Julien Palasne de Champeaux
1736 - 1795
Député en 1789 et membre de la Convention, né a Saint-Brieuc (Généralité de Bretagne nord, France) le 21 mars 1736, mort à Brest (Finistère) le 2 novembre 1795, il était fils d'un marchand de Saint-Brieuc, receveur des finances ordinaire de cette ville, et référendaire de la chancellerie près le parlement de Bretagne.
Il se fit recevoir avocat, fut nommé sénéchal de sa ville natale, se mit à la tête du parti réformiste au moment de la Révolution, siégea aux Etats de Bretagne en février 1789, et, le 13 avril suivant, fut élu député du tiers état de la sénéchaussée de Saint-Brieuc aux Etats généraux.
Adjoint au doyen des communes, il prêta le serment du Jeu de paume, fit partie du comité de rédaction, accompagna le roi à Paris (16 juillet), fut nommé président du 16e bureau (4 août), vice-président du comité des rapports (5 octobre), membre du comité des recherches (24 décembre), membre et rapporteur du comité des pensions (14 janvier 1790), secrétaire de l'Assemblée (24 avril), et fut envoyé en mission à Douai (1791) pour y rétablir l'ordre. Il travailla beaucoup dans les comités, parut rarement à la tribune, et vota avec la majorité.
Nommé colonel d'honneur des volontaires de Saint-Brieuc, il revint dans son pays après la session, et fut élu président du tribunal du district, et, peu après, président du tribunal criminel des Côtes-du-Nord.
Le 7 septembre 1792, les électeurs des Côtes-du-Nord, dont il présidait l'assemblée, l'envoyèrent siéger à la Convention, le 2e sur 8, par 320 voix sur 449 votants. Palasne de Champeaux prit place parmi les modérés, et, dans le procès de Louis XVI, répondit au 3e appel nominal :
« Après avoir rempli les fonctions d'accusateur, de juré d'accusation, on veut me faire juge. Mes commettants m'ont envoyé pour faire des lois et non pour remplir les fonctions judiciaires. Je ne proposerai donc que des mesures de sûreté générale. La réclusion détruit les espérances des intrigants, les tentatives du factieux, et sert de barrière sur les frontières ; c'est sur ces considérations qu'est appuyé mon avis pour la réclusion, et à la paix la déportation. »
Devenu suspect sous la Terreur en raison des sentiments favorables à la Gironde et hostiles à la Montagne qu'il ne dissimulait guère dans sa correspondance avec le conseil général de Saint-Brieuc, il put se justifier, concourut à la chute de Robespierre le 9 thermidor, et fut envoyé à Brest huit mois après pour aider à la pacification. Lors de la déclaration d'âge exigée des membres de la Convention destinés à entrer dans l'un ou l'autre des Conseils institués par la Constitution de l'an III, il adressa de Brest, la lettre suivante :
« Brest, le 20 fructidor an III de la République française une et indivisible
«Le Représentant du peuple délégué près les ports et côtes de Brest et de Lorient.
Aux représentants du peuple composant le comité des procès-verbaux et archives de la Convention nationale.
Quoique je n'aie reçu officiellement, citoyens collègues, ni la loi constitutionnelle ni celle du 5 de ce mois, et que je ne connaisse ses dispositions que par les papiers publics, je m'empresse, pour ce qui me concerne, de remplir le vœu de celle du cinq en vous déclarant, citoyens collègues,
1° Que je suis âgé de 59 ans, étant né le 21 mars 1736 à Port-Brieuc, sur la paroisse Saint-Michel ;
2° Que je suis marié, et que de mon mariage avec Thérèse Raby j'ai eu onze garçons dont six sont encore vivants, quatre d'entre eux sont au service de la République dans différentes armes et les deux autres trop jeunes n'attendent que le moment où il leur sera permis de suivre l'exemple de leurs frères ;
3° En 1765 je fus pourvu de l'office de sénéchal et président de la sénéchaussée ci-devant royale de Saint-Brieuc, Cesson et ressort de Gouelo. J'ai occupé cette place jusqu'au moment de sa suppression ;
4° En 1788, je fus nommé par les communes de la ci-devant province de Bretagne, réunies à Rennes aux Etats provinciaux, député près du dernier de nos Tyrans (sic) pour réclamer et soutenir leurs droits contre les deux ci-devants ordres de la noblesse et du clergé. En 1789 je fus nommé membre de l'Assemblée constituante. Pendant la législature, j'ai rempli les fonctions de président du tribunal criminel du département des Côtes-du-Nord auxquelles j'avais été appelé par le peuple, et, en 1792, je fus nommé à la Convention nationale ;
Je possède et j'ai reçu de mes parents pour succession des propriétés foncières dont je jouis depuis leur mort.
Voilà, citoyens collègues, ma déclaration et je crois qu'elle me place parmi ceux que la loi appelle pour former le Conseil des Anciens, si toutefois je suis réélu.
Amitié, salut et fraternité, Jean-François PALASNE-CHAMPEAUX. »
Il mourut subitement à Brest trois semaines après.