Georges Carpentier
1924 - 1996
CARPENTIER (Georges)
Né le 3 janvier 1924 à Saint-Chinian (Hérault)
Décédé le 5 janvier 1996 à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique)
Député de Loire-Atlantique de 1967 à 1978.
Né le 3 janvier 1924, Georges Carpentier est issu d’une famille socialiste de l’Hérault. Son père a été maire socialiste de Saint-Chinian de 1945 à 1948. Après des études à l’Ecole normale supérieure de l’enseignement technique (ENSET), Georges Carpentier est nommé professeur de lettres au lycée technique de Saint-Nazaire, poste qu’il occupe pendant 17 ans. Engagé dans la vie de sa cité, il est également président de l’université populaire nazairienne, de la section handball de Saint-Nazaire Omni-sport et secrétaire de la Ligue des droits de l’Homme de la ville. En 1953, alors qu’il milite depuis trois ans à la SFIO, Georges Carpentier est élu conseiller municipal. L’année suivante, il devient membre du comité fédéral de la Section française de l’Internationale socialiste (SFIO) de Loire-Atlantique. Adjoint au maire de Saint-Nazaire à partir de 1965, il assume de nombreuses responsabilités locales : il est élu conseiller général du canton de Saint-Nazaire à partir de 1967 puis conseiller régional des Pays-de-la-Loire en 1973.
Aux élections législatives de 1956, Jean-Baptiste Guitton désigne Georges Carpentier comme suppléant. Avec plus de 16,7% des voix, le député socialiste conserve son siège à l’Assemblée. Aux élections suivantes, en 1958, Jean-Baptiste Guitton renouvelle sa confiance à Georges Carpentier. Mais le candidat socialiste est battu au second tour, dans le cadre d’une quadrangulaire divisant la gauche : le communiste Georges Girard, Jean-Baptiste Guitton et le candidat local sans étiquette Guillaume de la Villemarqué recueillent respectivement 11%, 24,9% et 28,1% des suffrages exprimés tandis que le candidat du MRP, Nestor Rombeaut, est élu avec un score de 35,9%. En 1962, c’est François Blancho, le maire de Saint-Nazaire, qui est investi, Georges Carpentier demeurant suppléant. Au premier tour, avec 35,3% des suffrages exprimés, il devance le député sortant, qui n’obtient que 25,7% des suffrages. Le candidat gaulliste André Rochard s’étant maintenu contre Nestor Rombeaut, le socialiste l’emporte dans cette triangulaire avec 47,9% des suffrages exprimés. Cinq ans plus tard, âgé de 72 ans, le député de Loire-Atlantique cède sa place à Georges Carpentier, devenu entre-temps son adjoint à la mairie.
Ce dernier se présente sous l’étiquette de la Fédération de la gauche démocrate et socialiste (FGDS). Au premier tour, le 5 mars 1967, le candidat gaulliste, André Rochard, se place en tête des suffrages avec 15 900 des 55 079 suffrages exprimés. Il est talonné par Georges Carpentier de la FGDS qui en obtient 15 117 (27,4%), loin devant Nestor Rombeaut du Centre démocrate (8 733) et le communiste Maurice Rocher (8 437) qui décident de ne pas se maintenir au second tour. Au second tour, le 12 mars 1967, Georges Carpentier bat largement son adversaire gaulliste avec 55,7% des voix. Après deux suppléances et quatre élections, il devient député de Loire-Atlantique à l’âge de 43 ans.
Dès son arrivée au Palais-Bourbon, Georges Carpentier s’inscrit au groupe de la Fédération de la gauche démocrate et socialiste. Il est aussitôt nommé membre de la commission de la production et des échanges. Mais c’est en son nom propre qu’il prend sept fois la parole au cours de cette brève législature. Il y défend surtout les intérêts de ses administrés. Il s’inquiète de la crise de Saint-Nazaire, de la situation de l’emploi dans la région en raison des licenciements opérés aux chantiers de l’Atlantique, de la fermeture de fonderies, de l’échec de la décentralisation industrielle et des difficultés des pêcheurs (question orale du 12 avril 1967, déclaration du gouvernement Pompidou sur sa politique générale le 19 avril 1967, examen du budget pour 1968 le 23 octobre 1967). Issu du Languedoc-Roussillon et député de Loire-Atlantique, Georges Carpentier s’intéresse également au tourisme balnéaire. Le 19 octobre 1967, il réclame notamment, dans le cadre de la discussion du projet de loi de finances pour 1968, la création d’un ministère du tourisme qui favoriserait un tourisme dans le respect des paysages. Enfin, le maire de Saint-Nazaire se fait le défenseur des jeunes en préconisant la mise sur pied d’un office d’information et d’orientation scolaire et universitaire et d’un organisme de prêts à très faible intérêt pour l’installation des jeunes ménages lors du débat sur la déclaration du gouvernement sur les problèmes de la jeunesse, le 23 mai 1967. Par ailleurs, il vote les trois motions de censure visant le gouvernement Pompidou les 20 mai, 9 et 16 juin 1967.
En 1968, Georges Carpentier décide de se présenter une nouvelle fois aux élections dans la sixième circonscription de Loire-Atlantique. Il recueille 33% des voix au soir du premier du tour soit 6 points de plus qu’aux élections précédentes. S’il est devancé par le gaulliste Etienne Garnier (42,2%), le député sortant dispose toutefois d’un réservoir de voix constitué des 9,3% des suffrages accordés au Parti socialiste unifié (PSU) Jean Aubry et des 13,6% au communiste Maurice Rocher. Au second tour, le 30 juin 1968, Georges Carpentier est réélu avec près de trois mille voix d’avance.
Le député de Saint-Nazaire, inscrit au groupe socialiste, est aussitôt élu secrétaire de l’Assemblée nationale et le reste jusqu’à l’été 1971. Il siège à la commission des affaires culturelles, familiales et sociales. Il dépose une proposition de loi relative aux juridictions sociales le 15 avril 1971.
Au cours de la législature, Georges Carpentier intervient en particulier dans le domaine de la construction navale – par exemple lors de l’examen du projet de loi de finances pour 1969, le 31 octobre 1968. A plusieurs reprises, il s’inquiète du chômage dans les pays de l’Ouest, notamment le 4 novembre 1970 lors de la discussion sur le projet de loi de finances pour 1971. Il dépose de nombreux amendements au projet de loi sur le droit syndical dans les entreprises en vue notamment de protéger les délégués syndicaux les 4 et 19 décembre 1968. Surtout, les problèmes des jeunes demeurent au centre de ses préoccupations. Il appelle à de nombreuses reprises à un grand débat sur les jeunes, jugeant que la politique gouvernementale à leur égard va « vers un encadrement plus ou moins rigide et plus ou moins dissimulé de la jeunesse » lorsqu’il prend part à la discussion des projets de loi de finances pour 1969 et 1970. Lors de l’examen, en deuxième lecture, de la proposition de loi sur la quatrième semaine de congé annuel, le député socialiste demande ainsi l’octroi d’une semaine supplémentaire de congés payés pour les jeunes travailleurs de moins de dix-huit ans, le 29 avril 1968. Il s’intéresse aussi aux maisons des jeunes ; il pose, le 10 octobre 1969, une question orale sans débat et intervient le 20 octobre 1969 dans la discussion des crédits pour 1970 de la jeunesse et des sports. L’ancien professeur de lettres intervient à plusieurs reprises pour soulever la nécessité d’améliorer la filière de l’enseignement technique et ses débouchés. Enfin, il demande de consacrer un budget plus important à l’éducation nationale, de recruter davantage d’enseignants, de développer le système des bourses, d’adapter l’enseignement au monde économique. Ses autres interventions portent sur la formation professionnelle des adultes (question orale, 5 juin 1970), sur les salaires des handicapés physiques (question d’actualité au Premier ministre, 29 mai 1970), sur les équipements pour le traitement du cancer (projet de loi portant sur la réforme hospitalière, 3 novembre 1970) sur la nécessité d’abaisser l’âge de la retraite à 60 ans (question orale avec débat, 19 mai 1971) ou encore sur l’hébergement des travailleurs immigrés en France (question d’actualité, 3 décembre 1971).
Au début de la législature, Georges Carpentier approuve certaines réformes consécutives aux événements de mai 1968, notamment le projet de loi d’orientation de l’enseignement supérieur (10 octobre 1968), celui relatif à l’exercice du droit syndical dans les entreprises (4 décembre 1968), ou encore celui tendant à renforcer la garantie des droits individuels des citoyens (28 mai 1970) et celui relatif au service national, réduisant la durée de celui-ci à douze mois (10 juin 1970). Son opposition au Gouvernement est ensuite plus nette : il vote ainsi contre la loi Pleven dite « anticasseurs » (4 juin 1970), contre le projet de loi portant création des régions le 27 avril 1972, et à trois reprises contre la déclaration de la politique générale du gouvernement Chaban-Delmas le 16 septembre 1969, le 15 octobre 1970 et le 24 mai 1972.
En 1973, le député de Saint-Nazaire sollicite le renouvellement de son mandat et défend les couleurs du Parti socialiste. Il recueille 31,6% des voix contre 33,7 % pour le candidat de l’Union des républicains de progrès (URP), Etienne Garnier, conseiller technique auprès du Premier ministre. Cependant, comme lors des précédentes élections, Georges Carpentier dispose d’un bon réservoir de voix : le communiste Maurice Rocher a obtenu un score de 17,5%, Jacques Capet du PSU 4,1% et le candidat de Lutte Ouvrière 1,9%, contre 9,3% pour celui du Centre démocrate. Au second tour, c’est avec plus de 54,6% des suffrages que le député de Loire-Atlantique retrouve le chemin du Palais-Bourbon.
Inscrit au groupe du parti socialiste, Georges Carpentier regagne les bancs de la commission des affaires culturelles, familiales dont il est membre jusqu’en 1978. Par ailleurs, il est nommé représentant de l’Assemblée nationale à l’Assemblée parlementaire des Communautés européennes à partir de juillet 1974 et jusqu’à la fin de la législature.
À la tribune, Georges Carpentier se montre toujours aussi actif, défendant ses administrés de Saint-Nazaire et plus généralement de l’Ouest, intervenant avec autant d’ardeur pour défendre l’enseignement technique. La situation de l’emploi dans sa région est l’une de ses principales préoccupations. C’est l’objet d’une question au gouvernement du 25 juin 1975, de questions orales sans débat les 30 mai 1973, 9 octobre 1974, 10 octobre 1975, 30 avril 1976 et 24 juin 1977 ou encore des questions orales avec débat, les 11 décembre 1974 et 4 juin 1975. Les jeunes travailleurs font l’objet des questions orales qu’il pose, les 20 juin 1975 et 15 octobre 1976, et d’une question orale avec débat le 4 juin 1975. Lors des débats sur la déclaration du ministre de l’éducation nationale, Joseph Fontanet, Georges Carpentier insiste encore, le 5 juin 1973, sur la nécessité de revaloriser l’enseignement technique. En effet, lors de presque chaque discussion budgétaire, le député s’inquiète de la dégradation progressive des lycées techniques publics et exprime son désaccord sur le volume des crédits et sur la conception même de la politique scolaire du gouvernement, les 13 novembre 1973, 5 novembre 1974 et 12 novembre 1975.
Il vote contre la déclaration de politique générale du Premier ministre Pierre Messmer le 12 avril 1973 ; contre la réduction du mandat présidentiel à 5 ans (modification de l'article 6 de la Constitution) le 16 octobre 1973 ; contre la déclaration de politique générale du Premier ministre Jacques Chirac le 6 juin 1974 ; contre la révision de l'article 25 de la Constitution sur les suppléants des parlementaires le 10 octobre 1974 ; et enfin contre le programme du gouvernement de Raymond Barre, le 28 avril 1977. En revanche, il approuve certaines réformes de société : la légalisation de l'interruption volontaire de grossesse le 28 novembre 1974, l’instauration du divorce par consentement mutuel le 4 juin 1975 et l'élection des membres de l'Assemblée des communautés européennes au suffrage universel (21 juin 1977).
Georges Carpentier décide de ne pas se représenter aux élections de 1978. C’est Claude Evin qui lui succède. Il décède le 5 janvier 1996 à Saint-Nazaire.