François Camel
1893 - 1941
Mort pour la France
* : Un décret de juillet 1939 a prorogé jusqu'au 31 mai 1942 le mandat des députés élus en mai 1936
Né le 3 mai 1893 à Esplas de Sérou (Ariège), mort le 1er mai 1941 à Lasserre (Ariège).
Député de l'Ariège de 1936 à 1941.
Né au hameau de Camel, dans la commune ariégeoise d'Esplas de Sérou, d'une vieille famille paysanne, François Camel fit des études primaires qui devaient le conduire à l'école normale de Foix, d'où il sortit en 1912 pour exercer la profession d'instituteur dans diverses communes de son département.
Il n'avait que 21 ans lorsqu'éclata la guerre de 1914, qu'il fit d'abord comme simple soldat (il participa comme tel à la Bataille de la Marne), puis comme lieutenant au 17e bataillon de Chasseurs alpins. A la fin du conflit, il était titulaire de quatre citations et Chevalier de la Légion d'Honneur.
Il reprit alors ses fonctions enseignantes et adhéra, en 1922, au parti socialiste, au sein duquel il milita activement. Membre du mouvement des anciens combattants de l'Ariège, dont il fut vice-président, il le quitta en 1932 en raison d'un désaccord sur les objectifs politiques de ses nouveaux dirigeants.
Il était directeur d'école, lorsque, sur les objurgations de ses amis politiques, il se lança à son corps .défendant dans la lutte électorale, afin de reconquérir, pour le parti socialiste, un siège de député perdu en 1932 par le maire de Saint-Girons, Pierre Mazaud, dont il était l'ami et qui l'encouragea activement pendant sa campagne électorale. Il fut élu dans la circonscription de Saint-Girons, aux élections législatives des 26 avril et 3 mai 1936, en battant, au second tour de scrutin, grâce au soutien du Front populaire, le député sortant républicain socialiste Pierre Vidal, par 7.343 voix contre 6.854.
Dans sa profession de foi il avait souligné la nécessité de « barrer la route aux hitlériens de France ... et de lutter contre les oligarchies financières des grands magnats de l'industrie, du commerce et de l'agriculture, dirigés par le comité des forges et des marchands de canons exerçant sur le peuple une dictature de fait ».
Inscrit au groupe socialiste, il fit partie des Commissions d'assurance et de prévoyance sociales, de la législation civile et criminelle, des pensions civiles et militaires et des douanes et conventions commerciales. Par la suite, il fut nommé membre d'une commission chargée d'établir annuellement un rapport sur l'application de la loi réservant des emplois aux anciens militaires pensionnés pour infirmités de guerre ainsi qu'aux veuves et orphelins de guerre.
11 présenta de nombreux rapports sur les pensions et les retraites des anciens combattants (1937), sur les colonies de vacances (1937), sur l'assistance aux vieillards, aux infirmes et aux incurables et sur le recrutement des juges de paix et la réduction de leur délai d'avancement (1939).
Il intervint d'autre part dans les débats sur les budgets des exercices 1936, 1938, 1939 et 1940 et sur le reboisement, avec l'aide de l'Etat, des terres incultes. En 1937, au cours de la discussion concernant le projet et la proposition de loi portant amnistie, il déposa un amendement tendant à l'interdiction de laisser figurer dans les dossiers la trace des faits amnistiés. La même année il interpella le Gouvernement sur les dommages causés par les inondations dans son département. En 1940, il fut élu par ses collègues dont il avait gagné l'estime générale, Secrétaire de la Chambre des Députés.
Il avait créé en outre le groupe de défense laïque de la Chambre, qu'il présidait, et il consacra divers articles, notamment dans le Midi socialiste et Le Populaire, à la défense de l'école laïque et de l'idéal républicain. Pendant la guerre de 1940, membre de la Commission de l'armée, il fournit des rapports très remarqués, sur les missions qu'il effectua au front à plusieurs reprises.
Le 10 juillet 1940, il fut un des « 80 » parlementaires qui refusèrent de déléguer les pouvoirs constituants au Maréchal Pétain, et, douze jours plus tard, il lançait dans son département un premier appel à la résistance en déclarant aux militants socialistes de l'arrondissement de Saint-Girons: « ... Des jours sombres nous attendent sans doute. Notre devoir est de ne pas désespérer, de ne pas abandonner toute idée de combat pour la résurrection d'un régime de liberté, mais dorénavant, c'est dans le secret que nous devrons parler, que nous devrons maintenir les liens qui nous unissent. Cette prudence, que je crois devoir vous recommander, sera la condition de toute action efficace dans l'avenir. Pour cette action, vous trouverez toujours avec vous, à votre tête, si on me laisse du moins la possibilité d'y être, car, vous vous en doutez, les menaces qui pèsent sur certaines têtes sont lourdes ». Le texte de cet appel devait être publié après la Libération, par les soins du parti socialiste de l'Ariège, dans une brochure intitulée : Ultimes paroles.
Les circonstances ne devaient pas permettre à François Camel de prendre part à l'action qu'il souhaitait : le soir du 1er mai 1941, son corps inanimé était découvert sur la route Lasserre-Sainte-Croix, près de la bicyclette qu'il avait empruntée pour se rendre à la foire de Lasserre. Sa tête baignait dans une flaque de sang. Après autopsie, un rapport du médecin légiste conclut à une mort accidentelle.
Après la guerre, Mme Camel fait rouvrir le dossier d'enquête et se constitue partie civile. L'affaire est soumise au tribunal civil de Saint-Girons. Une reconstitution des faits donne lieu à un rapport qui aboutit aux conclusions ci-après: « ... En résumé, il résulte de nos constatations, de l'examen des lieux et des pièces du dossier, que la seule thèse possible est l'agression sur la route. Le corps fut placé au milieu de la chaussée, peut-être avec l'espoir qu'éventuellement quelque véhicule l'écraserait, faisant ainsi disparaître toutes traces de l'agression, ou, tout simplement pour laisser supposer un accident de bicyclette, version inacceptable ».
Une deuxième autopsie est pratiquée. On relève dans le rapport des experts des éléments troublants. Mais le tribunal de Saint-Girons conclut à un nouveau non-lieu le 23 mars 1948.
Peu de temps après, la Chambre des mises en accusation de Toulouse, saisie à son tour, déboute en ces termes la veuve : « Il est à considérer que la solution de cette question ne présente plus à l'heure actuelle qu'un intérêt tout théorique, puisque l'hypothèse du crime a déjà été envisagée . et que toutes les recherches possibles effectuées pour en découvrir les auteurs sont demeurées vaines ».
Cet attendu fit l'objet d'une lettre de M. Emile Kahn, Président de la Ligue des Droits de l'Homme, au Ministre de la Justice, demandant la reprise de l'instruction « pour que soit définitivement tranchée la question de savoir si, M. François Camel a été lâchement assassiné, comme en sont convaincus sa veuve, son fils, ses amis et avec eux les trois experts auteurs du rapport cité plus haut, ou s'il a été victime d'un accident, comme les médecins experts en ont hasardé l'hypothèse ». Cet appel n'eut pas de suite.
Au moment de la mort de François Camel, sa veuve reçut de nombreux témoignages de sympathie de ceux qui l'avaient connu et estimé. Parmi les télégrammes de Marx Dormoy, Edouard Herriot, Vincent Auriol, Suzanne Buisson et Léon Blum, il faut citer celui de ce dernier : « Pour nous la perte est irréparable. Nous n'avions pas de meilleur et de plus sûr compagnon. Peut-être n'ai-je jamais connu à personne ce mélange parfait d'intrépidité et de raison, de fermeté et de modestie ».
Et le « Livre d'or des 80 » tint à lui rendre à son tour cet hommage : « François Camel laisse le souvenir d'un des plus nobles martyrs de la Patrie et de la République ».
Né le 3 mai 1893 à Esplas-de-Sérou (Ariège)
Décédé, « mort pour la France », le 1er mai 1941 à Lasserre (Ariège)
Député de l'Ariège de 1936 à 1941
(Voir première partie de la biographie dans le dictionnaire des parlementaires français 1889-1940, tome III, p. 850, 851)
Douze jours après avoir refusé les pouvoirs constituants au maréchal Pétain, François Camel lance un premier appel à la Résistance en déclarant aux militants socialistes de sa circonscription : « (...) Des jours sombres nous attendent sans doute. Notre devoir est de ne pas désespérer, de ne pas abandonner toute idée de combat pour la résurrection d'un régime de liberté mais, dorénavant, c'est dans le secret que nous devrons parler, que nous devrons maintenir les liens qui nous unissent. Cette prudence, que je crois devoir vous recommander, sera la condition de toute action efficace dans l'avenir. Pour cette action, vous me trouverez toujours avec vous, à votre tête, si on me laisse du moins la possibilité d'y être car, vous vous en doutez, les menaces qui pèsent sur certaines têtes sont lourdes ». Le texte de cet appel devait être publié après la Libération, par les soins du parti socialiste de l'Ariège, dans une brochure intitulée Ultimes paroles.
Les circonstances ne devaient pas permettre à François Camel de prendre part à l'action qu'il souhaitait : le soir du 1er mai 1941, son corps inanimé est découvert sur la route Lasserre-Sainte-Croix, près de la bicyclette qu'il avait empruntée pour se rendre à la foire de Lasserre. Sa tête baignait dans une flaque de sang. Après autopsie, un rapport du médecin légiste conclut à une mort accidentelle.
Au lendemain de la guerre, Mme Camel fait rouvrir le dossier d'enquête. Une reconstitution des faits donne lieu à un rapport qui aboutit aux conclusions ci-après : « En résumé, il résulte de nos constatations, de l'examen des lieux et des pièces du dossier, que la seule thèse possible est l'agression sur la route » .
Une deuxième autopsie est pratiquée. On relève dans le rapport des experts des éléments troublants. Mais le tribunal de Saint-Girons conclut à un nouveau non-lieu le 23 mars 1948.
Peu de temps après, la Chambre des mises en accusation de la cour de Toulouse déboute la veuve : « Il est à considérer que la solution de cette question ne présente plus à l'heure actuelle qu'un intérêt tout théorique puisque l'hypothèse du crime a déjà été envisagée (...) et que toutes les recherches possibles effectuées pour en découvrir les auteurs sont demeurées vaines ».
Au moment de la mort de François Camel sa femme reçut de nombreux témoignages de sympathie. Parmi les télégrammes de Marx Dormoy, Edouard Herriot, Vincent Auriol, Suzanne Buisson et Léon Blum, il faut citer celui de ce dernier : « Pour nous la perte est irréparable. Nous n'avions pas de meilleur et de plus sûr compagnon. Peut-être n'ai-je jamais connu à personne ce mélange parfait d'intrépidité et de raison, de fermeté et de modestie. »
Le Livre d'or des 80 lui rendit cet hommage : « François Camel laisse le souvenir d'un des plus nobles martyrs de la Patrie et de la République ».
Par décision du 10 avril 1990, Mme Camel alors âgée de 97 ans, a enfin vu ses efforts récompensés. En effet, « considérant qu'il est établi que François Camel a été assassiné le 1er mai 1941 à Lasserre alors qu'il effectuait une mission dans le cadre d'activités liées à la création d'un mouvement de Résistance », le secrétaire d'Etat aux Anciens combattants a décidé de lui attribuer la mention « mort pour la France ».