Louis, Antoine, Marie Buyat
1875 - 1963
* : Un décret de juillet 1939 a prorogé jusqu'au 31 mai 1942 le mandat des députés élus en mai 1936
Né le 26 janvier 1875 à Lyon.
Député de l'Isére de 1902 à 1910. de 1928 à 1932 et de 1936 à 1942.
Issu d'une famille de vieille bourgeoisie campagnarde fixée à Cbaponnay, dans le nord du département de l'lsère, fils d'Etienne Buyat, qui fut aux débuts de la Troisième République vice-président de la Chambre des Députés et membre des 363, Louis Buyat fit ses études de droit à l'université de Lyon et s'inscrivit ensuite au barreau de cette ville. Il devait être élu en 1936 membre du conseil de l'ordre des avocats de la Cour d'appel de Lyon.
Suivant les traces de son père, dont la personnalité fut l'une des plus notoires de la région alpine, il entra dans la. vie politique dès 1901 en se faisant élire presque simultanément, à l'âge de 26 ans, maire de Chaponnay et conseiller général de l'Isère pour le canton d'Heyrieux (son père avait été membre de l'Assemblée départementale pour le canton voisin de Saint-Symphorien-d'Ozon). Il devait conserver ses fonctions de conseiller général jusqu'en 1940, date de la dissolution des Assemblées départementales par le Gouvernement de Vichy, et celles de maire, jusqu'à la Libération.
Un an plus tard, aux élections générales du 27 avril 1902, il se présentait pour la première fois à la Chambre des Députés et était élu pratiquement sans concurrent, au deuxième tour de scrutin, dans la première circonscription de Vienne, par 10.266 voix contre 487 à M. Christophe. Dans sa profession de foi, il se réclamait du programme politique de son père et demandait notamment la réduction à deux ans du service militaire et la suppression des gros traitements. Secrétaire d'âge de la Chambre, inscrit au groupe de la gauche radicale, iL fit partie des Commissions du suffrage universel, de la réforme judiciaire et des économies. Il déposa plusieurs proposa tions de loi concernant les budgets de la guerre et de la justice et se préoccupa d'autre part de questions judiciaires. En 1903, il développait une interpellation concernant le décret gouvernemental fixant les frais, et dépens pour les cours d'appel et tribunaux. En 1905, dans une question adressée au Sous-secrétaire d'Etat aux Beaux-arts, il réclamait des précisions quant à l'application de la loi sur la propriété littéraire. L'année précédente, il avait présenté un rapport sur la proposition de loi de Louis-Lucien Klotz, ayant pour objet le rétablissement du scrutin de liste.
Réélu au premier tour de scrutin, aux élections générales du 6 mai 1906 par 10.563 voix contre 5.996 à son même adversaire M. Christophe, sur un programme qui réclamait la « stricte application » de la loi sur la séparation de l'Eglise et de l'Etat et s'élevait contre « la juridiction barbare et surannée des conseils de guerre, impitoyables quand ils jugent de simples soldats, mais d'une indulgence tendancieuse et d'une révoltante partialité en ce qui concerne certaines décisions récentes », il se montrait d'autre part convaincu que la question sociale « pouvait être résolue sans violence et sans haine, si le législateur ne considérait pas le salariat comme un dogme économique ». Il proclamait également sa fidélité au programme laïque et modéré de Jules Ferry et de Gambetta. Membre des Commissions du budget et du travail, membre du Comité consultatif des assurances contre les accidents du travail, il déposa au cours de cette législature une proposition de loi tendant à déterminer le nombre des membres des deux Chambres et à rétablir le scrutin de liste (1906). Parallèlement, il se préoccupait activement de faire obtenir des crédits extraordinaires a plusieurs communes de son département éprouvées par les intempéries. Il fut pendant trois ans rapporteur du budget des Beaux-arts et à ce titre se prononça en faveur de l'ouverture de crédits extraordinaires pour la participation de la France aux expositions internationales de Venise et de Munich (1909) et pour la translation des cendres d'Emile Zola au Panthéon (1908). En cette même qualité il intervint fréquemment dans les débats portant sur les mêmes sujets.
Il fut battu aux élections générales de 1910 et de 1914 par le candidat socialiste Joseph Brenier, à celles de 1924, sa liste d'Union républicaine ayant été écrasée par celle du bloc des gauches et reprit entre-temps ses activités au barreau de Lyon, tout en se consacrant au développement agricole de sa commune de Chaponnay, où il était propriétaire agriculteur. Il devint également à cette époque président du Comice agricole de Saint-Symphorien-d'Ozon.
C'est seulement à la faveur des élections législatives des 22 et 29 avril 1928, après une interruption de 18 ans, qu'il put faire sa rentrée au Parlement, en se présentant cette fois dans la deuxième circonscription de Vienne. Il fut élu au deuxième tour de scrutin par 7.700 voix contre 6.743 à son plus proche concurrent. Dans sa déclaration de candidature, il mettait l'accent sur les problèmes paysans et défendait notamment les « terriens », les campagnes, la politique financière de Raymond Poincaré et la politique exté rieure d'Aristide Briand. Il réclamait également la réduction du nombre des députés et des sénateurs.
Inscrit au groupe de la gauche sociale et radicale, membre des Commissions de l'administration générale, départementale et communale, de l'enseignement et des Beaux-arts et de la législation civile et criminelle, il poursuivit son activité passée et déposa plusieurs propositions de loi, concernant l'élection des sénateurs (1929) et l'épargne publique (1930). Il présentait d'autre part de nouveaux rapports concernant les sinistres survenus dans son département et son essor agricole. En 1929, il développait une interpellation sur la mévente des blés et sur sur les mesures que le Gouvernement comptait prendre « pour sauvegarder la cause nationale de nos agriculteurs ». En 1930 et 1931, il demandait enfin à interpeller sur les mesùres à prendre pour faciliter l'exportation des cerises françaises en Angleterre et sur « le désaccord public et persistant au sein du Cabinet au sujet des agriculteurs et des consommateurs ».
Battu de nouveau par l'ancien député radical-socialiste Claude Ollier en 1932, il retrouva son siège aux élections générales des 26 avril et 3 mai 1936, en battant de justesse, au second tour de scrutin, par 8.008 voix contre 7.511, le candidat soutenu par le Front populaire. Il s'était prononcé alors contre la « politique néfaste et coupable de la précédente législature », contre « l'entrée massive des blés américains », contre les « tracasseries odieuses qui ôtent aux paysans français toute liberté ». Très opposé au Front populaire, il déclarait notamment dans sa profession de foi : « Il faut refaire le front de Stresa en ramenant à nos côtés notre sœur latine, l'Italie ». Il proclamait d'autre part : « Notre pacifisine est intégral et nous n'entendons pas que la France se batte, fût-ce pour sauver le régime soviétique ». Il réclamait enfin un usage plus fréquent du droit de dissolution de la Chambre et s'élevait violemment contre la « triste politique à la Stavisky ».
Au cours de cette dernière législature, il poursuivit sa campagne en faveur des agriculteurs et s'intéressa de très près aux problèmes juridiques. Inscrit au groupe de l'alliance des républicains de gauche et des républicains indépendants, il fit une opposition marquée aux ministères socialistes de Léon Blum.
Elu vice-président de la Chambre le 10 janvier 1939, il conserva ce siège pendant un an.
S'il continua sous l'occupation à jouer un certain rôle dans son département, la position qu'il adopta à l'égard du Gouvernement de Vichy, auquel il accorda les pouvoirs constituants, le 10 juillet 1940, l'écarta définitivement des affaires publiques à la chute de « l'Etat français » et il se consacra uniquement à ses activités au barreau de Lyon, où il plaidait encore en 1960, à l'âge de 85 ans. Il est officier de la Légion d'honneur.
Né le 26 janvier 1875 à Lyon (Rhône)
Décédé le 27 août 1963 à Chaponnay (Isère)
Député de l'Isère de 1902 à 1910, de 1928 à 1932 et de 1936 à 1942
(Voir première partie de la biographie dans le dictionnaire des parlementaires français 1889-1940, tome II, p. 816, 817)
A Vichy, Louis Buyat figure parmi les signataires de la « déclaration du 7 juillet à propos de l'Assemblée nationale ». Ce document, rédigé par Gaston Bergery, dénonce la IIIe République, réclame un ordre nouveau, autoritaire, national et social, demande le retour du gouvernement à Paris et appelle à la réconciliation avec l'Allemagne. C'est dans ce texte qu'apparaît pour la première fois le terme de « collaboration »
Maintenu dans ses fonctions de maire de Chaponnay par le gouvernement de Vichy, nommé membre du Conseil national, Louis Buyat soutient la politique des ministères du maréchal Pétain.
A la Libération, le Jury d'honneur confirme l'inéligibilité qui frappait l'ancien député en raison de son vote du 10 juillet 1940, favorable au projet de loi portant révision constitutionnelle. Dans sa décision du 12 décembre 1945, cette instance mentionne que « par ses propos et ses actes, Louis Buyat a favorisé les desseins de l'ennemi et de l'usurpateur ».
En 1945, il reprend l'exercice de sa profession d'avocat à Lyon.