux colonies, Cabinet éphémère qui est renversé le 23 novembre, Il reprend sa place de député et prend la parole sur le délai de mise en instance de pension (1934); sur la loi de finances de l'exercice 1936 (1935) et sur l'organisation et le fonctionnement d'un Conseil national économique (1936).
Il retrouve son siège aux élections générales du 26 avril 1936, au premier tour de scrutin, sans concurrent, par 19.450 voix.
Membre des Commissions de la législation civile et criminelle, de l'armée, du suffrage universel, des travaux publics, de l'Algérie, des colonies et des protectorats et de la marine militaire, il intervient à la tribune, sur : la réforme fiscale, la liberté de la presse, le budget des colonies et la loi de finances de l'exercice 1937 (1936) ; la modification du tarif douanier, la hausse injustifiée des prix, le budget des colonies et la loi de finances de l'exercice 1938, le traité d'amitié et de commerce entre la France et le Siam, signé à Bangkok le 7 décembre 1937 (en qualité de rapporteur), le budget de la justice et la loi de finances de l'exercice 1939, la radiodiffusion coloniale (1940).
Le 10 juillet 1940, à Vichy, il vote les pouvoirs constituants au maréchal Pétain. Mais, son patriotisme, ulcéré par la défaite, ne peut accepter la coexistence avec l'occupant. Il quitte Paris pour n'y plus revenir. Installé à Toulon, il se crée une nouvelle vie au milieu d'amis nouveaux, et poursuit ses travaux d'artiste et d'érudit grâce à sa bibliothèque de choix. Sa maison est remplie de souvenirs de son île natale toujours présente à sa pensée, et de collections rapportées de ses voyages. Il est reçu à l'Académie du Var dont il devient un des membres les plus actifs et les plus éminents. Ses nombreuses conférences sont publiées dans le bulletin de cette société.
Il meurt à Toulon, le 7 octobre 1957, à 79 ans, laissant derrière lui une œuvre considérable : Exils dorés des îles (poèmes) ; Le Régime international des Nouvelles-Hébrides : Le Condominium franco-britannique ; Jules Simon et le problème de la Constitution coloniale ; L'Offrande (livret de poèmes) ; Trois cents ans de colonisation française à l'île Bourbon, ainsi que des discours publiés par les presses locales, et concernant en général l'avenir des colonies dont il eut la charge.
Il fut délégué élu de la Nouvelle-Calédonie au conseil supérieur des colonies, président de l'association parisienne des « Poilus d'orient » ; délégué général de la fédération des « Poilus d'Orient ».
Il était commandeur de la Légion d'honneur, décoré de la Croix de guerre (palme et étoiles), de la Croix du combattant volontaire, de la Médaille coloniale, Officier de l'instruction publique, Commandeur de l'Ordre de la couronne de Belgique, grand Officier du Ouissam alaouite, grand Officier de l'ordre de l'Etoile d'Ethiopie, Commandeur du Nicham Iftkar, de l'Etoile noire de Bénin.
Né le 4 janvier 1878 à Saint-Benoit (La Réunion)
Décédé le 7 octobre 1957 à Toulon (Var)
Député de la Réunion de 1924 à 1942 Sous-secrétaire d'Etat aux Colonies du 13 décembre 1930 au 27 janvier 1931 et du 26 octobre au 26 novembre 1933
(Voir première partie de la biographie dans le dictionnaire des parlementaires francais 1889-1940, tome II, p. 792, 794)
Pendant l'Occupation, Auguste Brunet réside à Toulon
A la Libération, le Jury d'honneur confirme l'inéligibilité qui le frappait en raison de son vote du 10 juillet 1940, favorable au projet de loi portant révision constitutionnelle. Toutefois, cette instance, dans sa décision du 5 septembre 1945, note « l'attitude digne » de l'ancien député pendant la période 1940-1944.
Demeuré à Toulon, Auguste Brunet y meurt le 7 octobre 1957, à l'âge de 79 ans.