François, Martin Poultier d'Elmotte

1753 - 1826

Informations générales
  • Né le 31 décembre 1753 à Montreuil-sur-Mer ( - Généralité d'Amiens - France)
  • Décédé le 16 février 1826 à Tournai (Pays-Bas)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Révolution
Législature
Convention nationale
Mandat
Du 7 septembre 1792 au 26 octobre 1795
Département
Nord
Groupe
Montagne
Régime politique
Révolution
Législature
Conseil des Cinq-Cents
Mandat
Du 14 avril 1799 au 26 décembre 1799
Département
Pas-de-Calais
Groupe
Majorité
Régime politique
Consulat et Premier Empire
Législature
Corps législatif
Mandat
Du 25 décembre 1799 au 4 juin 1814
Département
Nord
Groupe
Bonapartiste
Régime politique
Cent-Jours
Législature
Chambre des représentants
Mandat
Du 13 mai 1815 au 13 juillet 1815
Département
Pas-de-Calais
Groupe
Bonapartiste

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Membre de la Convention, député au Conseil des Anciens, au Conseil des Cinq Cents, au Corps législatif, représentant aux Cent Jours, né à Montreuil-sur-Mer (Généralité d'Amiens, France) le 31 décembre 1753, mort à Tournai (Pays-Bas) le 16 février 1826, fils de Charles-Nicolas-Remi-Thomas Poultier, procureur notaire, et de dame Françoise-Gabrielle Lambert, il commença par servir dans la maison du roi.

Sous-lieutenant au régiment de Flandre en 1770, il quitta l'armée, entra comme commis à l'intendance de Paris, d'où il fut renvoyé pour avoir abusé du contre-seing de l'intendant dans le but de faire circuler des nouvelles manuscrites, se fit acteur au théâtre des élèves de l'Opéra, puis prit l'habit bénédictin et devint professeur de mathématiques au collège de la congrégation à Compiègne.

La Révolution, dont il embrassa les idées avec ardeur, lui permit de quitter la vie monastique; il fut lieutenant dans la garde nationale de Montreuil-sur-Mer dès le 21 juillet 1789, se maria, reprit du service dans un bataillon de volontaires, et fit la campagne de 1792 comme capitaine au 2e bataillon des volontaires du Pas-de-Calais.

En septembre 1792, le département du Nord l'élut membre de la Convention, le 10e sur 12 (le procès-verbal de l'élection manque). Poultier siégea à la Montagne, et, dans le procès du roi, répondit au 2e appel nominal : « Citoyens, si je voulais ressusciter la royauté, je dirais oui; mais je suis républicain, je dis non »; et au 3e appel nominal : « La mort dans les vingt-quatre heures. »

Le 10 février 1793, il s'opposa à l'amnistie proposée par Lanjuinais et traita ce dernier de contre-révolutionnaire; le 27 juin, il fit rendre un décret, au nom du comité de la guerre, ordonnant la levée de 30,000 hommes de cavalerie, pour laquelle chaque département fournira le dixième de ce qu'il a fourni au recrutement de l'infanterie ; il se mêla même si souvent aux discussions militaires que Pétion fit censurer ce « moine jaseur ».

Le 26 juin 1793, il fut envoyé en mission avec Rovère à Marseille. A Avignon, en septembre, il décréta (2 frimaire an II) la démolition des fortifications de la ville, et, de Beaucaire, se plaignit (15 octobre) de l'inexpérience des agents du comité de salut public qui apportent dans les départements « les idées les plus extravagantes et les plus opposées à la Révolution. »

De retour à Paris en novembre, il rendit compte de sa mission à la Convention (8 frimaire), fit décréter (13 pluviôse) au nom des comités de salut public, de la guerre, de législation et d'aliénation réunis, la démolition des châteaux-forts dans l'intérieur de la République, combattit (18 nivôse) la suppression des franchises des ports de Marseille, de Dunkerque et de Bayonne, prit parti contre Robespierre au 9 thermidor, et lui cria, alors que le député d'Arras faisait de vains efforts pour se faire entendre : « Tu auras la parole sur l'échafaud. »

Chargé (8 pluviôse an III) d'aller surveiller le ravitaillement de l'armée d'Italie, il écrivit, le 25 germinal, à la Convention, que l'armée était pleine d'enthousiasme; mais, s'étant aventuré aux environs de Toulon, il fut pris par les rebelles (6 prairial), le jour même où la Convention annulait ses pouvoirs. Rendu à la liberté à la suite du 13 vendémiaire, Poultier fut envoyé dans les départements du Cantal, de l'Ardèche et de la Haute-Loire pour rétablir l'ordre; il revint ensuite à Paris, où il fut l'objet de vives attaques, et fonda, pour se défendre, un journal, l'Ami des lois, qui eut rapidement de nombreux lecteurs.

Elu, le 23 vendémiaire an IV, député du Nord au Conseil des Anciens, par 316 voix sur 620 votants, il se montra, dans le Conseil, comme dans son journal, tout dévoué au Directoire, appuya (12 nivôse) la création d'un ministère de la police, fut accusé par Bérenger de provoquer dans l'Ami des lois à l'égorgement des membres du Conseil, combattit (29 vendémiaire an VI) la déportation en masse des nobles, et déclara (23 floréal) n'être pas l'auteur de la Pétition des rois de l'Europe.

Sorti du Conseil peu après, il fut nommé (22 prairial) chef de brigade de la gendarmerie dans les départements réunis du Rhin, et, fut élu, le 25 germinal an VII, par le département du Pas-de-Calais, député au Conseil des Cinq Cents. Il y défendit la liberté de la presse. Fouché ayant fait supprimer l'Ami des lois, Poultier le fit reparaître sous un autre titre, et donna son concours au coup d'Etat de brumaire. Aussi fit-il partie de la première liste des députés au nouveau Corps législatif, le choix du Sénat conservateur s'étant fixé sur lui (4 nivôse an VIII) pour y représenter le département du Nord.

En l'an X, le premier Consul qui avait connu Poultier à Marseille, et avait reçu de lui des services (Poultier a prétendu lui avoir fourni des vivres et des vêtements, ainsi qu'à sa mère et à ses sœurs), nomma Poultier commandant d'armes à Montreuil-sur-Mer, avec le grade de colonel, et le fit (4 germinal an XII) membre de la Légion d'honneur. Lorsqu'en 1814, Louis XVIII, rentrant en France, passa par Montreuil, Poultier lui remit les clefs de la place. Il n'en fut pas moins mis à la retraite quelques jours après, demanda sa réintégration au retour de l'île d'Elbe, l'obtint, et fit exiler à Guéret (Creuse) quelques royalistes de Lille.

Le 13 mai 1815, l'arrondissement de Montreuil l'élut représentant à la Chambre des Cent Jours par 35 voix sur 67 votants, contre 32 à M. Enlart, ancien député. Son rôle fut assez modeste dans cette courte législature. La seconde Restauration le priva de tout emploi; une note officielle porte qu'il jouissait alors de 6,000 francs de rente, plus sa retraite.

Il était déjà depuis quelques semaines en surveillance à Nesles, quand il fut frappé par la loi du 12 janvier 1816 contre les régicides. Il quitta la France le 16 février 1816, et se retira en Belgique, à Tournay, où son gendre, M. Boillard, officier au service de la Hollande, tenait alors garnison; il y mourut dix ans après. Ses restes furent rapportés en France et inhumés à Paris, au Père-Lachaise.

On a de lui : Victoire ou les Confessions d'un Bénédictin, qu'on prétend être une autobiographie de l'auteur; Discours décadaires pour toutes les fêtes de l'année républicaine (1794); Galathée, scène lyrique (1795); Conjectures sur l'origine et la nature des choses (1821), etc. Poultier collabora au Journal encyclopédique, au Courrier de l'Europe, au Journal de Gand, etc., composa quelques pièces de théâtre, des épîtres en vers, et des chansons qui eurent de la vogue en leur temps.