Jean-Pierre Lacombe-Saint-Michel
1753 - 1812
- Informations générales
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- Né le 5 mars 1753 à Saint-Michel-de-Vax ( - Généralité de Toulouse - France)
- Décédé le 27 janvier 1812 à Saint-Michel-de-Vax (Tarn - France)
1753 - 1812
Député en 1791, membre de la Convention, député au Conseil des Anciens, né à Saint-Michel-de-Vax (Généralité de Toulouse, France) le 5 mars 1753, mort à Saint-Michel-de-Vax (Tarn) le 27 janvier 1812, d'une famille de militaires, il fut reçu, le 18 mai 1765, élève surnuméraire d'artillerie.
Passé élève le 8 octobre de la même année, lieutenant en 1767 et capitaine en 1779, il fit campagne avec le 7e régiment d'artillerie, se trouva à six sièges et fut décoré de la croix de Saint-Louis. Appelé avec son régiment dans les environs de Paris lors de la réunion des Etats généraux (1789), Lacombe-Saint-Michel, dont les sympathies étaient acquises à la Révolution, déclara hautement qu'il résisterait si le gouvernement tentait d'employer les forces militaires contre les citoyens. Le 12 juillet 1789, le maréchal de Broglie éloigna de Paris le 7e régiment d'artillerie. Lacombe-Saint-Michel avait adopté sans réserves les idées nouvelles.
Elu, le 28 août 1791, député du Tarn à l'Assemblée législative, le 4e sur 11, par 217 voix (235 votants), et, le 2 septembre suivant, député du Nord, le 13e et dernier, avec 578 voix (856 votants), il opta pour le Tarn, siégea à gauche, fut nommé membre du comité militaire et s'occupa de tous les projets relatifs à son arme, en même temps qu'il donnait, en politique, son suffrage à toutes les propositions réformatrices. Ce fut lui qui demanda le placement dans la salle des séances des bustes de Jean-Jacques Rousseau et de Mirabeau sculptés avec des pierres de la Bastille, qui fit augmenter l'artillerie à cheval de neuf compagnies, incorporer les régiments coloniaux dans l'armée de ligne, et décréter la peine de mort contre tout officier qui serait assez lâche pour rendre une place forte contre les règles militaires.
Nommé chef de bataillon d'artillerie, il fut envoyé (31 juillet 1792) au camp de Soissons avec Gasparin et Rouyer en qualité de commissaire de l'Assemblée pour annoncer la déchéance de Louis XVI, « apaiser les esprits et réconcilier les cœurs ».
Réélu, le 3 septembre 1792, député du Tarn à la Convention, le 2e sur 9, par 426 voix (441 votants), il partit presque aussitôt pour la Savoie, avec Dubois-Crancé et Gasparin, afin de faire exécuter le décret de destitution rendu le 23 septembre contre le général Montesquiou.
Dans le procès du roi, il vota pour la mort, contre l'appel au peuple et contre le sursis, et motiva ainsi son avis sur l'appel au peuple :
« Dans mon opinion, le peuple ne doit sanctionner que la Constitution ; je crois que la mesure de l'appel au peuple serait affreuse, par la guerre civile et les dissensions intestines qui pourraient en résulter. Je crois que si elle avait lieu, j'en serais responsable ; je dis non. »
Le 5 février 1793, Lacombe-Saint-Michel fut chargé d'une mission en Corse avec des pouvoirs illimités. À son arrivée à Calvi, il forma une petite armée de ce qu'il put trouver de gardes nationales, d'infanterie légère, de gendarmerie et de matelots. Paoli était à la tête des révoltés et occupait le cap Corse. Il voulut avancer sa ligne. Lacombe marcha contre lui, livra plusieurs combats et fut blessé à Farinole, où il obtint un succès qui intimida son ennemi et l'arrêta dans l'exécution de ses projets. Dénoncé par la société populaire de Bastia, la Convention décréta, le 14 frimaire an II, sur le rapport de Barère, qu'il n'avait pas cessé de mériter la confiance de l'Assemblée. Cependant, après le siège de Toulon, les Anglais, maîtres de la Méditerranée, portèrent 12 000 hommes en Corse. Lacombe, quoiqu'il n'en eût que 1 200, ne céda le terrain que pied à pied jusqu'à Saint-Florent, où il concentra ses forces ; puis il gagna du temps, parvint à se fortifier, et, lorsque les Anglais sommèrent Bastia de se rendre, il leur répondit : « Venez, je vous recevrai avec des boulets rouges. » Une de leurs frégates entra le même soir dans la rade et s'embossa en face de la ville. Lacombe fit tirer sur elles toutes ses batteries et y mit le feu. Mais le manque de vivres l'obligea de se rendre à Gênes. Puis il revint à Paris, laissant le commandement au général de division Gentili.
Nommé, le 1er messidor an II, secrétaire de la Convention, il la quitta presque aussitôt pour aller en mission à l'armée du Nord, d'où il annonça successivement à ses collègues les succès de nos soldats.
Après le 9 thermidor il écrivait, le 13, au comité de salut public : « C'est en attaquant l'infâme coalition que j'irai chercher les complices de Robespierre. »
Lacombe-Saint-Michel laissa l'armée en Hollande et vint reprendre ses fonctions législatives dans les premiers jours de pluviôse an III. Le 15 du même mois, il entra au comité de salut public avec Merlin de Douai et Fourcroy, et, dans la séance du 22, il appuya la ratification du traité de paix avec la Toscane. Le 7 germinal, il demanda que le général Bonaparte fût chargé du commandement de l'artillerie de l'armée de l'Ouest ; mais cette démarche demeura sans effet.
Promu lui-même général de brigade le 1er prairial an III, Lacombe fut élu, le 22 vendémiaire an IV, député du Tarn au Conseil des Anciens par 139 voix sur 215 votants, tandis que le Nord ot l'Orne lui donnaient également la majorité. Les succès de l'armée d'Italie lui fournirent plusieurs fois l'occasion de monter à la tribune, et d'y exalter, dans le langage de l'époque, le génie de Bonaparte : « Gloire à toi, Bonaparte ! s'écriait-il. J'ignore quel nom te donnera la postérité; mais moi, faible individu, je crois accomplir son vœu en te nommant l'Italique... » Le 27 messidor, il fit l'éloge des vainqueurs de la Bastille ; et, dans la journée du 18 fructidor, il se prononça en faveur du Directoire.
Elu président du Conseil des Anciens le 1er brumaire an VI, il vota, le 26 nivôse, pour la résolution accordant une indemnité aux citoyens acquittés à Vendôme, « qu'il n'avait pas tenu au royalisme, dit-il, de conduire à l'échafaud. » Il saisit cette occasion de donner des regrets aux Girondins morts sur l'échafaud, et il ajouta : « Je mêlerai à vos noms, chers à la patrie, les noms des Soubrany, des Goujon, des Bourbotte. Ces vertueux représentants du peuple, jugés par une commission militaire, furent, comme vous, poursuivis par la faction anglaise. »
Le 25 pluviôse, le Directoire le nomma général de division d'artillerie, et lui confia ensuite (26 prairial) l'ambassade de Naples. Mais le langage tout républicain qu'il tint au roi, en audience publique, le 22 vendémiaire an VII, et surtout l'arrivée de l'amiral Nelson à Naples rendirent ses rapports avec ce gouvernement difficiles et peu bienveillants ; bientôt la guerre éclata ; force lui fut de quitter Naples. Dans la traversée, le vaisseau qu'il montait fut pris par des corsaires qui le conduisirent à Tunis. Le bey le traita avec égards et le rendit à la liberté. De retour en France, Lacombe-Saint-Michel fut appelé au commandement en chef de l'armée du Rhin, commandement qu'il quitta en l'an X pour prendre celui de l'artillerie de l'armée d'Italie. À cette époque, le Premier consul le chargea de l'inspection générale de son arme, et l'Académie de Milan l'admit au nombre de ses membres.
Membre de la Légion d'honneur le 19 frimaire an XII, commandeur du même ordre le 25 prairial suivant, il fit encore avec distinction les campagnes du Hanovre et d'Espagne (1808), où il fut promu grand-officier de la Légion d'honneur. Mais le mauvais état de sa santé le ramena en France ; il mourut au château de Saint-Michel-de-Vax, le 27 janvier 1812.