Jean, Alban Lefiot

1755 - 1839

Informations générales
  • Né le 27 février 1755 à Lormes ( - Généralité de Moulins France)
  • Décédé le 15 février 1839 à Paris (Seine - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Révolution
Législature
Convention nationale
Mandat
Du 5 septembre 1792 au 26 octobre 1795
Département
Nièvre
Groupe
Montagne

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Membre de la Convention, né à Lormes (Généralité de Moulins) le 27 février 1755, mort à Paris (Seine) le 15 février 1839, fils de maître Paul Lefiot, contrôleur des actes, et de demoiselle Anne Berle, il était, avant la Révolution, avocat au présidial et bailliage royal de Saint-Pierre-le-Moûtier.

Devenu, en 1790, procureur syndic du district de la même ville, il fut, le 5 septembre 1792, élu membre de la Convention par le département de la Nièvre, le 3e sur 7, avec 326 voix (387 votants). Révolutionnaire ardent, Lefiot prit place à la Montagne, vota « la mort» dans le procès de Louis XVI, et fut envoyé en mission à l'armée des Pyrénées, où il se lia avec La Tour d'Auvergne; ils expliquaient ensemble dans les loisirs de la vie militaire, les Commentaires de César.

En l'an II, il prit la parole à la. Convention sur le gouvernement révolutionnaire, qu'il fut chargé d'organiser dans les départements du Cher, de la Nièvre et du Loiret. Lefiot avait reçu des pouvoirs illimités : il en usa avec une modération qui lui valut, du comité de salut public, des reproches et son rappel (27 mars 1794), notamment pour avoir fait mettre, à Cosne, les détenus en liberté. Plusieurs personnes suspectes ou compromises, entre autres Mme de Berny, mère d'un conseiller à la cour royale de Paris, lui avaient dû la vie et la liberté ; il avait également apaisé, par la seule persuasion, des émeutes provoquées par la disette, et préservé Nevers de la famine (germinal an II). Rappelé comme modéré, il crut devoir se couvrir en lançant une proclamation dans laquelle il n'était question que « d'arrêter les tièdes, d'écraser les coupables », etc. De plus, il adressa à la Convention, sur la mission qu'il avait remplie, un rapport qui contenait ce passage : « Après avoir comparé mes opérations avec les décrets existants, les moyens que j'ai employés pour former l'esprit public avec la direction que la Convention y donnait elle-même, s'il se trouve quelqu'un qui dise : J'ai mieux fait que cet homme-là, je le croirai sous le rapport des talents; mais s'il entend parler des intentions louables, du saint amour de la patrie, de l'enthousiasme pour la justice, des principes sévères de la probité, du désir de voir les Français heureux, je jure que mon détracteur ment à sa conscience! »

Dans l'assemblée, où il ne fut d'ailleurs pas inquiété, il prit une part assez active aux discussions relatives à l'instruction publique; il se prononça contre la réaction thermidorienne, et invoqua la question préalable sur la proposition de mettre en arrestation plusieurs représentants, à la suite de l'émeute du 12 germinal. Cette attitude le désigna aux attaques de la nouvelle majorité : Dubois-Crancé le dénonça « pour avoir envoyé quatre des signataires de la lettre des citoyens de Montargis contre la journée du 20 juin, au tribunal révolutionnaire, prononcé la détention d'un très grand nombre jusqu'à la paix, et infligé à tous les autres un blâme public, avec menace de la guillotine au moindre acte d'incivisme. » Lefiot reconnut les faits, mais rejeta tout sur les ordres reçus du comité de salut public. Il n'en fut pas moins, malgré l'intervention de Lanthenas, décrété d'arrestation le 21 thermidor an III. Il resta près de trois mois en prison, fut rendu à la liberté par l'amnistie du 4 brumaire an IV, et refusa une place de chef de division au ministère de la justice, que lui offrait Merlin (de Douai), pour se fixer à Nevers où il reprit la profession d'avocat.

Elu juge au tribunal de cassation pour la Nièvre (25 germinal an VI), il vit cette élection annulée. Il accepta, aux Cent-jours, les fonctions gratuites de conseiller le préfecture.

Atteint par la loi du 12 janvier 1816 contre les régicides, il se réfugia à Aix-la-Chapelle, puis a Liège où il se fit inscrire comme avocat. Il rentra en France après la révolution de juillet, et reçut du gouvernement une pension viagère. Il mourut à Paris, plein de vigueur encore, dans sa 84e année.