Pierre, Charles, Daniel, Gustave Dechézeaux
1760 - 1794
- Informations générales
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- Né le 8 octobre 1760 à La Flotte ( - Généralité de La Rochelle - France)
- Décédé le 18 janvier 1794 à La Rochelle (Charente-Inférieure - France)
1760 - 1794
Membre de la Convention, né à la Flotte (îGénéralité de La Rochelle, France), le 8 octobre 1760, exécuté à La Rochelle (Charente-Inférieure), le 18 janvier 1794, d'une famille protestante, il était le fils d'un commerçant de île de Ré.
Négociant comme son père et partisan de la Révolution, il fut élu, le 1er septembre 1791, premier député suppléant de la Charente-Intérieure à l'Assemblée législative où il ne fut pas appelé à siéger.
Le 6 septembre 1792, son département l'élut membre de la Convention, le 7e sur 11, par 361 voix sur 591 votants. Là, il s'efforça de se maintenir à égale distance des partis extrêmes; au moment de la mise en jugement de Louis XVI, il protesta (décembre 1792) contre la précipitation apportée à ce jugement, et contre la violation des formes sauvegarde des accusés. La Société populaire de Rochefort, dirigée alors par Niou (Voy. ce nom), fut indignée de ce discours, le fit brûler, et déclara que Dechézeaux avait perdu sa confiance. Au moment du jugement, Dechézeaux rejeta l'appel au peuple, et répondit au 3e appel nominal :
« J'ai déclaré Louis coupable et convaincu de crime de haute trahison nationale, parce que j'en ai la conviction. J'ai rejeté la sanction du jugement par le peuple, parce que j'en ai craint des conséquences funestes pour son bonheur, parce que j'ai voulu que la responsabilité pesât sur ma tête. Je déclare que Louis mérite la mort ; mais, prononçant comme législateur et non comme juge, de grandes considérations politiques, auxquelles sont essentiellement liées peut-être les destinées de la République, me font voter pour la détention jusqu'à ce que les circonstances permettent d'y substituer le bannissement. »
Sa modération l'avait rapproché des Girondins; dans une lettre à ses commettants, il protesta contre la journée du 31 mai 1793, et, le 30 juin suivant, demanda à être arrêté comme ses collègues de l'Aisne qui avaient envoyé à leur département la même protestation. La demande d'arrestation fut écartée. Mais, peu après, Dechézeaux fut dénoncé par un de ses compatriotes, Joseph-Augustin Crassous, à la Société populaire de La Rochelle d'abord, puis à Billaud-Varennes, comme ayant engagé les Rochelais à marcher sur Paris. Billaud-Varennes communiqua la dénonciation à la Convention, le 12 juillet. Dechézeaux se défendit et adressa notamment à la Gazette nationale, la lettre suivante:
« Paris, 23 juillet 1793,
Les papiers publics, citoyen, ont été les échos de la calomnie proférée contre moi dans la séance du 18; ils doivent l'être aussi de la vérité outragée qui demande justice. On a dit que le district de La Rochelle avait résisté à mes insinuations perfides, et, il m'a adressé copie de son adresse, que j'ai remise sur le bureau de la Convention. On a dit que j'y avais prêché le fédéralisme, et c'est moi qui le premier y ai envoyé la constitution... Vous avez peu de place à me donner, et moi peu de temps à disposer. Pour ménager l'un et l'autre, je vous demande l'insertion dans votre prochain numéro des lettres ci-jointes des administrateurs du district de La Rochelle. S'il restait encore quelque doute aux amis de la vérité et de la justice, qu'ils lisent le Bulletin de la Convention nationale du 18; ils y verront que l'homme dénoncé par les administrateurs du district de La Rochelle n'est pas moi, mais bien celui que j'ai démasqué, et dont j'ai dénoncé moi-même les calomnies aux Rochellois, ses concitoyens, qui en ont fait justice.
Votre dévoué, DECHÉZEAUX. »
Les corps administratifs de la Charente-Inférieure protestèrent aussi en sa faveur, et, le 25 juillet, Dechézeaux reçut de la Convention la mention honorable. Après l'acceptation de la Constitution, il donna sa démission de député, le 11 août, et partit de Paris. A la fin du même mois, Lequinio et Laignelot vinrent organiser la Terreur dans son département. A l'instigation de ses ennemis ils le firent arrêter (8 novembre), et conduire à Rochefort dans la prison Saint-Maurice. Malgré les démarches de sa mère et de son frère, et les certificats de civisme délivrés pour les municipalités de île de Ré, il comparut, le 13 janvier 1794, devant le tribunal révolutionnaire, fut condamné à mort et exécuté ; ses biens furent confisqués au profit de la République. On a dit qu'il avait été exécuté par un employé aux vivres de la marine qui, pour venger une ancienne rancune personnelle, avait demandé de remplacer le bourreau à cette occasion. Le 29 germinal an III, sur une pétition de sa veuve, la Convention réhabilita la mémoire de Dechézeaux, et rendit ses biens à sa famille.
Date de mise à jour: octobre 2019