Alexandre Camino
1897 - 1972
CAMINO (Jean-Baptiste, Alexandre)
Né le 27 mars 1897 à Cambo (Basses-Pyrénées)
Décédé le 6 octobre 1972 à Cambo
Député des Basses-Pyrénées de 1958 à 1962
Parmi les députés gaullistes élus en 1958, Alexandre Camino appartient - comme Jean Thomazo, l’autre seul député UNR des Basses-Pyrénées au début de la Vème République - à ces vingt-neuf parlementaires qui ont rompu avec le général de Gaulle, en désaccord sur sa politique algérienne après le discours sur l’autodétermination, en 1959-1960.
Jean-Baptiste Alexandre Camino est né à Cambo (Basses-Pyrénées) le 27 mars 1897. Il est le fils de Pierre Camino, propriétaire et de Marie Dihinx, femme au foyer. Plus tard, lors des élections législatives de 1958, il n’oublie pas de rappeler ses racines basques dans sa profession de foi (« Basque comme vous, je connais vos problèmes, vos espoirs et vos désillusions ») et explique que, s’il était élu, « cela permettrait une triple représentation basque aux Assemblées. Ce ne sera pas de trop pour servir notre chère terre basque ». Combattant de la guerre de 1914-1918, il obtient la croix de guerre. Après des études de médecine, il s’installe dans sa ville natale où il exerce désormais. Marié à Bayonne en 1928 avec Marie Atchoarena, il a deux enfants, Bernadette et Henri-Pierre. Devenu veuf, il épouse, en 1935, la sœur jumelle de sa femme, Berthe et le couple a une fille, Marie-Claire. Ce n’est, semble-t-il, qu’au lendemain de la seconde guerre mondiale, qu’Alexandre Camino s’engage dans la vie politique, non pas au RPF mais dans la plus puissante des deux familles politiques dominantes des Basses-Pyrénées sous la IVème République, celle des indépendants. Cependant, la porosité est grande entre milieux indépendants et gaullistes au Pays basque et Camino, comme le sénateur Jean Biatarana voire le député Guy Petit, n’est pas éloigné des réseaux gaullistes au début des années 1950. La réussite est immédiate : candidat pour la première fois en 1951 aux élections cantonales, il est élu conseiller général d’Espelette et les électeurs lui renouvellent leur confiance en avril 1958. Au-delà de la faveur portée par les Basco-Béarnais au CNIP, le docteur Camino bénéficie de l’assise sociale et professionnelle fournie par des décennies de médecine. Il le rappelle dans sa profession de foi de novembre 1958 : « en qualité de médecin qui me fait pénétrer dans toutes sortes de foyers, je connais mieux que tout autre, les différents problèmes domestiques… » et il assure les électeurs qu’il les représentera avec sa « conscience de médecin ».
Son investiture gaulliste est, selon lui, le fruit de son soutien au retour du général de Gaulle en 1958 qu’il explique par la guerre d’Algérie : « sur un plan plus dramatique et plus actuel, je suis encore plus près de vous, écrit-il aux électeurs, en novembre 1958. La France a été attaquée dans une guerre qu’elle n’a pas voulue ; la paix lui a été refusée. C’est dans cette douloureuse conjoncture d’un peuple pacifique et fort que vos enfants combattent sur une terre française lointaine. Un homme au passé glorieux est sorti de sa longue retraite, pour se mettre au service de la Patrie. Il a loyalement interrogé les Français : j’ai été parmi les premiers à me lever, à parler, à militer pour lui dire Oui (…). C’est pour mon ralliement de la première heure, à cette France nouvelle, que l’Union pour la République Nouvelle, « UNR » m’a accordé solennellement son investiture ».
Le 23 novembre 1958, Camino est donc candidat UNR dans la 3ème circonscription, celle du Pays basque intérieur, composée de dix cantons dont Espelette, Mauléon, Saint-Jean-Pied-de-Port et Saint-Palais, cœur de l’ancien fief sous la IIIe République du député Jean Ybarnegaray. Il a pour suppléant, René Elissabide, un industriel solidement implanté à Mauléon dont il est le conseiller général depuis 1945, ce qui permet d’équilibrer l’est et l’ouest de la circonscription. Au 1er tour, Camino affronte trois adversaires, Jean Errecart, l’ancien député MRP devenu sénateur en juin 1958, Pierre Etchandy (SFIO) et Jean-Baptiste Lanusse (PCF). Il manque d’assez peu la victoire (18 670 voix soit 47% des exprimés) devançant Errecart (15808 voix) et très loin derrière, le candidat socialiste (4 232 voix) puis le candidat communiste (1 353 voix). Le 30 novembre, il l’emporte sur Errecart par 21 031 voix contre 18 583.
Membre du groupe de l’Union pour la Nouvelle République à l’Assemblée nationale, Camino le quitte le 25 décembre 1960 pour devenir non inscrit puis membre du groupe IPAS (Indépendants et paysans d’action sociale) en avril 1962. Sa rupture avec le gaullisme et son retour à sa famille politique d’origine est due au refus d’accepter l’évolution de la politique algérienne du général de Gaulle. L’activité parlementaire de Camino est plutôt limitée. Il a siégé dans une seule commission, celle des affaires culturelles, familiales et sociales au nom de laquelle il présente deux rapports en 1960 sur les travailleurs handicapés. Il est aussi membre du Conseil supérieur pour le reclassement professionnel et social des travailleurs handicapés. Il n’intervient que quatre fois au cours de la législature dont deux fois sur cette même question puis sur des questions d’intérêt local dont la pelote basque et le tourisme dans les zones rurales et montagnardes des Basses-Pyrénées. Ses votes traduisent sa rupture avec le gaullisme. Si jusqu’en 1960, il soutient sans faille la politique gouvernementale, tel n’est plus le cas ensuite même s’il ne refuse pas tout. Ainsi, le 27 avril 1962, il s’abstient lors du vote sur la déclaration de politique générale du nouveau gouvernement dirigé par Georges Pompidou et le 5 juillet, il s’abstient lors du scrutin sur la levée de l’immunité parlementaire de Georges Bidault, alors que beaucoup d’anciens gaullistes partisans de l’Algérie française et en rupture de ban avec l’UNR votent contre. Il faut attendre le 4 octobre 1962 pour que Camino vote la motion de censure provoquant la chute du gouvernement Pompidou et entre ainsi complètement dans l’opposition.
Devenu maire de Cambo-les-Bains en 1960, Camino ne renonce pas cependant, malgré sa rupture avec le gaullisme, à une fonction nationale et en novembre 1962, il se représente comme indépendant en espérant sauver son siège. Mais il est brutalement désavoué par les électeurs : avec 8274 voix seulement – soit deux fois moins qu’en 1958 -, il est largement devancé par Michel Labèguerie, un autre médecin, soutenu par le centre, qui, sous l’étiquette « Union des intérêts locaux », est élu dès le 1er tour avec 18649 voix (25% des voix), très loin devant les deux autres candidats (4279 voix pour la SFIO, 1343 voix pour le PCF). Cet échec est suivi d’un autre, la perte de la mairie de Cambo en 1965 où Camino est remplacé par le député Labèguerie. Alexandre Camino est mort dans sa ville natale le 6 octobre 1972.