François, Pierre Ingrand
1756 - 1831
- Informations générales
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- Né le 9 novembre 1756 à Usseau ( - Généralité de Poitiers France)
- Décédé le 21 juillet 1831 à Paris (Seine - France)
1756 - 1831
Député en 1791, membre de la Convention, député aux Cinq-Cents, né à Usseau (Généralité de Poitiers) le 9 novembre 1756, mort à Paris (Seine) le 21 juillet 1831, d'une famille protestante victime de la révocation de l'édit de Nantes, il était fils d'un ancien échevin de l'hôtel de ville de Poitiers.
Il fit ses études classiques et son droit à Poitiers, se fit recevoir avocat, et exerça à Châtellerault. Le 9 décembre 1787, il adressa à l'assemblée provinciale du Poitou un Mémoire pour l'établissement d'une Société d'agriculture. La sénéchaussée de Châtellerault l'élut, en 1789, député suppléant du tiers aux Etats-Généraux, où il ne fut pas appelé à siéger.
Membre du directoire du département de la Vienne le 15 juin 1790, il fut élu, le 3 septembre 1791, député de ce département à l'Assemblée législative, le 8e et dernier, par 219 voix (317 votants). Arrivé à Paris, il se fit inscrire au club des Jacobins, siégea à l'Assemblée parmi les plus avancés, vota pour l'admission des Suisses révoltés de Châteauvieux (9 avril 1792), pour la mise en accusation de La Fayette (9 août), fut nommé l'un des commissaires chargés de l'inventaire des pièces trouvées chez Laporte, intendant de la liste civile, et fit partie du comité de surveillance.
Le 4 septembre 1792, le département de la Vienne l'élut membre de la Convention, le 2e sur 8, par 243 voix (318 votants). Il prit place à la Montagne, fit annuler (décembre) les procédures relatives aux troubles de Copet et de Saint-Etienne, et, dans le procès de Louis XVI, se prononça pour la mort, sans appel ni sursis. Membre du comité de sûreté générale (21 janvier 1793), il vota (12 avril) pour la mise en liberté de Marat, « pour nous montrer au doigt les coquins ainsi qu'il l'a toujours fait, » contribua (31 mars) à l'expulsion des 22 Girondins, et, à sa sortie du comité (14 septembre), fut envoyé en mission dans la Vienne. Parti de Paris le 15 brumaire an II, il trouva les prisons de Poitiers pleines de détenus, demanda un tribunal révolutionnaire, fit arrêter Thibaudeau père comme suspect de fédéralisme; mais Thibaudeau fils (Voy. ces noms) réclama et obtint l'élargissement de son père et le rappel d'Ingrand, qui avait largement justifié la lettre de recommandation de Piorry (Voy. ce nom) aux jacobins de Poitiers:
« Vigoureux sans-culottes, je vous ai obtenu le patriote Ingrand pour aller dans vos murs. Songez qu'avec ce bon b... de montagnard, vous pouvez tout faire, tout briser, tout renverser, tout incendier, tout déporter, tout guillotiner, tout régénérer. »
La Société populaire de Poitiers, jalouse de le seconder, avait établi une « bouche de fer », boîte destinée à recevoir les dénonciations anonymes. Un de ses arrêtés, du 19 frimaire an II, était ainsi conçu:
« Considérant que les ministres d'un Dieu de paix ont inondé la terre d'assassinats, de meurtres et de carnages... le représentant du peuple arrête : que les citoyens morts, de quelque secte qu'ils soient, seront conduits, vingt-quatre heures après le décès, quarante-huit en cas de mort subite, au lieu destiné à la sépulture commune, couverts des couleurs nationales, que le lieu commun où reposeront les cendres des morts ne conservera d'autre signe extérieur que cette inscription : ICI NOS FRÈRES ONT RENDU A LA NATURE CE QU'ILS AVAIENT REÇU D'ELLE. »
Ardent contre « le fanatisme », il avait éprouvé, sur ce point, de la résistance à Montmorillon, et craignait d'être accusé de tiédeur à Paris. Mais le comité le rassura (27 novembre 1793) :
« Continue, lui écrivait-il, à présenter la lumière, mais qu'il ne tombe du flambeau aucune flammèche sulphureuse. »
L'influence de Thibaudeau le fit remplacer à Poitiers par Brival, et on le chargea de surveiller les opérations militaires en Vendée ; mais les jacobins de Poitiers réussirent à le faire revenir auprès d'eux, en insistant auprès du comité de salut public. Il y resta peu, rejoignit l'armée de l'Ouest, et se rendit à Paris où Ruamps lui fit confidence du coup qu'on méditait contre Robespierre. Ingrand refusa d'y prendre part, et revint à Niort : « Je ne suis resté que trente heures à Paris, dit-il; je les ai passés au comité de salut public. Vous devez vous attendre très prochainement à un très grand déchirement dans le sein de la Convention ; mais que cela ne vous effraye pas. » Quelques jours après, on apprenait le 9 thermidor.
La Convention le rappela le 30 thermidor ; il proposa de décréter que les nouveaux représentants envoyés en mission ne pourraient pas modifier les opérations de leurs prédécesseurs : sa motion fut rejetée ; il prit plusieurs fois la parole sur la nécessité de rendre la confiance aux patriotes et d'imposer silence aux aristocrates, dénonça sans relâche les progrès de la contre-révolution, échappa à la proscription de prairial, et publia à ce moment un compte-rendu de ses missions en réponse aux dénonciations envoyées de Poitiers contre lui. Les bons offices de Creuzé-Latouche, son parent, alors membre influent du comité de Constitution, firent qu'il ne fut pas inquiété.
Après la session de la Convention, Ingrand fut élu, le 23 vendémiaire an IV, député du Puy-de-Dôme au Conseil des Cinq-Cents, par 221 voix (433 votants). Il siégea dans cette assemblée jusqu'en 1797, puis fut nommé inspecteur des forêts dans l'Oise et dans l'Aisne. Il exerçait encore ces fonctions lorsque la loi du 12 janvier 1816 contre les régicides le força de quitter la France.
Il se retira à Bruxelles, où, sans être riche, il vécut de douze cents francs de rente viagère, provenant de l'arrentement de sa maison à Usseau. De retour en France après les journées de juillet, il se fixa à Paris, au faubourg Saint-Antoine, où il mourut, moins d'un an après, âgé de 75 ans. Le docteur Vidal, son compatriote, prononça une allocution sur sa tombe.