Jean-Baptiste, Robert Lindet
1746 - 1825
- Informations générales
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- Né le 2 mai 1746 à Bernay ( - Généralité d'Alençon - France)
- Décédé le 14 février 1825 à Paris (Seine - France)
1746 - 1825
Député en 1791, membre de la Convention, député au Conseil des Cinq-Cents et ministre, frère de Thomas Lindet (1743-1823) - représentant du clergé du bailliage d'Evreux aux états généraux, puis député à la Convention - Robert Lindet né à Bernay (Généralité d'Alençon, France) le 2 mai 1746, mort à Paris (Seine) le 14 février 1825, fit ses études au collège de sa ville natale.
Il était avocat à Bernay lors de la Révolution.
Elu, le 3 février 1790, maire de cette ville, il prêta serment, le 22 du même mois, sur la place de l'Abbatiale, à la tête du conseil municipal, en disant: « Citoyens, la patrie nous demande un gage de civisme jurons que nous demeurerons fidèles à la nation, à la loi et au roi, et que nous maintiendrons de tout notre pouvoir la Constitution décrétée par l'Assemblée nationale et acceptée par le roi. »
Puis, Robert Lindet devint procureur syndic du district, et, le 30 août 1791, fut élu, dans la cathédrale d'Evreux, député de l'Eure à l'Assemblée législative le 1er sur 11, par 325 voix (345 votants). Il montra d'abord des opinions « constitutionnelles », mais, entraîné par le mouvement, il se rangea bientôt parmi les adversaires de la monarchie.
Réélu, le 4 septembre 1792, député du même département à la Convention, le 3e sur 11, par 532 voix (593 votants), il prit une part active aux travaux de l'Assemblée, siégea à la Montagne, défendit le comité de liquidation au sujet des pensions de la liste civile, et fut chargé de rédiger et de présenter l'acte d'accusation contre Louis XVI. Ce rapport fut déposé le 10 décembre ; la conclusion déclarait le roi coupable de connivence avec l'étranger et de trahison envers l'Etat. Le 18 janvier, Robert Lindet, avec quatre autres conventionnels de l'Eure, Buzot, Bouillerot, Duroy et Thomas Lindet, vota la peine de mort sans appel ni sursis.
« J'éprouve, dit-il, ce sentiment pénible, naturel à un homme sensible, qui est obligé de condamner son semblable; mais je crois qu'il serait imprudent de vouloir exciter la compassion en faveur de Louis. L'expérience n'a-t-elle pas prouvé que l'impunité ne fait qu'enhardir les tyrans ? Je vote pour la mort »
Le 10 mars 1793, il proposa un projet d'organisation du tribunal révolutionnaire: d'après ce projet les juges ne devaient être soumis à aucunes formes dans l'instruction des procès, le tribunal ne devait point avoir de jurés et était chargé de poursuivre « tous ceux qui par les places qu'ils avaient occupées sous l'ancien régime, rappelaient des abus ou des prérogatives usurpées. »
Robert Lindet se déclara avec force contre les Girondins et contribua aux événements du 31 mai.
Membre du comité de salut public, il y fut particulièrement chargé des subsistances, et l'activité qu'il déploya dans cet emploi produisit d'heureux résultats.
Envoyé plusieurs fois, en mission (juin et juillet 1793), dans les départements du Rhône, du Calvados, de l'Eure, après la défaite des fédéralistes et du Finistère, il s'y conduisit avec une certaine modération ; dès le 5 janvier 1793, Robert Lindet, devant le tribunal révolutionnaire de l'Eure, avait, au risque de sa popularité et de sa tête, plaidé la cause des officiers municipaux de Conches et leur avait sauvé la vie. De nombreux proscrits lui durent également leur salut.
Après avoir rendu compte de ses missions à l'Assemblée, Robert Lindet fut élu président de la Convention. Il se montra assez réservé à l'égard de Robespierre dont il n'était point partisan, et ne prit point parti dans la lutte engagée au 9 thermidor. Mais lorsque les thermidoriens attaquèrent Collot d’Herbois, Barère et Billaud-Varenne, il jugea que tous les membres des anciens comités de gouvernement étaient menacés, et il se leva pour prendre leur défense. Le 2 germinal an III (22 mars 1795), Robert Lindet prononça un long et habile discours dans lequel il énumérait éloquemment les services rendus à la nation par ces comités, en leur opposant la conduite de ceux qui leur avaient succédé. Il fit un parallèle entre la situation de la République au 9 thermidor et son état actuel, compara le taux des matières d'or et d'argent à ces deux époques, et attribua au système suivi naguère le succès des approvisionnement et l'aisance du peuple à la loi du maximum. Il conclut en disant :
« Le rapport de votre commission est insuffisant, il isole du gouvernement quelques-uns de ses membres, et c'est le gouvernement tout entier que vous devez juger. Je demande qu'il vous soit fait un rapport général qui embrasse tout le gouvernement, qui sépare bien les opérations qui tiennent au malheur des temps, à sa nécessité, de celles dont on ne pourrait inférer que des accusations personnelles. Jamais on ne m'arrachera un honteux désaveu, une rétractation qui n'est pas dans mon cœur. Mes écrits, mes discours, mes actes je soumets tout à la censure ; on y trouvera toujours la même constance dans les principes, la même fermeté dans la résolution de défendre la liberté de mon pays ; on verra que jamais je n'ai conseillé les mesures violentes et sanguinaires ; ces mesures n'entraient ni dans mon caractère ni dans ma pensée... »
La réaction thermidorienne poursuivit Robert Lindet à son tour. Dénoncé, le 1er prairial an III, comme un des auteurs de l'insurrection de cette journée, il fut défendu par son frère ; mais huit jours après (28 mai 1795), l'Assemblée le décréta d'accusation, comme ayant pris part aux mesures de la Terreur. Le Hardy, Dubois-Crancé, Gouly avaient été les plus acharnés à réclamer sa mise en jugement, qui fut votée, malgré les observations de Clauzel, Dubois-Dubais, et Doulcet de Pontécoulant. Lindet fut compris dans l'amnistie du 4 brumaire an IV ; mais, le 21 floréal suivant, il se trouva compromis de nouveau dans l'affaire des babouvistes. La Haute Cour prononça d'ailleurs son acquittement, l'accusateur public ayant reconnu que les griefs étaient peu sérieux.
Le 25 germinal an VI, Robert Lindet fut elu au Conseil des Cinq-Cents par le département de l'Eure, avec 180 voix (204 votants). La loi du 22 floréal déclara cette élection « nulle et de nul effet »
En floréal an VII, le Directoire l'appela au ministère des Finances qu'il garda jusqu'au coup d'Etat de Bonaparte (18 brumaire an VIII).
A partir de cette époque il vécut à Paris, en exerçant la profession d'avocat ; il y mourut en 1825. Il avait épousé mademoiselle Mesnil, de Caen.