Alexandre, Eugène de Genoude
1792 - 1849
- Informations générales
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- Né le 9 février 1792 à Montelimar (Drôme - France)
- Décédé le 19 avril 1849 à Hyères (Var - France)
1792 - 1849
Député de 1846 à 1848, né à Montélimar (Drôme) le 9 février 1792, mort à Hyères (Var) le 19 avril 1849, il appartenait à une famille bourgeoise originaire de la Savoie. Ses classes terminées au lycée de Grenoble, il vint à Paris, et fut exempté de la conscription par la faveur de M. de Fontanes, qui le nomma régent de sixième dans un collège de Paris.
La lecture de Voltaire, d'Helvétius, etc., lui avait communiqué un fond de scepticisme dont l'étude de Rousseau ne tarda pas à le guérir. Entré au séminaire de Saint-Sulpice, il y fit la connaissance de Lamennais, et vers la même époque (1812) il fréquenta Chateaubriand en sa maison d'Auteuil. Il travaillait alors à une traduction d'Isaïe, qui lui attira les tracasseries de la censure impériale, parce qu'une note relative à Nabuchodonosor change en bête fut interprétée comme une allusion à Napoléon Ier, Il traduisit aussi l'Imitation de Jésus-Christ.
Dès 1814, dans un écrit intitulé : Réflexions sur quelques questions politiques, il exposa les vices d'une charte octroyée, et exprima le vœu que la monarchie s'appuyât sur un « pacte librement consenti ».
« Du peuple, disait-il, dérive la loi, puisque son intérêt doit la former. La liberté ne peut jamais être l'effet que de lois justes. Le roi lui-même est soumis à cet ordre suprême. La loi seule commande et règne. Les droits des rois sont les plus saints de leurs devoirs... »
Pendant les Cent-Jours, il sortit de France par la Suisse et eut à Chambéry une entrevue avec M. de Polignac, auprès duquel il remplit les fonctions d'aide-de-camp. Mais lorsque Louis XVIII fut rétabli sur le trône, Genoude déposa l'épée et reprit ses travaux, Il applaudit aux théories émises par Lamennais dans l'Essai sur l'indifférence, et fut, avec Chateaubriaud, un des fondateurs du journal le Conservateur (1818). Les articles qu'il publia dans cette feuille et dans le Défenseur (1820), qui lui succéda, furent empreints du même caractère de royalisme et de « nationalité ». Puis Genoude mit quelques mois de loisirs a profit pour faire un voyage dans la Vendée avec M. de La Rochejaquelein. Il y connut Mlle Léontine de Fleury, parente de Racine et de La Fontaine, et l'épousa.
En 1821, il devint propriétaire du journal l'Etoile, qui soutint la politique de M. de Villèle. Le 28 juin 1822, il reçut de Louis XVIII une pension et des lettres de noblesse, et fut nommé maître de requêtes par M. de Peyronnet. Mais le ministère Martignac le destitua. En effet, M. de Genoude venait de fonder ou plutôt de faire revivre la Gazette de France, qui attaquait ouvertement le nouveau ministère, et contribua puissamment à sa chute. Directement mêlé aux négociations qui eurent pour objet la composition du cabinet suivant, M. de Genoude, après d'inutiles efforts pour y faire entrer M. de Villèle, rompit avec MM. de Peyronnet et de Polignac, et resta sur un terrain d'opposition où il fit preuve, plus d'une fois, d'une incontestable logique et d'une réelle énergie. Neuf jours avant les fameuses Ordonnances, le 17 juillet 1830, il écrivait dans sa Gazette : « Les libertés publiques sont un fait primitif parmi nous, et un fait primitif est un droit, La tactique de la faction qui veut renverser la dynastie est de pousser les royalistes dans la fausse voie des exagérations et des coups d'Etat ; la nôtre doit être de nous rallier franchement à la monarchie représentative. Il faut bien qu'on le sache, la Charte n'a fait que traduire, dans la langue du jour, les anciennes constitutions de la monarchie. Or, dans les anciennes constitutions de la monarchie, c'était un droit des peuples d'être consultés. Les malheurs du royaume prirent naissance dans la désuétude de ce droit. Elle affaiblit le trône en diminuant sa popularité. »
La Quotidienne, organe de ceux qui voulaient une légitimité pure de tout alliage démocratique, combattit à outrance le programme politique de M. de Genoude, qui avait pour base l'hérédité royale et le vote universel. Mais celui-ci tint bon. Après l'avènement de Louis-Philippe, il n'épargna point ses attaques au nouveau régime :
« Philippe d'Orléans, dit-il, est proclamé roi. Ce n'est point par le droit de sa naissance qu'il arrive au trône. Ce n'est pas non plus par le suffrage constaté du peuple. Des députés, élus en vertu d'un principe de légitimité, sans mandat pour ôter ou décerner la couronne, l'ont salué d'un titre qu'ils pouvaient tout aussi valablement accorder à tout autre. Ici la légitimité héréditaire est écartée, la légitimité de la nation n'est comptée pour rien. »
Ces attaques et d'autres valurent à la Gazette de France près de quarante procès en cour d'assises, et son directeur fut fréquemment condamné à la prison. Mis en demeure par le Courrier français de formuler nettement ses aspirations, M. de Genoude se déclara partisan de la périodicité des Etats généraux, de la liberté d'association, de l'administration gratuite, de l'affranchissement des communes, de la liberté d'enseignement, de l'établissement d'un conseil d'Etat inamovible, de la création d'une Chambre haute non héréditaire et dont la formation ne serait pas laissée au caprice du pouvoir, enfin, de la répartition de l'impôt par les assemblées provinciales, départementales et communales. Cette déclaration fut immédiatement suivie de la saisie de la Gazette de France, qui éprouvait d'ailleurs d'autres tribulations. En butte à l'hostilité de la plupart des membres du parti royaliste, elle fut interdite en Autriche, en Prusse, en Russie, dans les Etats sardes et en Italie. Elle ne désarma pas cependant, et fit, pendant toute la durée du règne de Louis-Philippe, une campagne acharnée en faveur de la réforme parlementaire et du vote universel.
M. de Genoude était entré dans les ordres en 1835, l'année qui suivit celle de la mort de sa femme.
Le 1er août 1846, il brigua avec succès les suffrages des électeurs du 2e collège électoral de la Haute-Garonne, qui l'envoyèrent siéger à la Chambre des députés, par 245 voix (383 votants, 521 inscrits), contre 127 à M. Magne.
L'abbé de Genoude prit place à droite, mais se trouva très isolé dans l'Assemblée ; le discours qu'il prononça en 1847 sur la réforme électorale n'eut l'approbation ni des légitimistes, ni de la majorité gouvernementale. Son nom ne figure pas parmi ceux des signataires de la proposition de mise en accusation du ministère Guizot.
Après février 1848, l'abbé de Genoude fit deux tentatives infructueuses pour entrer à l'Assemblée constituante ; il réunit, le 4 juin 1848, lors d'une élection partielle dans le département du Nord, 6 479 voix seulement contre 48 862 à M. Antony Thouret, républicain, élu, 26 774 à M. Mimerel et 11 641 à M. Ulysse Tencé.
Puis, le 17 septembre de la même année, il échoua, dans le même département, avec 14 815 voix contre 26 123 au colonel Négrier, élu, et 19 685 à Louis-Napoléon Bonaparte. Le suffrage universel, qu'il avait si longtemps défendu, ne lui fut pas favorable.
On a de M. de Genoude, outre les ouvrages cités :
- Considérations sur les Grecs et les Turcs (1821) ;
- la Raison du christianisme ou preuves de la religion, tirées des écrits des plus grands hommes (1834-1835) ;
- les Pères de l'Eglise des trois premiers siècles de l'ère chrétienne, publiés en français (1837-1843) ;
- la Raison monarchique (1838) ;
- Exposition du dogme catholique (1840) ;
- Défense du christianisme contre les philosophes ;
- Histoire de France (1844-1847), etc.