Louis Andrieux

1840 - 1931

Informations générales
  • Né le 24 juillet 1840 à Trévoux (Ain - France)
  • Décédé le 27 août 1931 à Paris (Seine - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
Ire législature
Mandat
Du 20 février 1876 au 25 juin 1877
Département
Rhône
Groupe
Gauche républicaine
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
IIe législature
Mandat
Du 14 octobre 1877 au 5 avril 1879
Département
Rhône
Groupe
Républicain
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
IIe législature
Mandat
Du 6 avril 1879 au 14 octobre 1881
Département
Basses-Alpes
Groupe
Républicain
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 21 août 1881 au 14 octobre 1885
Département
Rhône
Groupe
Union démocratique
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
IVe législature
Mandat
Du 18 octobre 1885 au 14 octobre 1889
Département
Basses-Alpes
Groupe
Républicain
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
Xe législature
Mandat
Du 8 mai 1910 au 31 mai 1914
Département
Basses-Alpes
Groupe
Députés indépendants
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XIe législature
Mandat
Du 10 mai 1914 au 7 décembre 1919
Département
Basses-Alpes
Groupe
Républicains de gauche
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XIIe législature
Mandat
Du 16 novembre 1919 au 31 mai 1924
Département
Basses-Alpes
Groupe
Gauche républicaine démocratique

Mandats au Sénat ou à la Chambre des pairs

Sénateur
du 4 janvier 1903 au 27 janvier 1903

Biographies

Député de Lyon de 1876 à 1885, député des Basses-Alpes depuis 1885, né à Trévoux (Ain) le 24 juillet 1840, il fit son droit à Paris, et rompit de bonne heure avec les traditions de dévouement dynastique de sa famille, en attaquant l'empire dans les petits journaux du quartier latin.

Il se fit inscrire au barreau de Lyon et fut délégué à la fin de 1869 par les radicaux de cette ville à l'anticoncile de Naples. L'année suivante, en juin, après un discours tenu à Lyon dans une réunion publique, il fut poursuivi sous la prévention d'outrages envers l'Empereur, et condamné à 3 mois de prison ; le peuple le délivra le 4 septembre, et Crémieux le nomma d'emblée procureur de la République à Lyon.

La rapidité de son avancement lui valut de nombreuses attaques, et il obtint même contre la Comédie politique, journal lyonnais, une condamnation à 1000 francs de dommages intérêts; un député, M. Paris, se fit, à la Chambre, l'écho de ces animosités, à l'occasion d'une profession de foi dans laquelle M. Andrieux affichait ses opinions de libre penseur. Pour dégager le ministère, M. Andrieux envoya sa démission au garde des sceaux, rentra au barreau, et devint conseiller municipal de Lyon, puis, en novembre 1875, conseiller général du canton de Neuville.

Le 20 février 1876, la 4e circonscription de Lyon l'élut député par 10,545 voix sur 16,705 votants et 21 883 inscrits, contre M. Rappet, qui n'obtint que 5 994 voix; dans cette législature, il s'abstint, le 18 mai 1876, sur la proposition Raspail (amnistie plénière), et vota, le 3 juin, pour le projet de loi sur la collation des grades, le 12 juillet pour le projet de loi sur l'élection des maires, le 4 mai 1877 pour l'ordre du jour Laussedat contre les menées réactionnaires, le 16 mai, parmi les 363, pour le fameux ordre du jour dit « des gauches ». Pendant la campagne électorale qui suivit la dissolution, M. Andrieux attaqua en justice le ministre de l'Intérieur, M. de Fourtou, qui avait fait publier, dans le Bulletin des Communes, affiché dans toutes les communes de France, que les députés avaient pour programme de désorganiser l'armée.

Les élections du 14 octobre suivant le renvoyèrent à la Chambre, par 10 304 voix sur 18 639 votants et 22 860 inscrits, contre le candidat du maréchal de Mac-Mahon, M. de Fenoyl (8 224 voix) ; la vivacité des débats parlementaires amena à cette époque entre M. Paul de Cassagnac et lui (12 mars 1878) un duel qui n'eut pas de suites.

M. Andrieux vota :
- le 20 janvier contre l'ordre du jour de confiance en faveur du ministère Dufaure ;
- le 21 février contre l'amnistie plénière, et pour l'amnistie partielle.

Au commencement d'avril 1879, il accepta de M. Waddington la préfecture de police, et pour bien disposer le Conseil municipal de Paris à son égard, prit avec lui M. Caubet, alors vice-président de ce Conseil, et qui, dit-il dans ses Souvenirs, « avait notamment connu l'acacia » ; il disait aussi « que les fonctions publiques polissent les intransigeances les plus rugueuses. »

Soumis à la réélection par suite de sa nomination à la Préfecture, il obtint, le 6 avril, 9 676 voix sur 11 146 votants et 23 550 inscrits, contre M. Ranc qui eut 110 voix. Cependant l'attitude du Conseil municipal, hostile à l'institution au moins autant qu'au titulaire, trompa ses prévisions ; à l'occasion du rôle des agents dans la manifestation du 23 mai 1880 au Père-Lachaise, sur la tombe des fédérés de 1871, le Conseil vota un ordre du jour de blâme contre le préfet, qui fut en butte en même temps aux attaques systématiques que M. Yves Guyot multiplia dans le journal La Lanterne, sous le pseudonyme d'Un vieux petit employé. En juin 1881, le conseil municipal adressa à M. Andrieux une interpellation à laquelle il refusa de répondre ; le Conseil déclara alors qu'il n'examinerait aucune des questions se rattachant à la préfecture de police. Le gouvernement crut devoir préparer un projet de rattachement du budget de la préfecture de police au budget de l'Etat, mais M. Andrieux combattit lui-même la forme donnée à ce projet et proposa de rendre simplement les dépenses de police obligatoires pour le budget municipal. En désaccord sur ce point avec le ministère, il donna sa démission, le 16 juillet. Quelques semaines auparavant, il avait procédé à l'exécution des décrets contre les congrégations religieuses, et bien que dans ses Souvenirs (I, p. 223), il regrette d'avoir alors conservé ses fonctions, il procéda personnellement avec une certaine rigueur à l'évacuation de la maison des Jésuites, rue de Sèvres.

Pendant cette période, il avait voté à la Chambre :
- le 5 juin 1879, pour l'invalidation de l'élection de Blanqui,
- le 19 juin, pour le retour du Parlement à Paris,
- le 8 février 1881, pour le rétablissement du divorce,
Il s'était abstenu, le 19 mars sur le rétablissement du scrutin de liste (proposition Bardoux).

Avant la fin de la législature, il fut envoyé, par M. de Freycinet, ambassadeur à Madrid, mais n'y resta que 6 mois.

Réélu, le 21 août 1881 par 8 900 voix sur 13 056 votants et 23 949 inscrits, contre MM. Fontan, 1372 voix, Fouilloux 150, et de Fenoyl 255, il quitta l'Espagne en octobre, et revint prendre sa place au Parlement. Le 23 janvier 1882, il fut chargé du rapport sur le projet de révision illimitée de la Constitution (proposition Barodet et Lockroy) ; sur la limitation des pouvoirs et du programme du futur congrès, il lutta avec adresse et ténacité contre Gambetta, dont le ministère fut renversé sur la question spéciale du scrutin de liste (26 janvier 1882).

La révision revint de nouveau à la Chambre, en novembre 1882, sur la proposition Barodet-Andrieux. M. Andrieux demandait qu'on se rapprochât de la constitution américaine ; les débats furent assez vifs. les 5 et 6 mars 1883; devant l'opposition très nette de M. Jules Ferry, président du Conseil, M. Andrieux retira sa proposition « par esprit de gouvernement » ; M. Clemenceau la soutint, mais elle fut repoussée par 303 voix contre 166.

Lors de l'interpellation sur les affaires de Corse (juin 1884), au sujet de la mort d'un journaliste et de paroles imprudentes du ministère public, M. Andrieux monta à la tribune et demanda l'élection d'une commission d'enquête parlementaire; s'il ne l'obtint pas, il parvint cependant à faire avouer au ministère que tout ne s'était pas passé très régulièrement. Le cabinet Jules Ferry eut alors à se défendre souvent contre ses attaques, et put lui reprocher avec quelque amertume de n'avoir plus cet « esprit de gouvernement » dont il s'était vanté auparavant. Le Congrès du mois d'août 1884 vota l'amendement de M. Andrieux sur l'inéligibilité à la présidence de la République des membres des familles ayant régné sur la France, mais repoussa sa demande d'abrogation des lois constitutionnelles (art. 1 à 7) réglant l'élection des sénateurs : pour prévenir toute surprise, on se contenta de « déconstitutionnaliser » ces 7 articles.

M. Andrieux se présenta dans le Rhône à l'élection sénatoriale partielle du 25 janvier 1885, et ne réunit que 16 suffrages sur 735 votants. Il fonda peu après le journal la Ligue où il publia ses piquants souvenirs d'un ancien préfet de police ; le 28 mars il vota contre le cabinet Jules Ferry, à propos des crédits demandés pour le Tonkin.

Aux élections du 18 octobre 1885, il ne se représenta plus dans le Rhône, et fut élu dans les Basses-Alpes, au scrutin de liste, le 1er sur 3, par 16 757 voix sur 26 700 votants et 39 720 inscrits.
Il vota le 6 février 1886, contre la proposition Rochefort sur l'amnistie ;
Il s'abstint, le 8 février, sur la proposition Michelin tendant à rechercher les auteurs responsables de l'expédition du Tonkin ;
Il vota :
- le 20 avril, pour les crédits de Madagascar,
- en juillet, pour le droit sur les céréales,
- le 3 décembre contre l'amendement Colfavru portant suppression des sous-préfets (chute au ministère Freycinet),
- le 10 février 1887, contre l'impôt sur le revenu (amendement Georges Périn),
- le 17 mai, en faveur du ministère Goblet, qui fut renversé.

Lors de la crise présidentielle provoquée, en décembre 1887, par les scandales de l'affaire des décorations (Wilson-Limouzin), M. Andrieux fut de ceux qui engagèrent M. Grévy dans la voie des atermoiements et des résistances, en s'appuyant sur la division des partis, et sur la crainte de voir arriver M. Jules Ferry à la Présidence. M. Andrieux avait même formellement accepté, au cas où M. Grévy se maintiendrait, la présidence au Conseil. M. Grévy ne résista pas, et M. Andrieux ne put que concourir à la chute du ministère Tirard, le 30 mars 1888, en votant l'urgence sur la proposition C. Pelletan, relative à la révision.

Lorsque M. Numa Gilly, député du Gard, avança devant ses électeurs, à Alais, que la « Commission du budget renfermait au moins vingt Wilsons », M. Andrieux refusa de se contenter de la protestation platonique de la Commission insultée, et attaqua personnellement M. Gilly devant la Cour d'assises de Nîmes. Le président des assises ayant refusé d'entendre les députés appelés comme témoins pour faire la preuve. M. Andrieux, qui comptait sur un débat contradictoire, retira sa plainte, et M. Gilly fut acquitté.

M. Andrieux n'a point considéré, on le voit, le mandat parlementaire comme une sinécure ; rebelle par tempérament à toute discipline de groupe, il se bat seul, en enfant perdu du parti républicain, incapable de résister au plaisir de tirer tantôt sur ses amis, tantôt sur ses adversaires, et toujours prompt à en faire naître l'occasion.

Dans la dernière législature, il s'est abstenu le 11 février 1889 sur le rétablissement du scrutin d'arrondissement, et le 14 février, sur l'ajournement indéfini de la révision (chute du ministère Floquet) ; il a voté :
- le 14 mars, contre la demande de poursuites contre les députés membres de la Ligue des Patriotes,
- le 2 avril, contre la proposition Lisbonne restrictive de la liberté de la presse,
- le 4 avril, contre la demande en autorisation de poursuites contre le général Boulanger.

Le 13 avril 1889 dans une réunion publique tenue à Paris, rue des Martyrs, M. Andrieux a posé sa candidature républicaine révisionniste dans le 9e arrondissement, aux élections générales d'octobre 1889, tout en déclarant qu'il n'était pas boulangiste dans le sens étroit du mot, et que ces opinions étaient les siennes longtemps avant que le général Boulanger en eût fait la base de son programme.


Né à Trévoux (Ain) le 24 juillet 1840, mort à Paris le 27 août 1931.

Député du Rhône de 1876 à 1885 puis des Basses-Alpes de 1885 à 1889


Sénateur invalidé des Basses-Alpes en 1903

puis à nouveau Député des Basses-Alpes de 1910 à 1924.

(Voir 1re partie de la biographie dans ROBERT et COUGNY, Dictionnaire des Parlementaires, t. 1, p. 66.)

En 1889, il se fit journaliste pour combattre le Ministère Floquet, et acheta dans ce but la Petite République française. Il profita de la notoriété que lui valaient la direction de ce journal et les articles qu'il y écrivait pour poser sa candidature aux élections générales du 22 septembre 1889 dans la 2e circonscription du 2e arrondissement de Paris. Il s'intitulait Républicain révisionniste. Il fut battu au 2e tour par M. Georges Berger par 6.127 voix contre 4.882, alors qu'au premier tour il avait obtenu 5.045 voix contre 2 957 à son adversaire. Un siège étant devenu vacant dans le Cantal, circonscription de Saint-Flour, le 31 août 1890 après la mort de M. Amagat, républicain indépendant, qui était son ami, Louis Andrieux brigua ce siège. Il fut battu par M. Mary Raynaud, banquier, qui obtint 4 026 voix contre 2 807 à lui-même. Mais ce même siège redevint vacant le 4 janvier 1891 par suite de l'invalidation de M. Mary Raynaud. Il posa à nouveau sa candidature, mais aboutit une fois encore à un échec, n'obtenant que 3 466 voix contre 6.353 à M. Armand Bory, son adversaire.

Il revint au barreau de Paris où il reprit ses plaidoiries marquées d'une éloquence incisive et spirituelle qui faisait de lui à la fois un parleur séduisant et un adversaire redoutable.

Aux élections législatives du 8 mai 1898, il tenta encore sa chance dans les Basses-Alpes, circonscription de Digne, mais fut battu au 2e tour de scrutin par M. Paul Roux, par 4.660 voix contre 6.074 à son concurrent.

Aux élections générales du 27 avril 1902, il fit acte de candidature dans la 1re circonscription du 16e arrondissement de Paris, mais s'étant désisté après le 1er tour, il n'obtint que 38 voix.

Le 4 janvier 1903 il fut proclamé Sénateur des Basses-Alpes. Mais son élection fut invalidée le 27 janvier en raison d'une affiche électorale dont les termes avaient pu créer une confusion dans l'esprit des électeurs. En réalité il avait, dans ses souvenirs, raconté avec ironie comment il avait été initié dans la secte maçonnique et avait ainsi dressé les francs-maçons contre lui. Il renouvela cette même tentative le 22 février 1903 dans ce même département, mais échoua par 190 voix contre 218 à son concurrent M. Defarge.

Aux élections législatives de 1910, il se présenta au 2e tour de scrutin, le 8 mai, dans la circonscription de Forcalquier (Basses-Alpes) et fut élu par 2 926 voix contre 2 905 à M. Isoard, Député sortant, il fut encore réélu par cette même circonscription aux élections générales du 10 mai 1914 (2e tour) par 3 591 voix contre 3 178 à M. Isoard. Durant ces deux législatures il siégea aux Commissions des affaires extérieures, des protectorats et des colonies, et des pensions civiles (1910) ; à celle de la législation fiscale (1912) ; aux Commissions des programmes électoraux, de l'enseignement et des beaux-arts (1914) ; aux Commissions du suffrage universel et de l'administration générale (1917). Il n'est guère de sujet auquel il ne s'intéressa. Au cours de la discussion du budget de l'Instruction publique, en 1911, il s'éleva contre les interventions parlementaires dans les nominations et les mutations du personnel de l'enseignement primaire, dans le but de situer l'école laïque au-dessus de toutes les intrigues. En 1912, pendant la discussion d'une loi électorale tendant à établir le scrutin de liste avec représentation proportionnelle il défendit avec opiniâtreté le scrutin d'arrondissement dont il était le partisan convaincu. Au cours des années 1912 et 1913 il participa à la discussion d'interpellations sur le Maroc, sur certaines violations de la liberté individuelle commises par la police et sur les mesures nécessaires prises à l'égard de M. Touny, Directeur de la police municipale à Paris. La politique générale du Gouvernement ne le laissa pas indifférent, non plus que le prélèvement progressif sur le produit des jeux. Il s'intéressa également au budget de l'Agriculture et de l'Intérieur, à la durée du service militaire et à la fréquentation scolaire.

Pendant la guerre 1914-1918, il participa à la discussion du projet de loi sur l'interdiction de l'absinthe et à celui relatif au fonctionnement des justices de paix pendant la guerre. En 1915 et 1916, il se montra hostile à la censure; en 1917, il se préoccupa du déficit de certaines récoltes et de la mauvaise répartition des taxations qui frappaient les producteurs; il présida la Commission chargée d'examiner les demandes d'autorisations de poursuites contre MM. Caillaux et Loustalot et siégea à la Commission chargée en 1918 d'examiner les pièces concernant la condamnation prononcée contre M. Malvy, Député du Lot; en 1918, il demanda le relèvement des suppléments temporaires de certains traitements et de certaines soldes; il plaida la cause des retraités de l'Etat pour leur faire obtenir une indemnité de vie chère ; il dénonça la crise des transports afin qu'on y remédiât. Après la guerre il interpella le Gouvernement en 1919 sur le retrait des prisonniers de guerre employés aux travaux agricoles de l'intérieur, fit connaître son point de vue sur la démobilisation, demanda la levée de l'état de siège et l'abrogation de la censure.

Aux élections générales du 16 novembre 1919 (scrutin de liste départemental) il fut réélu Député des Basses-Alpes au quotient électoral (seul représentant de la liste d'Union républicaine) par 5.069 voix sur 22.233 votants. Membre de la Commission de la législation civile et criminelle, de la Commission du suffrage universel, de la Commission de l'administration générale, départementale et communale, et de la Commission du travail, il s'intéressa tout particulièrement aux majorations des pensions civiles et militaires, aux impôts directs et indirects, à la suppression de tribunaux et des conseils de préfecture et au vote d'une loi d'amnistie. Le budget de l'instruction publique et des beaux-arts ne le laissa pas indifférent, non plus que celui de l'agriculture.

A la mort de M. Jules Siegfried le 26 septembre 1922, Louis Andrieux devint le Doyen d'âge de la Chambre. Il était alors âgé de 83 ans. Il inaugura en cette qualité les années politiques 1923 et 1924 par deux discours qui sont restés un modèle du genre et qui furent écoutés par un auditoire défèrent et charmé. Il se complaisait à rappeler que le premier jour de la première législature de la IIIe République il était venu s'asseoir pour la première fois sur les bancs de l'Assemblée et évoquait avec sensibilité et émotion le souvenir des collègues qu'il avait connus à cette époque, presque tous disparus dans la chute des ans : Thiers, Jules Grévy, Sadi Carnot, etc. Il lacérait, de son ironie mordante, la représentation proportionnelle qu'il avait en horreur « loi nouvelle, par la grâce de laquelle il ne sera plus nécessaire d'avoir la majorité pour être élu ». Il revendiquait enfin dans le pays des droits de l'homme, les droits égaux de la femme : « Donnons aux mères, aux sœurs, aux épouses, à celles qui aiment, à celles qui pleurent, leur part légitime de décision. » Il plaidait avec la même bonne humeur la cause du contribuable regrettant « les quatre vieilles, ses vénérables contemporaines » et celle du justiciable qui veut conserver sa « garnison judiciaire ». Avant la fin de la législature il prit part encore à quelques débats, notamment aux interpellations sur la politique intérieure du Gouvernement. Sa dernière intervention porte sur la réforme du régime des pensions civiles et militaires.

Aux élections générales du 11 mai 1924, la liste des Républicains de gauche dont il était la tête, fut battue, et il se retira de la vie parlementaire.

Mais si cette époque marque la fin de son activité politique, son activité intellectuelle n'en continua pas moins à s'exercer intensément dans d'autres domaines. C'est ainsi qu'en 1927, à 87 ans, il soutint à la Sorbonne une thèse de doctorat ès lettres sur Alphonse Rabbe et sur Pierre Gassendi, prévôt de l'Eglise de Digne. Cette soutenance avait attiré une foule considérable au premier rang de laquelle on remarquait son vieil ami Georges Clemenceau. Il obtint la mention honorable.

En plus de cette thèse, il est l'auteur des ouvrages suivants :
- La commune à Lyon (1906) ;
- À travers la République, mémoires (1926) ;
- Sous le second Empire ;
- Le Colonel Réguis, Député des Basses-Alpes, doyen du Corps législatif ;
- Une grande dame sous le règne du Bien-Aimé (Mme du Châtelet) (1930)

Il mourut à Paris le 27 août 1931, à 91 ans. Il avait été fait chevalier de la Légion d'honneur le 2 août 1882.

Date de mise à jour: juin 2014