Marcel, Julien, Ursin, René Cartier
1895 - 1965
Né le 24 août 1895 à Ardentes (Indre)
Décédé le 1er août 1965 à Ville-d'Avray (Seine)
Député de la Drôme de 1947 à 1958
Marcel Cartier est né le 24 août 1895 à Ardentes, chef-lieu de canton de l'Indre. Son grand-père paternel était médecin, issu d'une famille de petits propriétaires terriens, et son père était également médecin généraliste. Du côté maternel, son grand-père avait fondé une entreprise prospère de cuirs et peaux. Après ses études secondaires au lycée de Châteauroux (Indre), Marcel Cartier entre en 1912 au lycée Henri IV à Paris, pour préparer le concours de l'Ecole normale supérieure. C'est à cette occasion qu'il a un premier contact avec la vie politique et qu'il est attiré par Jean Jaurès.
Ses études sont interrompues par la première Guerre mondiale : mobilisé dans l'infanterie, puis les chasseurs alpins, Marcel Cartier terminera le conflit avec le grade de lieutenant de chasseurs. Sa conduite pendant les hostilités lui vaut d'être décoré de la Croix de guerre (1914-1918), avec une citation. Dès sa démobilisation, il reprend ses études, et est nommé un temps professeur en Alsace (successivement à Sarreguemines, Saverne et Colmar), avant de passer avec succès l'agrégation de philosophie. Il exerce alors successivement aux lycées de Châteauroux et de Tournon (Savoie), puis au lycée Emile Loubet de Valence (Drôme). Le 15 septembre 1922, Marcel Cartier épouse à Toulon Laure Paletti, professeur d'italien, qui lui donnera trois enfants. Rapidement intéressé par la vie politique, il se rapproche du Parti socialiste : militant à la S.F.I.O. à Saveme depuis 1925, il est, à partir de 1929, inscrit à la Fédération socialiste de la Drôme, et devient secrétaire fédéral en 1934.
Le déclenchement de la seconde Guerre mondiale, puis l'armistice, le poussent vers la Résistance. Déplacé à Digne (Basses-Alpes), il fait l'objet de dénonciations et de campagnes de pétitions et son fils est un temps emprisonné pour avoir distribué des tracts contre la collaboration et la relève. A l'occasion du 1er mai 1942, ses deux filles sont également arrêtées, pour avoir déposé des fleurs devant le Monument de la République, et, peu après, Marcel Cartier est révoqué par le gouvernement de Vichy : il se rapproche alors plus nettement de la Résistance la plus active, et est arrêté en juin 1944 par la police allemande de Digne.
La libération des Basses-Alpes, lui rend la liberté, et Marcel Cartier est porté à la présidence de la Commission départementale d'épuration. En décembre 1944, enfin, il est réintégré dans l'éducation nationale et retrouve un poste au lycée de Valence.
En octobre 1945, Marcel Cartier redevient secrétaire de la Fédération socialiste de la Drôme, et figure en seconde place sur la Liste du parti socialiste S.F.I.O. aux élections du 21 octobre pour la première Assemblée nationale Constituante. La liste socialiste est conduite par Marius Moutet, futur ministre de la France d'outre-mer ; avec 19 880 voix sur 126 625 suffrages exprimés, elle n'a qu'un seul élu. Marcel Cartier figure à nouveau en seconde place sur la liste socialiste présentée, toujours sous la direction de Marius Moutet, dans la Drôme pour les élections du 2 juin 1946 à la seconde Assemblée nationale Constituante. La liste enregistre un gain certain, avec 29 024 voix sur 130 598 suffrages exprimés, mais n'a, à nouveau, qu'un seul élu.
Aux élections du 10 novembre 1946 pour la première législature, Marcel Cartier figure toujours en seconde place sur la liste du Parti socialiste S.F.I.O. conduite par Marius Moutet dans la Drôme. La liste rassemble 25 314 voix sur 123 125 suffrages exprimés, et n'a qu'un seul élu. Les élections de la Drôme sont cependant annulées le 11 février 1947 et, Marius Moutet venant d'être élu Conseiller de la République du Soudan le 13 janvier précédent, Marcel Cartier prend la tête de la liste présentée par le Parti socialiste S.F.I.O. aux élections du 30 mars 1947 : celle-ci obtient, avec 26 949 voix sur 123 592 suffrages exprimés, un des quatre sièges à pourvoir, et Marcel Cartier est donc élu député.
Membre de la Commission des affaires économiques, il est désigné par celle-ci pour faire partie de la sous-commission chargée de suivre et d'apprécier la gestion des entreprises nationalisées et des sociétés d'économie mixte ( 1950, 1951 ), et est nommé membre de la Commission de l'éducation nationale (1951). Il dépose plusieurs rapports. Le 27 août 1947, Marcel Cartier se prononce en faveur du statut de l'Algérie. Sa proposition de loi du 13 juin 1950 vise à exonérer les étudiants faisant campagne en Indochine du paiement des droits scolaires et universitaires. Enfin, Marcel Cartier intervient à plusieurs reprises dans les discussions, et est en outre membre du Bureau du groupe parlementaire socialiste. Lors du scrutin du 7 mai 1951, il vote pour la réforme électorale instituant le scrutin de liste majoritaire départemental à un tour avec apparentements.
Aux législatives du 17 juin 1951, Marcel Cartier conduit la liste du Parti socialiste S.F.I.O. dans la Drôme. Ses engagements électoraux insistent notamment sur le bilan de faillite de la « majorité de droite dirigée par Edgar Faure », et sur l'inopportunité des élections. Dans la Drôme, la liste S.F.I.O. a conclu des accords d'apparentement avec la liste R.G.R., U.I.P.R.N., Radicale Socialiste et avec la liste du M.R.P.
Marcel Cartier obtient 19 855 voix sur 124 380 suffrages exprimés et est réélu, seul de sa liste, député de la Drôme pour la seconde législature. A l'Assemblée, il est nommé membre de deux Commissions importantes, affaires économiques (1951, 1953, 1954) et éducation nationale (1955). Cette dernière le désigne pour faire partie de la Commission de coordination de l'énergie atomique et des recherches nucléaires (1955). Il intervient à plusieurs reprises dans les discussions, notamment lorsque celles-ci viennent sur des problèmes scolaires. Le 13 décembre 1951, il se prononce pour le projet de pool charbon-acier, puis vote, le 6 mars 1952, contre l'investiture à Antoine Pinay, et, le 26 juin 1953, contre l'investiture à Joseph Laniel. Le 27 octobre 1953, Marcel Cartier vote contre la politique gouvernementale en Indochine, puis, le 13 mai 1954, après la chute de Dien-Bien-Phû, contre la confiance au gouvernement sur sa politique indochinoise et, le 30 août suivant, pour la question préalable opposée par le général Aumeran et Edouard Herriot à la ratification du traité de Paris sur la C.E.D. Il se prononce encore pour la politique gouvernementale en Afrique du Nord (10 décembre 1954) et soutient, le gouvernement Pierre Mendès-France lors du vote à la suite duquel celui-ci est renversé (4 février 1955). Il se prononce contre l'investiture à Edgar Faure (23 février 1955), contre l'état d'urgence en Algérie (31 mars 1955) et contre la confiance à Edgar Faure (29 novembre 1955), scrutin entraînant la chute du gouvernement.
Conduisant à nouveau la Liste du Parti socialiste S.F.I.O. dans la Drôme aux élections du 2 janvier 1956 pour la troisième législature, Marcel Cartier obtient 17 007 voix sur 135 224 suffrages exprimés, et est réélu, seul de sa liste, député de la Drôme. Il est, à l'Assemblée, nommé membre de la Commission des affaires économiques (1956), dont il démissionne le 12 juillet 1957, et membre de la Commission de l'éducation nationale (1956, 1957). Egalement nommé membre de la Commission des boissons, le 4 octobre 1957, il en démissionne le 3 décembre suivant. Il dépose notamment deux rapports sur des propositions de loi « tendant à réserver les fonds publics à l'enseignement public », et intervient, dans la discussion du 8 novembre 1956, sur cette question. Le 31 janvier 1956, Marcel Cartier vote pour l'investiture de Guy Mollet, mais il tend ensuite à s'éloigner du Parti socialiste sur la question de l'Algérie, et la radicalisation de la politique de Guy Mollet en Afrique du Nord. Le 12 juin 1957, il vote pour la confiance à Maurice Bourgès-Maunoury, puis, le 2 juillet suivant, pour le projet de loi relatif au plan de développement de l'énergie atomique. Le 9 juillet 1957, Marcel Cartier vote pour la ratification des traités sur la C.E.E. et l'Euratom, et, le 30 septembre, pour la loi-cadre sur l'Algérie - scrutin qui entraîne la chute du gouvernement Bourgès-Maunoury. Enfin, il se prononce pour la confiance à Pierre Pflimlin le 13 mai 1958, pour l'état d'urgence (16 mai), pour la révision constitutionnelle (27 mai), et contre la confiance au général de Gaulle (1er juin) et contre les pleins pouvoirs et la révision constitutionnelle (2 juin).
En octobre 1956, Marcel Cartier était devenu membre du Conseil supérieur de la recherche scientifique et du progrès technique.