Joseph Garibaldi
1807 - 1882
- Informations générales
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- Né le 4 juillet 1807 à Nice (Alpes-Maritimes - France)
- Décédé le 2 juin 1882 à Caprera (Italie)
1807 - 1882
Représentant en 1871, né à Nice (Alpes-Maritimes) le 4 juillet 1807, mort à Caprera (Italie) le 2 juin 1882, il entra de bonne heure dans la marine sarde, et impliqué, en 1834, dans une conspiration qui devait éclater à Gênes, put se réfugier en France.
Il prit alors du service sur la flotte du bey de Tunis comme capitaine de frégate, démissionna au bout de quelques mois, partit pour Montevideo devint commandant d'un corps franc dans la guerre contre Rosas, et, à la nouvelle de la révolution de 1848, revint en Italie. Il se distingua dans la guerre du Piémont contre l'Autriche, fut appelé à Rome en 1849, après la proclamation de la République, comme général de division, battit les troupes françaises sous les murs de cette ville le 30 avril, mit en déroute un corps napolitain à Palestrina le 9 mai, et eut une grande part à la victoire de Velletri, dix jours après. Il défendit Rome contre l'armée française (juin 1849), et, quand il vit la résistance inutile, il sortit de la ville à travers les lignes ennemies (juillet) et put s'embarquer à Gênes et gagner les Etats-Unis. Il avait fait preuve dans toute cette campagne de la plus grande bravoure personnelle.
Il passa en Californie en 1852, partit pour la Chine comme capitaine d'un bâtiment péruvien, vint à Lima (août suivant) où on le nomma général en chef de l'armée, et se rembarqua pour l'Italie en 1854.
Il croyait la guerre d'Orient favorable à un soulèvement de l'Italie ; les événements trompèrent ses prévisions, et Garibaldi s'occupa jusqu'en 1858 d'agriculture dans une petite propriété qu'il avait achetée dans l'île de Caprera. Il se rallia alors au gouvernement de Victor-Emmanuel, et fut chargé officiellement, en 1859, de recruter un corps de volontaires pour la lutte contre l'Autriche. « Les chasseurs des Alpes » opérèrent à leur guise au nord de la Lombardie, et furent arrêtés par la paix imprévue de Villafranca. Garibaldi offrit alors son épée aux Etats italiens qui aspiraient à l'union avec le Piémont ; il alla à Livourne, à Florence, dans les Romagnes, pour soutenir et activer le mouvement, forma la ligue dite « la Nation armée », et, fort de l'assentiment tacite du roi de Piémont, finit par envahir les Etats de l'Eglise (novembre 1859). Le gouvernement français adressa à Turin de vives protestations : Garibaldi céda et se retira à Caprera.
Au printemps suivant, après un second mariage (25 mars 1860) avec la fille du comte Raimondi, mariage qui fut suivi d'une brusque séparation, Garibaldi organisa la célèbre expédition des Mille, pour soutenir les Siciliens révoltés contre le roi de Naples. Son armée, forte en réalité de 4,000 hommes, s'empara successivement de Salémi, de Calatafimi, de Palerme (20 mai), de Messine (24 juillet), passa sur la terre ferme, et, grossie de nombreux renforts, prit Reggio (18 août), Palmi (26 août), et entra, le 7 septembre, dans Naples abandonnée par François II, aux cris de : « Vive Victor-Emmanuel vive Garibaldi! » Garibaldi proclama aussitôt Victor-Emmanuel roi d'Italie, installa un gouvernement provisoire, et, à la tête de 14,000 hommes, se mit à la poursuite de l'armée napolitaine, qu'il défit complètement à la bataille du Volturne. Le 7 novembre, Victor-Emmanuel faisait à Naples une entrée triomphale, ayant à côté de lui, dans sa voiture, Garibaldi vêtu de sa blouse américaine rouge et coiffé d'un feutre gris. Ce dernier fut nommé général d'armée, refusa « la quincaillerie royale » des décorations qu'on lui offrit et n'emporta à Caprera que la croix de diamants que lui donnèrent ses premiers compagnons de l'expédition en Sicile.
Elu, au printemps de 1861, député de Naples au parlement italien, il y combattit la politique de Cavour (18 avril), à qui il ne pardonnait pas la cession de Nice à la France, puis il revint à Caprera, refusa (septembre) le commandement de l'armée fédérale aux Etats-Unis, et, en juillet 1862, donna le signal de la guerre contre les « prêtres de Rome et contre les audacieux qui les soutiennent et qui ont oublié que cette terre est la terre de Masaniello et des Vêpres siciliennes ». Le gouvernement de Turin arma contre « cette rébellion ». Garibaldi, qui était passé avec ses soldats de la Sicile dans la Péninsule, campa à Aspromonte en Calabre, où, battu par les troupes royales, et blessé d'une balle au pied droit, il fut pris et conduit au fort de Varignano près de la Spezzia. Le 5 oc tobre, le roi rendit un décret d'amnistie, que Garibaldi refusa d'accepter. Sa blessure lui causa de longues souffrances et on en vint même à parler d'une amputation; mais la balle fut extraite par le docteur Nélaton, et le blessé put être transporté à Caprera (20 décembre), où il fut obligé, pendant près de huit mois, de se servir de béquilles.
Réélu député, le 31 janvier 1864, à Naples et à Casal Maggiore, il fut admis comme député de Naples, fit un voyage quasi triomphal en Angleterre (avril) et y reçut la visite du prince de Galles. En 1866, lors de la guerre de la Prusse et de l'Italie contre l'Autriche, il fut nommé officiellement (6 mai) commandant des volontaires, réunit 40 bataillons, fut légèrement blessé (4 juillet) à Monte-Snello, et, après une campagne sans éclat, la paix étant conclue, donna sa démission (septembre). Un voyage qu'il fit à travers l'Italie, en février 1867, prépara une nouvelle expédition contre les Etats pontificaux; il assista pourtant en septembre au congrès de la paix à Genève; mais ses propositions, où dominaient les attaques contre le catholicisme, hâtèrent la clôture du congrès. En revenant de Genève, il prit ouvertement la direction d'une campagne armée contre Rome. Le gouvernement le fit arrêter (octobre) et conduire dans la citadelle d'Alexandrie. Il s'échappa, se mit à la tête de ses volontaires, et, le 26 octobre, marcha sur Rome. Arrêté, le 8 novembre, à Mentana, par les troupes pontificales, appuyées par le corps d'occupation français, il fut battu, et fut arrêté le lendemain à Figlini par les troupes italiennes qui le conduisirent à Varignano. Des raisons de santé engagèrent le gouvernement à le faire transporter à Caprera (25 novembre), où une nouvelle amnistie lui rendit son entière liberté (5 décembre). Garibaldi parut dès lors se résigner au repos. Il donna sa démission de député (octobre 1868), refusa (décembre) le commandement des volontaires grecs, et se contenta d'écrire des lettres politiques, de plus en plus hostiles à Napoléon III et à la papauté.
La révolution du 4 septembre 1870 en France le réveilla : « Ce qui reste de moi est à votre service, écrivit-il au gouvernement de la Défense nationale, disposez. » Accueilli le 7 octobre, à Marseille, avec enthousiasme, il alla prendre à Tours les instructions du gouvernement, et établit son quartier général à Dole (Jura); ses deux fils et un certain nombre de volontaires italiens l'accompagnaient. Il chassa les Prussiens de Châtillon (19 novembre), les repoussa à Beaune (le 26), entra à Dijon le 2 janvier 1871, et s'y défendit avec succès, le 21 et le 22. L'armistice du 1er février l'obligea à quitter la ville. Plusieurs départements le choisirent alors comme candidat à l'Assemblée nationale, et il fut élu représentant, le 8 février 1871: dans les Alpes-Maritimes, le 1er sur 4, par 20,679 voix sur 29,928 votants et 61,367 inscrits; dans la Côte-d'Or, le 5e sur 8, par 40,220 voix sur 73,216 votants et 116,813 inscrits; dans la Seine, le 4e sur 43, par 200,239 voix sur 328,970 votants et 547,858 inscrits; à Alger, le 17 février, par 10,680 voix sur 32,657 inscrits. Il obtint encore, sans être élu : dans le Rhône, 50,196 voix sur 117,523 votants, et dans Saône-et-Loire, 46,740 voix.
Il vint siéger, mais pour donner immédiatement sa démission qui fut acceptée. Il voulut cependant prendre la parole au moment où le président venait de lever la séance; on refusa de l'entendre : il donna alors sa démission de commandant de l'armée des Vosges. Au moment du rapport sur l'élection d'Alger, un membre de la droite ayant dit que Garibaldi ne pouvait pas être membre d'une assemblée française, Victor Hugo protesta contre cette opinion, et ajouta que Garibaldi « était le seul général qui n'avait pas été vaincu ». De bruyantes protestations s'élevèrent, et Victor Hugo donna à son tour sa démission. Garibaldi était retourné à Caprera. Au moment de l'insurrection communaliste du 18 mars, les membres du comité central lui offrirent la présidence du gouvernement; il refusa.
Elu député au parlement italien dans deux circonscriptions de Rome (octobre 1874), il vint dans cette ville, le 24 janvier 1875, y prêta le serment exigé, alla voir Victor-Emmanuel au Quirinal, et fut partout acclamé. Il présenta à la Chambre italienne des projets de régularisation du cours du Tibre, de canalisation de l'Arno, d'assainissement de la campagne de Rome, de chemins de fer, etc. Mais sa réconciliation avec le pouvoir dura peu, et, à l'occasion de l'anniversaire de la République romaine de 1849, il attaqua violemment le ministère Minghetti (février 1876). En avril suivant, il se déclara prêt à seconder le cabinet Depretis, et fut réélu député de Rome en novembre. Il présida à Palerme, en 1880, les fêtes anniversaires des Vêpres siciliennes, et, en mai 1881, à la nouvelle du traité qui établissait la protectorat français en Tunisie, il écrivit au journal la Riforma « qu'il avait perdu sa bonne opinion sur la République française, et que la conduite de la France forcerait l'Italie à se souvenir que Nice et la Corse n'étaient pas plus françaises que lui n'était Tartare. » Il mourut un an après.
A la nouvelle de sa mort (7 juin 1882), la Chambre des députés française leva la séance en signe de deuil; le conseil municipal de Paris envoya une délégation à ses obsèques.
On a de Garibaldi des romans historiques: Cantoni le Volontaire (1870); la Domination du Moine (1873); et, sous le titre les Mille, le récit de l'expédition de Sicile (1875).