Arnail, François de Jaucourt

1757 - 1852

Informations générales
  • Né le 14 novembre 1757 à Tournan ( - Généralité de Paris - France)
  • Décédé le 5 février 1852 à Presles (Seine-et-Marne - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Révolution
Législature
Assemblée nationale législative
Mandat
Du 31 août 1791 au 30 juillet 1792
Département
Seine-et-Marne
Groupe
Minorité

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Député en 1791, membre du Tribunat et du Sénat conservateur, ministre, pair de France, né à Tournan (Généralité de Paris, France) le 14 novembre 1757, mort à Presles (Seine-et-Marne) le 5 février 1852, d'une famille protestante, il débuta à seize ans dans la carrière militaire sous les auspices du prince de Condé, protecteur de sa famille; il était colonel du régiment de Condé-dragons en 1792, et avait adopté, non sans réserves, les idées nouvelles.

Membre de la société des Feuillants, président de l'administration du département de Seine-et-Marne, sa résidence politique, il écrivit en cette qualité, le 4 juillet 1791, à l'Assemblée, pour prêter le serment à la fois comme administrateur et comme militaire. Accusé de désertion par la cour et la noblesse, et en particulier par son cousin le marquis de Jaucourt, qui venait d'émigrer avec les princes, il était, d'autre part, taxé de modération excessive par les réformateurs les plus avancés.

Les électeurs du département de Seine-et-Marne l'envoyèrent, le 31 août 1791, le 5e sur 11, par 258 voix (374 votants), siéger à l'Assemblée législative. Jaucourt appartint au comité militaire, où il fit plus d'une fois prévaloir ses avis. En politique, il vota le plus souvent avec la minorité, de même que Dumas, Ramond, Beugnot, etc. Il se montra opposé aux lois contre l'émigration, à l'admission à la barre des soldats de Châteauvieux, envoyés aux galères par suite de l'insurrection de Nancy, et à la formation près Paris d'un camp de 24,000 hommes. Le 20 avril 1792, il essaya de détourner l'Assemblée de déclarer la guerre à l'empereur; plus tard il prit la parole en faveur du ministre de Lessart. Le 6 février 1792, il avait été promu maréchal-de-camp. Son attitude l'ayant rendu des plus suspects à la majorité, il crut devoir, le 30 juillet 1792, donner sa démission de député; il fut remplacé, le 2 novembre de la même année, par M. Segretier.


Cependant la municipalité de Paris s'était emparée de sa personne, tandis que l'Assemblée, sur la motion de Delacroix, refusait de l'entendre à sa barre. Grâce à l'influence de Mme de Staël auprès de Manuel, alors procureur de la commune, Jaucourt put quitter la prison de l'Abbaye, où il était enfermé, la veille même des massacres de septembre. Toujours en péril, il s'éloigna de France avec Talleyrand, comme attaché à la mission française en Angleterre. Après le 21 janvier, il reçut ses passeports du gouvernement anglais, rentra en France, mais se retira presque aussitôt en Suisse, sur les bords du lac de Bienne.

Ce ne fut qu'après le coup d'Etat de brumaire que Jaucourt fut rappelé aux affaires sur la recommandation de Talleyrand. Nommé, le 4 nivôse an VIII, membre du Tribunat, il fut chargé, en avril 1802, avec Lucien Bonaparte, de défendre le Concordat près du Corps législatif, et songea surtout aux intérêts du culte protestant. Président du Tribunat en octobre 1802, il fut appelé, l'année d'après (8 brumaire an XII), à faire partie du Sénat, où il s'associa à la politique et à la fortune de Joseph Bonaparte; en 1804, il devint un des principaux officiers de sa maison, puis il l'accompagna à Naples. Membre de la Légion d'honneur du 4 frimaire an XII, il fut, le 25 prairial suivant, promu commandeur du même ordre. Le 26 avril 1808, Jaucourt fut créé comte de l'Empire, et, en 1810, le Sénat le proposa pour la sénatorerie de Florence, dotée de 30.000 francs de rente; mais l'empereur lui préféra le général Ferino.

A partir de ce moment, Jaucourt montra un éloignement de plus en plus marqué pour la monarchie militaire; il adhéra à la déchéance de Napoléon, accepta en 1814 de faire partie du gouvernement provisoire, fut nommé, le 13 mai de la même année, par Louis XVIII, ministre d'Etat et pair de France, fut chargé, le 4 juin, de l'intérim des Affaires étrangères tandis que Talleyrand représentait la France au Congrès de Vienne, et obtint, le 25 octobre, le brevet de lieutenant général.


Pendant les Cent-Jours, il fut du petit nombre de ceux que Napoléon mit hors la loi : il avait suivi le roi à Gand. Il rentra à Paris avec lui et reçut, le 9 juillet 1815, le portefeuille de la Marine. Mais ayant refusé de signer la reddition de Landau, le cabinet dont il faisait partie fut obligé de se retirer, et fut remplacé (23 septembre) par le ministère Richelieu. Jaucourt fut, d'ailleurs, comblé de faveurs par le pouvoir royal, qui le fit encore membre du conseil privé et grand-croix de la Légion d'honneur. Il se consacra alors à la défense de la religion réformée, tant au sein de la Société Biblique protestante de Paris et de la Société d'encouragement de l'instruction primaire parmi les protestants de France, que dans la Chambre des pairs, où il prit parfois la parole.

Rallié des premiers à la monarchie de juillet, il siégea au Luxembourg jusqu'à la révolution de 1848, qui le rendit à la vie privée. Il se retira alors à sa terre de Presles, et ne mourut qu'après avoir donné son vote à la présidence du prince L. -N. Bonaparte et son approbation au coup d'Etat.