Pierre, Jean, Georges Cabanis
1757 - 1808
- Informations générales
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- Né le 5 juin 1757 à Cosnac ( - Généralité de Limoges - France)
- Décédé le 5 mai 1808 à Rueil-Malmaison (Seine-et-Oise - France)
1757 - 1808
Député au Conseil des Cinq-Cents et membre du Sénat conservateur, né à Cosnac (Généralité de Limoges, France), le 5 juin 1757, mort à Rueil (Seine-et-Oise), le 5 mai 1808, il était fils d'un avocat, agronome distingué, qui seconda Turgot, alors intendant à Limoges, dans l'acclimatation des mérinos en France.
Pierre-Jean-Georges commença ses humanités chez un curé de campagne et fut placé, à dix ans, au collège de Brive, où, froissé par d'injustes punitions, il s'obstina à ne pas travailler, et se fit renvoyer chez ses parents. Son père se décida alors à le conduire à Paris, à l'âge de quatorze ans, et à lui laisser une entière liberté. Cabanis en usa pour se livrer à l'étude : la lecture des philosophes, des Pères de l'Eglise, de Voltaire, de Rousseau et surtout de Locke le passionna ; son père le rappelait auprès de lui, lorsque Massaki, prince évêque de Wilna, lui proposa de l'emmener à Varsovie comme secrétaire (1773). Cabanis, séduit par la perspective de voyager, accepta ; mais la désillusion que lui firent éprouver les intrigues et les désordres qui allaient bientôt amener le démembrement de la Pologne, le firent rentrer à Paris au bout de deux ans. Là, il retrouva l'ami de son père, Turgot, devenu contrôleur général; mais la prompte disgrâce du ministre, arrêté dans ses plans de réformes par l'influence des privilégiés, priva Cabanis de ce haut appui.
Lié avec Roucher, poète des Mois, il publia quelques vers, et concourut sans succès devant l'Académie pour une traduction en vers d'un fragment de l'Iliade ; ces tentatives malheureuses et les instances de son père le tournèrent d'un autre côté, et un ami, le docteur Dubreuil, l'engagea à étudier la médecine, dans laquelle il se lança aussitôt avec une ardeur qui faillit même compromettre sa santé ; obligé pour cette raison d'habiter la campagne, et reçu docteur en 1783, il choisit Auteuil et y fréquenta le salon de la veuve d'Helvétius, où se rencontraient Diderot, Condillac, d'Alembert, Jefferson, Franklin, Thomas, le baron d'Holbach, etc. Là, toujours révolté contre toute autorité, Cabanis se montrait un des plus hardis champions des idées alors en fermentation. Ses Observations sur les hôpitaux (1789) le firent entrer dans l'administration des hospices de Paris; à la même époque, il fréquentait Mirabeau, dont il admirait le prodigieux talent, et dont il devint le médecin et l'ami; à la mort du grand orateur, il publia le Journal de la maladie et de la mort de Mirabeau, en réponse aux critiques qu'avait soulevées le traitement qu'il avait employé. Chez Franklin, il se lia avec Condorcet, dont il épousa bientôt la belle-soeur, Charlotte de Grouchy, sœur du futur maréchal de Grouchy. En 1793, il fut élu juré du tribunal révolutionnaire de Paris, fut nommé professeur d'hygiène à l'Ecole centrale lors de son organisation (an III), membre de l'Institut (an IV), et professeur de clinique à l'Ecole de médecine de Paris (an V).
Le 25 germinal an VI, élu député de la Seine au Conseil des Cinq-Cents, il fut le rapporteur de la loi d'organisation des écoles de médecine, devint ami de Sieyès, et, lorsque Bonaparte revint d'Egypte, lui fut présenté par Lucien, et s'attacha aussitôt à sa politique. Ce fut Cabanis, qui, le 19 brumaire an VIII, rédigea la proclamation destinée à faire accepter au peuple français le nouvel état de choses ; il fut nommé, ce même jour, membre de la commission intermédiaire des Cinq-Cents, puis membre du Sénat conservateur à la création (3 nivôse an VIII), membre de la Légion d'honneur, le 9 vendémiaire an XII, et commandeur du même ordre, le 25 prairial suivant.
Sa santé, fatiguée par le travail, l'obligea de renoncer à la vie active de la politique et de la science, et il se retira, en 1807, près de Rueil, dans une maison de campagne de son beau-père, M. de Grouchy ; il ne s'occupait plus que de faciles travaux littéraires, lorsqu'une attaque d'apoplexie l'enleva, à cinquante-deux ans.
Cabanis a publié beaucoup de travaux, dont les principaux sont :
- Degré de certitude de la médecine (1797),
- Traité du physique et du moral de l'homme (1802),
- Coup d'œil sur les révolutions, la réforme de la médecine (1804),
- Mélanges de littérature allemande, etc.
Philosophe autant que médecin, il donna à l'animisme de Stahl un développement nouveau, et son système peut se résumer en quelques mots : « C'est dans la physiologie que la médecine et la morale doivent chercher la solution de tous les problèmes, le point d'appui de toutes leurs vérités. »
La nature et la vivacité de son imagination ne lui permirent pas de s'en tenir au matérialisme logique et rigoureux du système ; si, d'un côté, il a affirmé que « le cerveau digère les impressions, et fait organiquement la secrétion de la pensée », d'un autre côté, il a reconnu que les lois qui régissent l'univers sont l'ouvrage « de causes premières dont elles expriment la volonté », et ailleurs, « que l'esprit de l'homme ne peut éviter de reconnaître dans les forces actives de l'univers intelligence et volonté » ; enfin, il a admis comme prouvée la persistance du moi après la mort, c'est-à-dire l'immortalité de l'âme.