Armand, Constant Tellier

1755 - 1795

Informations générales
  • Né le 23 janvier 1755 à Laon ( - Généralité de Soissons France)
  • Décédé le 17 septembre 1795 à Chartres (Eure-et-Loir - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Révolution
Législature
Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 18 mars 1789 au 30 septembre 1791
Baillage
Melun (Type : Bailliage)
Groupe
Tiers-Etat
Régime politique
Révolution
Législature
Convention nationale
Mandat
Du 21 septembre 1792 au 17 septembre 1795
Département
Seine-et-Marne
Groupe
Montagne

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Député en 1789, membre de la Convention, né à Laon (Généralité de Soissons) le 23 janvier 1755, mort à Chartres (Eure-et-Loir) le 17 septembre 1795, « fils d'Adrien Tellier, maître de poste, et de Marie-Anne Truy », il était avocat au Mans avant la Révolution.

Le 18 mars 1789, il fut élu par le bailliage de Melun et Moret, avec 120 voix (246 votants) député du tiers aux Etats généraux. Il prêta le serment du Jeu de paume, fit partie du comité de judicature, présenta un rapport sur le classement des procureurs, et parla sur quelques questions analogues.

Elu député de Seine-et-Marne à la Convention, le 6 septembre 1792, le 3e sur 11, par 275 voix (294 votants), il répondit au 2e appel nominal : « L'assemblée électorale de mon département a délibéré, à la presque unanimité, qu'il serait fait un canon du calibre de la tête de Louis XVI pour l'envoyer aux ennemis, s'ils pénétraient dans le territoire français. Je maintiens que mes commettants n'ont pas manifesté le vœu de faire juger Louis XVI par un jury, puisque la proposition qui en avait été faite par un électeur n'a pas été arrêtée par l'assemblée. Obligé de choisir entre le salut du peuple et l'exercice momentané de la souveraineté, je dis que je préfère le premier pour lui assurer la jouissance de tous les deux. En conséquence, je dis non. » Et au 3e appel nominal: « Vous avez déclaré Louis coupable de conspiration. Je vote pour la mort. »

En mission à Lyon, il rendit compte à l'Assemblée des dispositions des habitants de cette ville, et fut envoyé quelque temps après dans le département d'Eure-et-Loir pour y favoriser la circulation des grains, et étouffer un commencement de révolte royaliste qui s'était manifesté dans le district de Châteauneuf : des proclamations séditieuses avaient été lancées, les arbres de la liberté avaient été coupés. Tellier se rendit à Chartres, essaya de prévenir par la conciliation les désordres dont cette ville était menacée; mais il se trouva entouré par une troupe de gens hostiles et bientôt l'insurrection fut à son comble. On se précipita dans la salle des séances du conseil général, à la maison commune, où se tenait le représentant, on le somma de faire taxer immédiatement le pain à 3 sous la livre, comme à Paris. En même temps des cris de vive le roi! se faisaient entendre. Refusant d'accorder une taxe illégale, le représentant Tellier arrêta seulement que le pain serait délivré au peuple de Chartres par la municipalité à 3 sous la livre, et cela à titre de secours. Cependant les cris et les menaces ne cessaient point. Désespérant alors de mener à bien la mission qui lui avait été confiée et craignant d'être accusé de faiblesse, Tellier, qui était parvenu à grand'peine à regagner son domicile, se donna la mort d'un coup de pistolet (17 septembre 1795). Il expliqua dans la lettre suivante les motifs de son suicide:
« Tellier, représentant du peuple, aux autorités constituées du Chartres.
Chartres, le 1er jour complémentaire de l'an 3e de la République française, une et indivisible.

J'étais venu pour vous servir de tout mon pouvoir; j'espérais quelque succès d'une mission ou je mettais du dévouement et de la franchise; ma récompense a été l'ignominie. Je ne veux pas y survivre ; mais j'ai mieux aimé mourir de ma propre main que de laisser commettre un crime par l'ignorance et l'aveuglement. Je n'aurais jamais consenti un arrêté illégal, si je n'avais senti d'un côté l'impossibilité de l'exécution, et de l'autre le danger de faire répandre beaucoup d'autre sang que le mien; ce soir, je le rétracte formellement.

Je sors de la vie avec un héritage de probité que je transmets à mes enfants, aussi pur que je l'avais reçu de mon respectable père.

Signé : ADRIEN TELLIER. »

Le représentant Ysabeau rendit compte à la Convention de ces événements, et le Moniteur du 23 septembre 1795 publia un éloge de Tellier.