Paul, Jean, Pierre Sauzet
1800 - 1876
Député de 1834 à 1848 et ministre, né à Lyon (Rhône) le 22 mars 1800, mort à Lyon le 12 juillet 1876, fils d'un médecin de cette ville, fut reçu bachelier à quinze ans avec une dispense d'âge, et, destiné au barreau, vint étudier le droit à Paris.
Reçu avocat, il exerça cette profession à Lyon, où il ne tarda pas à se signaler dans un grand nombre de causes, tant criminelles que civiles, administratives et commerciales. Sa facilité d'improvisation, sa science juridique, sa pénétration le mirent bientôt hors de pair. Lorsque Courvoisier, qui avait été procureur général à Lyon, fut devenu garde des Sceaux, il voulut nommer M. Sauzet au parquet de la cour royale de Paris, mais la révolution de 1830 survint, et le jeune avocat adhéra au gouvernement nouveau. Il accepta cependant, dans le procès des ministres de Charles X, la défense de M. de Chantelauze devant la cour des pairs. Sa plaidoirie fut très remarquée ; il s'attacha à prouver que la responsabilité des ministres n'ayant été introduite dans la Charte que pour sauvegarder l'inviolabilité du roi, cette responsabilité n'avait plus de raison d'être lorsque la monarchie était tombée. Louis Blanc raconte que les pairs quittèrent leur place pour se précipiter au-devant de l'orateur et le féliciter. Il se chargea en 1833 de la cause du général de Saint-Priest, impliqué dans l'affaire du Carlo Alberto, et obtint son acquittement. Il fit également renvoyer des poursuites son confrère Jules Favre, inquiété pour un article du Précurseur.
Cédant aux instances qui lui furent faites, M. Sauzet se fit élire, le 21 juin 1834, député du 1er collège du Rhône (Lyon) par 526 voix (716 votants, 999 inscrits), contre 100 à M. Verne de Bachelard et 71 à M. de Cormenin. En même temps le 5e collège du même département (Villefranche) lui donnait 252 voix (412 votants, 609 inscrits), contre 139 à M. Laurens. Il opta pour Lyon et fut remplacé à Villefranche, le 20 septembre suivant, par M. Laurens Humblot. Il siégea au centre gauche, et, lors de la présentation des lois de septembre 1835, combattit celle de ces lois qui réduirait de huit à sept la majorité du jury ; mais il fit adopter, sur son rapport, l'autre loi qui aggravait contre la presse les garanties de cautionnement, de pénalité, et étendait la juridiction de la Chambre des pairs à certains délits de presse qualifiés d'attentats.
Vice-président de la Chambre en 1836, il défendit le principe de la conversion des rentes contre le ministère, qui tomba sur cette question, et qui fut remplacé par celui du 22 février 1836 (cabinet Thiers). Appelé à y prendre le portefeuille de la Justice, M. Sauzet soutint, à propos des fonds secrets, la politique gouvernementale, et organisa (25 août) la grande commission chargée de préluder à la réforme hypothécaire par la révision de l'expropriation forcée. Il garda son portefeuille jusqu'au 6 septembre 1836, époque de l'avènement du cabinet Molé-Guizot, et rentra alors dans la fraction de l'opposition qui s'intitulait le tiers-parti.
Il avait obtenu la confirmation de son mandat le 30 mars 1836, après sa nomination comme ministre.
Il fut encore réélu député :
- le 4 novembre 1837, par 678 voix (976 votants, 1 299 inscrits) ;
- le 2 mars 1839, par 593 voix (1 120 votants) ;
- le 9 juillet 1842, par 586 voix (1 121 votants et 1 441 inscrits), contre 515 à M. Laforest ;
- le 1er août 1846, par 722 voix (1 359 votants, 1 681 inscrits), contre 468 à M. Laforest et 165 à M. Guérin.
Il réclama en 1837 notre intervention en Espagne, vota contre la loi de disjonction, et prêta d'ailleurs son appui au gouvernement sur toutes les lois d'affaires.
Après avoir été un des chefs de la coalition contre le ministère Molé, il remplaça (4 mai 1839) M. Passy en qualité de président de la Chambre, par 213 voix contre 206, resta au fauteuil jusqu'au 1848, et se montra dans ces fonctions tout dévoué à la monarchie constitutionnelle ; mais son peu de présence d'esprit et d'énergie ne fut pas d'un grand secours a la branche cadette dans les derniers jours de février.
Étranger, depuis cette époque, à la politique, il refusa plusieurs fois la candidature, se retira à Lyon, et fit plusieurs voyages en Italie et de longs séjours à Rome.
Il a publié, entre autres écrits politiques, un ouvrage demandant le rétablissement légal du mariage religieux, et des brochures :
- La Chambre des députés et la révolution de février (1851) ;
- Considérations sur les retraites forcées de la magistrature (1854) ;
- Eloge de M. de Chantelauze ;
- Rome devant l'Europe (1860) ;
- Les deux politiques de la France et le partage de Rome (1862).