Marc, Antoine Jullien

1744 - 1821

Informations générales
  • Né le 18 avril 1744 à Bourg-de-Péage ( - Généralité de Grenoble France)
  • Décédé le 27 septembre 1821 à Chatuzange-le-Goubet (Drôme - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Révolution
Législature
Convention nationale
Mandat
Du 5 septembre 1792 au 26 octobre 1795
Département
Drôme
Groupe
Montagne

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Membre de la Convention, né à Bourg-de-Péage (Généralité de Grenoble ) le 18 avril 1744, mort à Chatuzange-le-Goubet (Drôme) le 27 septembre 1821, il vint de bonne heure à Paris et y termina ses études.

Les succès qu'il obtint lui valurent la protection de plusieurs personnages en crédit, notamment celle du célèbre Mably, qui le présenta à la duchesse de Damville, laquelle chargea Jullien de l'éducation du jeune prince de Léon, son petit-fils.

Ardent partisan de la Révolution dès l'origine, il laissa d'abord éclater son enthousiasme dans la correspondance qu'il entretint avec ses amis du Dauphiné, où le mouvement révolutionnaire avait de nombreux adhérents. Ces lettres lui valurent, dans le département de la Drôme, une réputation de patriote, et, après avoir été désigné ( 1791 ) comme député-suppléant à l'Assemblée législative, où il ne siégea pas, il devint président de l'assemblée électorale, et fut élu, le 5 septembre 1792, membre de la Convention par le département de la Drôme, le 1er sur 9, avec 395 voix sur 468 votants.

Jullien prit place au sommet de la Montagne. Sa première motion fut dirigée contre le général Montesquiou, que « tous les soldats de son armée regardaient, disait-il, comme un traître ». Dans la séance très orageuse du 26 décembre 1792, il prononça un véhément discours, fréquemment interrompu par des cris, pour appuyer la proposition de Duhem, qui avait demandé que Louis XVI fût jugé sans désemparer. « J'habite, s'écria-t-il, les hauteurs que l'on désigne sous le nom de Montagne; c'est à ces Thermopyles que les Spartiates sauront mourir pour sauver la liberté. » Il dénonça ensuite le modérantisme de Defermon qui présidait, l'accusa d'une partialité révoltante pour la cause des tyrans », et lui reprocha ses entretiens avec Malesherbes. Puis il ajouta: « Je demande que la sonnette lui soit arrachée et qu'il aille se cacher dans le coin le plus obscur de la salle. » Mais l'assemblée passa à l'ordre du jour.

Jullien vota, lors du procès du roi, pour la mort sans appel ni sursis; il répondit à la première question : « En vertu du pouvoir indéfini que j'ai reçu de mes commettants, je me crois entièrement compétent pour prononcer souverainement sur le sort de Louis Capet. Je ne prétends point attenter à la liberté des opinions, mais je ne conçois pas sur quoi peuvent être fondés les scrupules de ceux... (De violents murmures s'élèvent. Le président. - Citoyen, je vous invite à motiver votre opinion et à respecter celle de vos collègues.) Mes collègues ayant énoncé leurs opinions comme ils ont voulu, je demande à manifester librement la mienne; comme je l'ai dit, et en vertu des pouvoirs que j'ai reçus, je me crois très compétent pour juger définitivement et sans appel; en conséquence, je dis oui sur cette première question. » Au deuxième appel nominal : « Je suis infiniment convaincu que la meilleure manière de rendre hommage à la souveraineté du peuple, c'est de l'exercer nous-mêmes pour le salut de la République; je dis non. » Au troisième appel : « J'ai toujours haï les rois, et mon humanité éclairée a écouté la voix de la justice éternelle; c'est elle qui m'ordonne de prononcer la peine de mort contre Louis Capet. »

Adversaire des Girondins et ennemi du fédéralisme, il répliqua à Lanjuinais, qui attaquait les auteurs de la révolution du 31 mai, qu'il calomniait les habitants de Paris. Jullien demeura très attaché au parti de la Montagne. Aussi fut-il, après le 9 thermidor, dénoncé simultanément par Tallien et par Carrier, comme l'agent et le protégé de Robespierre, parce qu'un de ses fils avait été membre du comité exécutif de l'instruction publique sous la Terreur. La Convention ne donna pas suite à cette dénonciation.

Après la session, Jullien fut tenu à l'écart des affaires publiques. Résidant à Paris, il s'occupa de littérature et de poésie, publia en 1802 et 1803, dans le Mercure, quelques opuscules, et, sous la Restauration, se retira dans ses propriétés du Dauphiné. Comme il n'avait point adhéré à l'Acte additionnel pendant les Cent-jours, il put échapper en 1816 a la loi contre les régicides. Le 27 septembre 1821, il mourut en tombant d'un balcon.

Date de mise à jour: novembre 2019