Joseph, Louis, Joachim Lainé
1767 - 1835
- Informations générales
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- Né le 11 novembre 1767 à Bordeaux ( - Généralité de Bordeaux - France)
- Décédé le 17 décembre 1835 à Paris (Seine - France)
1767 - 1835
Député en 1808, et de 1815 à 1823, ministre et pair de France, né à Bordeaux (Généralité de Bordeaux, France) le 11 novembre 1767, mort à Paris (Seine) le 17 décembre 1835, « fils de M. Guillaume Lainé, substitut du procureur du roi de la Monnaie de Bordeaux, et de dame Jeanne Ravel, son épouse », il se fit recevoir avocat à Paris en 1789.
Partisan des idées nouvelles, mais trop jeune pour jouer un rôle en vue, il alla à Saint-Domingue régler des affaires de famille, et, de retour en France, fut nommé administrateur du district de la Réole (1793) ; il y rendit de grands services, sauva les papiers de Montesquieu et fit partie du directoire au département de la Gironde en 1795.
De 1796 à 1808, il conquit au barreau de Bordeaux une place distinguée, et, rallié au Consulat et à l'Empire, fut élu par le Sénat conservateur le 18 février 1808, député de la Gironde au Corps législatif. Bien que le Corps législatif dût voter simplement les lois qui lui étaient proposées, M. Lainé réclama le droit de discuter ces votes en comité secret. La majorité lui donna tort, mais au scrutin, quatre-vingts voix se rallièrent à lui. Les journaux relevèrent timidement ce premier acte d'opposition auquel l'Empereur parut indifférent, car il donna peu après à M. Lainé la croix de la Légion d'honneur (25 janvier 1810).
Membre, en 1813, de la commission extraordinaire nommée par le Corps législatif pour chercher quels étaient les besoins et les désirs de la nation, il en fut le rapporteur ; son rapport déplut à l'empereur qui, à la réception du Corps législatif, le 1er janvier 1814, dit : « M. Lainé est un méchant homme, les autres sont des factieux et je les poursuivrai ».
M. Lainé quitta alors le Corps législatif avec éclat et se retira à Bordeaux où il reçut avec le plus grand empressement le duc d'Angoulême (12 mars 1814), qui le nomma préfet provisoire de la Gironde.
Rentré à la « Chambre des députés des départements, » il en fut nommé président par le roi, parla en faveur du maintien de l'aliénation des biens nationaux, et, à la nouvelle du retour de l'ile d'Elbe, adressa de Bordeaux « aux Français » » une proclamation « contre le tyran », dans laquelle il les dégageait de leurs anciens serments, et leur conseillait de résister à « L'usurpateur ». Cette proclamation fut sans effet, et son auteur put accompagner, sans être inquiété, la duchesse d'Angoulême en Hollande.
Il rentra, à la seconde Restauration, fut membre de la commission d'enquête chargée d'examiner les accusations portées contre Gaudin et Mollien, et fut élu, le 22 août 1815, député du collège du département de la Gironde, par 105 voix (193 votants, 260 inscrits).
Président de la Chambre introuvable, il s'efforça de défendre contre les ultras les garanties constitutionnelles, et, dans la discussion de la loi électorale, ayant reçu de M. Forbin des Issards un démenti impertinent, quitta le fauteuil de la présidence en prétextant que son état de santé ne lui permettait pas de diriger d'aussi orageux débats. Il y remonta trois jours après, en donnant lecture d'une lettre du président du conseil des ministres, duc de Richelieu, qui lui ordonnait, au nom du roi, de rester à ce poste.
Nommé ministre de l'Intérieur le 7 mai 1816, il inspira l'ordonnance royale du 5 septembre suivant portant dissolution de la chambre et déclarant qu'aucun article de la Charte ne serait révisé.
Réélu député, le 4 octobre suivant, par 109 voix (197 votants, 262 inscrits), il défendit les secours accordés aux réfugiés espagnols, fit voter (5 février 1817) la nouvelle loi électorale, réorganisa l'Ecole polytechnique et la maison d'éducation de Saint-Denis, créa des établissements de bienfaisance, améliora le régime des prisons et remit son portefeuille à M. Decazes le 29 décembre 1818. Redevenu simple député, il soutint (1819) le projet électoral présenté à la Chambre des pairs par le marquis de Barthélemy, fit annuler (6 décembre) l'élection de l'abbé Grégoire pour cause d'indignité, et reçut du duc de Richelieu le cordon bleu et la présidence du conseil royal de l'instruction publique.
Le 4 novembre 1820, le 2e collège électoral de la Gironde (Bordeaux) le renvoya à la Chambre par 173 voix (236 votants, 273 inscrits) ; il fut nommé ministre d'Etat le 21 décembre suivant, quitta le conseil de l'Instruction publique, cessa de faire partie du cabinet à l'avènement du ministère du 14 décembre 1821, et se prononça contre la guerre d'Espagne et contre l'expulsion de Manuel.
Le roi l'éleva à la dignité de pair le 23 décembre 1823. Il continua de défendre, à la Chambre haute, les libertés constitutionnelles, s'opposa à l'attribution aux couvents de femmes du droit d'acquérir (5 février 1825), parla en faveur de la liberté des Grecs (1826) qu'il « souhaita surtout pour adoucir, s'il se peut, à l'égard des gouvernements, le murmure de la conscience du genre humain, » réclama l'application des lois existantes contre les jésuites, et, à la nouvelle des ordonnances de juillet 1830, s'écria douloureusement : « Les rois s'en vont ! » Il prêta serment au gouvernement nouveau, mais ne parut presque plus au Luxembourg.
Retiré dans son domaine de Saucats, près Bordeaux, il s'occupa de travaux littéraires, revint à Paris en 1835, et y mourut d'une lente maladie de poitrine.
Louis XVIII disait de lui : « Je n'oserai jamais demander une injustice à mon ministre, tant je sais qu'il a l'âme d'un Spartiate. »
Une ordonnance royale du 21 mars 1816 l'avait fait entrer à l'Académie française, et il avait été mis à la retraite, comme ministre, le 23 décembre 1823.
Il était devenu le 10 mai 1820, officier de la Légion d'honneur, et commandeur le 1er mai 1821.
Il mourut célibataire et pauvre, après avoir fait bénéficier les indigents de Bordeaux de son traitement de député.
Date de mise à jour: juillet 2015