Adam, Philippe Custine de Sarëck
1740 - 1793
Député aux Etats-Généraux de 1789, né à Metz (Généralité de Metz), le 4 février 1740, exécuté à Paris (département de Paris), le 28 août 1793, il fut, comme fils de famille noble, nommé sous-lieutenant au régiment de Saint-Chamons, dès l'âge de sept ans (1747), et figura à ce titre dans la suite du maréchal de Saxe, lors de la campagne dans les Pays-Bas en 1748.
Réformé en 1749, il vint faire ses études à Paris, entra dans le régiment du roi, suivit la guerre de Sept ans, devint capitaine aux dragons de Schombert, et passa quelque temps à la cour de Prusse pour étudier la nouvelle organisation militaire, due à Frédéric-le-Grand. Au retour, le duc de Choiseul fit créer pour lui le régiment des dragons de Custine, que celui-ci soumit à la discipline prussienne, et qu'il échangea, en 1780, contre celui de Saintonge-infanterie, à la tête duquel il prit part à la guerre de l'indépendance américaine, et se distingua au siège de New-York; rentré en France, il fut nommé maréchal de camp et commandant de Toulon.
Le 16 mars 1789, la noblesse du bailliage de Metz l'élut député de son ordre aux Etats-Généraux, par 18 voix sur 23 votants ; il se montra partisan des réformes, vota pour l'organisation des gardes nationales, pour la déclaration des droits de l'homme, mais contre l'aliénation des biens du clergé, contre les décrets relatifs aux émigrés, et pour la prérogative royale du droit de paix et de guerre. Vivement attaqué pour ces contradictions de conduite, il s'en expliqua dans une lettre adressée, le 10 février 1791, à la Gazette nationale :
« Mon mépris pour la calomnie, pour les pamphlets qui la publient, et que je ne lis jamais, m'a longtemps laissé ignorer que mon nom fût sur la liste du club monarchique. Député de l'Assemblée nationale, je me suis fait la loi de n'adopter aucun parti. Je ne suis pas plus du club des Jacobins que du club monarchique ; mes opinions sont celles d'un citoyen français dont l'âme libre ne put jamais être enchaînée; les décrets sanctionnés sont ma religion; persuadé que nulle société ne peut exister sans loi, celles de l'Assemblée nationale, sanctionnées par le roi, n'auront jamais un plus ferme, un plus inébranlable défenseur.
CUSTINE, député à l'Assemblée nationale. »
Elevé au grade de lieutenant-général, le 6 octobre 1791, il fut envoyé à l'armée du Rhin (1792), et appelé par Luckner au commandement de Landau, qu'il défendit vaillamment contre l'armée prussienne. Nommé général en chef du camp de Soissons, il sollicita bientôt un autre commandement, et remplaça Luckner à la tête de l'armée du Rhin. Sa campagne fut brillante; il prit Spire d'assaut (19 septembre 1792), s'empara de Worms, et, arrivé devant Mayence, le 21, y entra, au bout de deux jours de négociations. Cédant lui-même à l'enivrement de la victoire, et comptant sur un soulèvement général de l'Allemagne, il ne tint pas compte de l'ordre du ministre de la guerre qui lui prescrivait de marcher sur Coblentz, entra en Allemagne et occupa Francfort-sur-le-Mein. Mais les Prussiens l'en chassèrent, et, Custine, craignant d'être coupé, se retira en hâte sur Mayence, non sans avoir perdu, à Costein, une partie de son artillerie. Mayence fut bientôt investie par des forces considérables. Custine, qui attribuait déjà ses revers à l'impéritie du ministre de la guerre et à la jalousie de Kellermann, demanda des renforts; on lui adjoignit l'armée de la Moselle, mais, battu à Bingen, et apprenant que l'ennemi avait forcé les passages des Vosges, il se replia derrière les lignes de Wissembourg, et offrit sa démission à la Convention, qui la refusa, en lui maintenant sa confiance.
Il eut alors l'imprudence d'écrire an président de la Convention une longue lettre dans laquelle il insinuait que la patrie ne pouvait être sauvée que par un dictateur, et que ce dictateur devait être un général. Cette lettre lui attira les plus vives attaques de Marat et des Jacobins ; on le mit pourtant à la tête de l'armée du Nord, que la mort du général Dampierre venait de laisser sans chef, mais il avait à peine pris possession de son commandement, qu'un ordre du comité de Salut public le rappela à Paris. Arrêté, enfermé à l'Abbaye, il fut, sur un rapport de Barère, traduit devant le tribunal révolutionnaire, sous la prévention d'avoir livré Francfort aux Prussiens, d'avoir abandonné Mayence, d'avoir trahi la République et aspiré à la tyrannie. Il se défendit avec courage, soutenu, dans cette terrible tâche, par la persévérance et les démarches de sa belle-fille ; mais les menaces d'Hébert et un discours de Robespierre hâtèrent la solution du procès qui traînait en longueur, et Custine fut condamné à mort (27 août 1793). Il demanda un confesseur, écrivit à son fils une lettre touchante, dans laquelle il le chargeait de réhabiliter sa mémoire à l'aide de sa correspondance, et fut exécuté le lendemain.