Pierre, Edouard Lemontey

1762 - 1826

Informations générales
  • Né le 14 janvier 1762 à Lyon ( - Généralité de Lyon France)
  • Décédé le 26 juin 1826 à Paris (Seine - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Présidence(s)

Présidence de l'Assemblée nationale
du 10 décembre 1791 au 26 décembre 1791

Mandat(s)

Régime politique
Révolution
Législature
Assemblée nationale législative
Mandat
Du 4 septembre 1791 au 20 septembre 1792
Département
Rhône-et-Loire
Groupe
Constitutionnels

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Député en 1791, né à Lyon (Généralité de Lyon) le 14 janvier 1762, mort à Paris (Seine) le 26 juin 1826, fils d'un épicier de Lyon, il fit de brillantes études, obtint quelques succès littéraires et entra à 20 ans au barreau de Lyon. Il avait remporté deux fois le prix d'éloquence à l'académie de Marseille : en 1785, pour son Eloge de Fabry de Peyresc, et en 1788, pour son Eloge du capitaine Cook.

La convocation des états généraux fit de lui un publiciste. Il prit d'abord la défense des protestants pour lesquels il réclamait les mêmes droits politiques qu'aux autres citoyens; il rédigea les cahiers de l'assemblée électorale de la banlieue de Lyon, et l'adresse des Lyonnais au roi demandant le rappel de Necker : « Nous avons un Henri IV, y était-il dit, il nous faut un Sully. » Il publia aussi des brochures de circonstance qui firent quelque bruit : Quelques demandes pour les campagnes, et, l'année suivante (1790), Avis aux électeurs sur le choix des juges.

Au moment de la formation des municipalités, il fut nommé substitut du procureur de la commune de Lyon, puis fut élu, le 4 septembre 1791, député de Rhône et Loire à l'Assemblée législative, le 15e et dernier, par 346 voix (479 votants). Ne souhaitant qu'une monarchie tempérée, il prit place parmi les constitutionnels, devint président de l'Assemblée le 10 décembre 1791, fut membre du comité diplomatique, s'opposa, à différentes reprises, aux lois contre les émigrés, demanda que l'on fît au moins exception en faveur des savants et des artistes, et que l'on modifiât, dans un sens plus libéral, le serment imposé aux prêtres.

Au Dix-août, il rentra à Lyon, prit les armes au moment de l'insurrection, chercha à défendre la ville contre les armées républicaines, assista à la défaite de son parti, vit quelques-uns des membres de sa famille périr sur l'échafaud, put enfin et à grand peine s'évader et gagner la Suisse.

Rentré en 1795, il publia une ode sur les Ruines de Lyon, fut nommé administrateur du district, chercha à obtenir la restitution des biens des condamnés, et se rendit à Paris pour y obtenir du gouvernement quelques secours contre la disette dont Lyon souffrait alors cruellement. Sa mission remplie, il resta à Paris (1797), abandonna ses fonctions publiques et se consacra exclusivement à la littérature. Il publia successivement : Palma ou le Voyage en Grèce (1798), opéra ; Romagnesi, opéra ; en 1801, Raison, folie, chacun son mot, petit cours de morale mis à la portée des vieux enfants ; enfin, en 1802, les Observateurs de la femme.

Nommé, en l'an XII, par la protection de Français de Nantes, membre du conseil d'administration des droits réunis et censeur attaché au ministère de la police (pour les pièces de théâtre), il s'acquitta de ces fonctions avec conscience. En 1806, par exemple, il passa dix jours à mettre Athalie en état d'être jouée. Il supprima plus de soixante vers, tels que :

Le sang de vos rois crie et n'est point écouté..
Les morts après huit ans sortent-ils du tombeau ?..

Il les remplaça par des vers de sa façon, et l'autorisation de jouer fut donnée par Saulnier, secrétaire général du ministère de la police, le 12 mai 1806.

Lemontey songea encore à faire traiter par les journaux « des sujets innocents, afin d'en faire les frais de toutes les conversations. » Une lettre de Lemontey au comte Dejean, du 18 janvier 1811, apprend qu'il avait été chargé aussi, par le ministre de la police, sur les ordres de l'Empereur, d'écrire l'Histoire de France depuis la mort de Louis XIV, « afin de donner à ce tableau de la décadence de la dernière dynastie un caractère d'authenticité et d'impartialité qui le rendît classique pour les Français. »

On doit à Lemontey quelques ouvrages anonymes, mêlés de prose et de vers : La famille du Jura, ou irons-nous à Paris, publié à propos du couronnement de l'empereur Napoléon : Thibaut ou la naissance d'un comte de Champagne, à propos de la naissance du roi de Rome.

A la première Restauration, en 1814, Lemontey fut nommé chevalier de la Légion d'honneur et maintenu (le 24 octobre) dans ses fonctions de censeur, aux appointements de 6 000 francs.

En 1818, il publia Essai sur l'établissement monarchique de Louis XIV, ouvrage qui n'était qu'une introduction à une Histoire critique de la France, qui ne vit jamais complètement le jour.

Il fut nommé membre de l'Académie française en 1819 à la place de Morellet, et y fit un discours de réception très applaudi.

Sa vie eût été sans nuage, si une injuste accusation d'avarice ne l'avait poursuivi longtemps ; il en reste cette innocente épigramme, du temps du péage du pont des Arts :

Lemontey, le roi des musards,
Pousse si loin l'économie
Qu'il passe sous le pont des Arts
Pour aller à l'Académie.

Frappé d'une attaque d'apoplexie en revenant à pied de Sceaux, où il avait dîné chez l'amiral russe Tschitscharkhof, il mourut à 64 ans.

Ses œuvres complètes ont été publiées en six volumes in-8° (1829).