Jean, Pons, Guillaume Viennet
1777 - 1868
Député de 1828 à 1837 et pair de France, né à Béziers (Généralité de Montpellier, France) le 18 novembre 1777, mort au Val-Saint-Germain (Seine-et-Oise) le 10 juillet 1868, fils du conventionnel Jacques Joseph Viennet et de dame Elisabeth Guibert, et neveu d'un curé de Saint-Merry, il fut destiné par sa famille à l'état ecclésiastique ; mais il préféra entrer, à 19 ans, comme lieutenant en second, dans l'artillerie de marine, fut pris par les Anglais l'année suivante sur l'Hercule, et resta huit mois sur les pontons de Plymouth.
Echangé quelque temps après, il rentra dans le même corps ; son vote négatif sur le consulat d'abord, puis sur l'établissement de l'empire, nuisit à son avancement ; il n'était que capitaine en 1813. Versé dans l'armée de terre, il fit la campagne de Saxe, fut décoré à Bautzen, se battit à Dresde, et fut fait prisonnier à Leipsig.
Rentré en France à la Restauration, il devint aide-de-camp du général de Montélégier, lui-même aide-de-camp du duc de Berry ; mais, n'étant pas allé à Gand, il fut laissé sans emploi au second retour des Bourbons, bien qu'il eût refusé son adhésion à l'Acte additionnel. Il collabora alors à l'Aristarque, au Journal de Paris, au Constitutionnel, fut admis, en 1818, dans le corps d'état-major, nommé chef d'escadron à l'ancienneté en 1823, et rayé des rôles en 1827, à la suite de la publication de son Epître aux chiffonniers en faveur de la liberté de la presse.
Cette disgrâce le rendit populaire, et, le 21 avril 1828, il fut élu député du 2e arrondissement électoral de l'Hérault par 346 voix (551 votants, 647 inscrits), contre 126 à M. Valessie, en remplacement de M. Royer-Collard qui avait opté pour Vitry-le-François ; il avait des intérêts dans des mines du département. Il prit place dans l'opposition de gauche, parut quelquefois à la tribune, et vota l'Adresse des 221.
Réélu, le 23 juin 1830, par 345 voix (619 votants, 706 inscrits) contre 268 à M. Saint-Aubin de Lirou, il contribua à l'établissement de la monarchie de Juillet, et ce fut lui qui lut au peuple, à l'Hôtel de Ville, le 31 juillet, la nomination du duc d'Orléans comme lieutenant général du royaume. Le gouvernement nouveau lui rendit son grade de chef de bataillon dans l'état-major.
Réélu député, le 5 juillet 1831, par 381 voix (585 votants, 694 inscrits) contre 156 à M. de Bausset ; le 21 juin 1834, par 324 voix (640 votants, 727 inscrits) contre 313 à M. Payre, il siégea dans la majorité ministérielle, et soutint le gouvernement par des attaques piquantes et soudaines contre l'opposition et contre la presse, qui s'en vengea, en l'accablant d'épigrammes et d'injures. Il avait, entre autres, dénoncé à la Chambre et attaqué en justice le journal la Tribune qui l'accusait d'émarger aux fonds secrets. « Le ridicule, a-t-il écrit lui-même, fut versé à pleines mains sur mon nom, sur ma personne, sur mes ouvrages.»
Des rancunes littéraires envenimèrent d'ailleurs les luttes politiques : ennemi acharné des romantiques, Viennet ne ménageait pas plus ses adversaires qu'il n'en était ménagé lui-même. Membre de l'Académie française (18 novembre 1831), ami particulier de Louis-Philippe, il mena de front, avec une verve toute méridionale, la littérature et la politique, et composa des travaux historiques, des romans, des opéras, des tragédies, des comédies et un grand nombre d'épîtres et de fables.
Le roi l'éleva à la dignité de pair de France le 7 novembre 1839. Lieutenant-colonel d'état-major depuis 1834, il avait été admis à la retraite de ce grade le 5 mai 1836. Retiré de la vie politique en 1848, il publia, en 1864, un poème épique en dix chants: la Franciade, et se mêla, dans les dernières années de sa vie, aux protestations de la franc-maçonnerie contre l'immixtion du gouvernement: grand-maître du rite écossais, il refusa notamment de reconnaître l'obédience du maréchal Magnan que le gouvernement avait placé à la tête du Grand-Orient de France. Commandeur de la Légion d'honneur (4 janvier 1836).