Antoine, Adrien Lamourette
1742 - 1794
- Informations générales
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- Né le 31 mai 1742 à Frévent ( - Généralité de Lille - France)
- Décédé le 11 janvier 1794 à Paris (Seine - Département de Paris - France)
1742 - 1794
Député à l'Assemblée législative de 1791, né à Frévent (Généralité de Lille, France) le 31 mai 1742, mort à Paris (Département de Paris) le 11 janvier 1794 il entra dans la congrégation des lazaristes et fut successivement supérieur du séminaire de Toul, directeur à Saint-Lazare, et grand vicaire d'Arras. Chrétien et philosophe, il se lia avec Mirabeau et collabora, a-t-on dit, à ceux des discours du célèbre orateur qui avaient trait au clergé ; on le cita comme le véritable auteur de l'Adresse au peuple français sur la constitution civile du clergé, que Mirabeau présenta à l'Assemblée Constituante. Favorable à cette constitution, Lamourette prêta le serment, et fut nommé, en février 1791, évêque constitutionnel de Lyon.
Le 31 août de la même année, le département de Rhône-et-Loire l'appela à faire partie de l'Assemblée législative, le 2e sur 15, par 431 voix (671 votants). Il siégea parmi les modérés, parla sur la question religieuse, s'opposa à ce qu'on accordât des églises aux schismatiques, et demanda qu'on fit cesser les recherches relatives aux chefs de l'insurrection du 20 juin 1792.
Mais le nom de Lamourette est resté surtout attaché à la motion célèbre présentée par lui dans la séance du 7 juillet 1792. L'Assemblée venait de rendre divers décrets au nom du comité militaire, et de voter des sommes importantes pour armements et approvisionnements, et elle se disposait à aborder « la discussion sur les mesures de sûreté générale » que comportait la gravité de la situation, lorsque, au moment où Brissot allait prendre la parole, Lamourette se leva, demandant à présenter une motion d'ordre. L'évêque de Lyon s'exprima ainsi :
« On vous a proposé et on vous proposera encore des mesures extraordinaires pour parer aux dangers de la France... Mais il faudrait d'abord remonter à la source de nos maux : elle est dans la division de l'Assemblée nationale... A quoi se réduisent les défiances ? Une partie de l'Assemblée attribue à l'autre le dessein séditieux de vouloir détruire la monarchie. Les autres attribuent à leurs collègues le dessein de vouloir détruire l'égalité constitutionnelle, et établir le gouvernement aristocratique connu sous le nom des deux Chambres. Eh bien ! foudroyons, messieurs, par une exécution commune et un irrévocable serment, foudroyons et la République et les deux Chambres... »
Bien que la République eût dans la salle et dans les tribunes des partisans nombreux, de vives acclamations s'élevèrent de tous les bancs de l'Assemblée, et les applaudissements des tribunes firent retentir les voûtes de la salle.
Lamourette reprit : « Jurons de n'avoir qu'un seul esprit, qu'un seul sentiment ; jurons de nous confondre en une seule et même masse d'hommes libres. Le moment où l'étranger verra que ce que nous voulons, nous le voulons tous, sera le moment où la liberté triomphera et où la France sera sauvée. »
À ces mots, l'Assemblée se lève tout entière, tous les membres prêtent à la fois le serment proposé. D'un mouvement spontané, les membres du côté droit s'élancent vers ceux du côté gauche, qui les accueillent avec transport. On voit rapprochés dans de fraternelles étreintes Mathieu Dumas et Bazire, Merlin de Thionville et Jaucourt, Chabot et Genty, Gensonné et Calvet, Albitte et Ramond. En ce moment Condorcet entrant dans la salle, Pastoret, son ennemi, court à lui et l'embrasse. Les spectateurs attendris mêlent leurs acclamations aux serments ; tous les partis se confondent. Aussitôt on arrête qu'un extrait du procès-verbal sera envoyé aux armées, aux départements, aux municipalités, aux corps judiciaires, et d'abord porté au roi.
Un instant après, Louis XVI parut, précédé de ses ministres, pour déclarer que son vœu le plus cher était maintenant rempli.
Mais ce qui, dès le jour même, gâta l'effet de la séance du matin, ce fut la suspension du maire de Paris comme fauteur du 20 juin, suspension notifiée à l'Assemblée dans la séance du soir. Les défiances de la majorité se réveillèrent, et l'enthousiasme de la paix jurée s'éteignit aussi vite qu'il s'était allumé. De plus, le bruit se répandit que la réconciliation du 7 n'était qu'une ruse concertée entre l'évêque de Lyon et la cour ; dans le public, les uns donnerent à cette réconciliation le nom de baiser d'amourette, les autres celui de baiser de Judas. Aux Jacobins, Billaud-Varennes fut fort applaudi, lorsqu'il s'écria :
« Voir tel député se jeter dans les bras de tel autre, c'est voir Néron embrasser Britannicus, c'est voir Charles IX tendre la main à Coligny. »
Et la guerre reprit plus violente que jamais.
Après le 10 août, Lamourette lui-même demanda que toute communication fût interdite entre les membres de la famille royale et le roi enfermé au Temple. Il se prononça, d'ailleurs, contre les massacres de septembre, et, sur sa proposition, l'Assemblée décréta que la municipalité de Paris répondrait de la sûreté publique.
Après la session, il se retira à Lyon, où il se trouva pendant le siège de cette ville par les troupes de la Convention.
Arrêté et conduit à Paris, il fut compagnon de chambre dans la prison de la Force avec Clavière, Beugnot et autres, et chargea ce dernier, avant de paraître devant le tribunal révolutionnaire, de publier la rétractation de son serment à la constitution civile du clergé. Il remit à l'abbé Emery, prêtre orthodoxe enfermé avec lui, la même rétractation écrite, datée du 7 janvier 1794 ; l'original est conservé à Lyon.
Condamné à mort, il soupa tranquillement avec ses co-détenus, les entretint de l'immortalité de l'âme, et, comme l'un d'eux le plaignait : « La guillotine, dit-il, ce n'est qu'une chiquenaude sur le cou. »
Il fut exécuté le 11 janvier 1794, et montra dans ses derniers instants beaucoup de calme et de fermeté.
Lamourette est l'auteur de plusieurs ouvrages sur des matières religieuses et ecclésiastiques, tels que :
- les Délices de la religion, ou le pouvoir de l'Evangile pour nous rendre heureux (1789) ;
- Le décret de l'Assemblée nationale sur les biens du clergé justifié par son rapport avec la nature et les lois de l'institution (1789) ;
- Lettre pastorale (1791) ;
- Prône civique ou le pasteur patriote (1791), etc., etc.