Boniface Boni de Castellane

1867 - 1932

Informations générales
  • Né le 14 février 1867 à Paris (Seine - France)
  • Décédé le 20 octobre 1932 à Paris (Seine - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
VIIe législature
Mandat
Du 8 mai 1898 au 31 mai 1902
Département
Basses-Alpes
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
VIIIe législature
Mandat
Du 25 janvier 1903 au 31 mai 1906
Département
Basses-Alpes
Groupe
Défense nationale
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
IXe législature
Mandat
Du 30 septembre 1906 au 31 mai 1910
Département
Basses-Alpes
Groupe
Républicains nationalistes

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1889 à 1940 (Jean Jolly)

Né le 14 février 1867 à Paris, mort le 20 octobre 1932 à Paris.

Député des Basses-Alpes de 1898 à 1910 Descendant d'une illustre famille dont on retrouve l'origine à Senez et à Castellane dès le Xe siècle, fils aîné du précédent, ancien député du Cantal, arrière-petit-fils du maréchal de Castellane et arrière-petit-neveu du prince de Talleyrand, Boniface de Castellane vécut une partie de son enfance au château de Rochecotte (Indre-et-Loire). Il fit ses études au collège Stanislas et au collège de Juilly, servit au 15e régiment de chasseurs puis mena la vie mondaine et brillante de la haute société du Paris de la fin du siècle dernier. Il rencontra en 1894, miss Anna Gould, fille du «roi» des chemins de fer américains et l'épousa l'année suivante à New York. Les fastueuses réceptions données par le jeune couple dans le palais à la façade de marbre rose construit à l'angle de l'avenue du Bois et de l'avenue Malakoff sur le modèle du grand Trianon sont demeurées célèbres, comme celles du château du Marais près de Rambouillet. Boniface de Castellane avait aussi acheté l'ancienne demeure de Mme de Sévigné, le Château de Grignan, qu'il voulait faire restaurer ; grand amateur d'objets d'art et de meubles anciens, propriétaire d'une écurie de chevaux de course et d'un yacht à bord duquel il participait à des régates internationales, il s'intéressait aussi à la politique et particulièrement aux Affaires étrangères sur lesquelles il était très bien informé grâce à ses relations dans les milieux les plus fermés.

Conseiller général des Basses-Alpes, il se présenta aux élections générales du 8 mai 1898 et il fut élu dès le premier tour de scrutin dans la circonscription de Castellane avec 2.786 voix sur 4.398 votants contre 1.576 au député sortant, M. Deloncle, Ministre plénipotentiaire. Sa générosité lui valut une grande popularité dans sa circonscription et il fut réélu . à une très forte majorité au renouvellement du 27 avril 1902. Accusé de diffamation par son adversaire, M. Siegfried, il fut invalidé, mais, à l'élection partielle du 25 janvier 1903, il battit à nouveau M. Siegfried par 2.348 voix contre 1.836.

Aux élections générales du 6 mai 1906, il conserva son siège, mais avec 111 voix d'avance seulement sur son adversaire, M. Escande, ancien sous-préfet de Castellane. De nouveau invalidé, bien que le bureau de la Chambre eût conclu à la régularité des opérations électorales, il obtint 2.247 voix contre 1.977 à M. Escande sur 4.451 votants à l'élection partielle du 30 septembre 1906 et revint donc au Palais-Bourbon. Aux séances de nuit, on le voyait arriver en habit, distribuant parcimonieusement des poignées de main « de cette main gantée, tendue comme au bout d'une perche ». Anti-dreyfusard, mais non antisémite, il souhaitait que « l'armée et la magistrature continuassent d'assumer, à l'abri des intrigues, leur rôle sacré de dépositaires de l'honneur national». Il critiqua la politique antireligieuse des gouvernements de l'époque, notamment leur attitude à l'égard du Saint-Siège (21 octobre 1904) et se prononça contre le projet de séparation des Eglises et de l'Etat (27 mars 1905) qui était à ses yeux un projet « de destruction de l'église par l'Etat». Il intervint à maintes reprises dans les débats de politique étrangère (21 janvier 1901, 8 et 23 novembre 1904, décembre 1906, 12 novembre 1907, 28 janvier 1908) s'opposant à la politique de Delcassé dans l'affaire marocaine dont il redoutait qu'elle ne fut une source de graves conflits. Admirateur d'Edouard VII, il fut un partisan résolu de l'entente cordiale puis de l'alliance avec la Russie devant le danger allemand.

Aux élections générales des 24 avril et 8 mai 1910, il fut battu au second tour de scrutin par M. Perchot, directeur du journal Le Radical et ne se représenta pas à celles de 1914.

Depuis plusieurs années, il connaissait de graves difficultés d'ordre privé. Sa femme ayant obtenu le divorce en 1906, il ne parvint pas à se faire accorder par le Vatican l'annulation de son mariage à laquelle le catholique qu'il était tenait beaucoup. Il connut de durs moments : ruiné, poursuivi par ses créanciers, vilipendé par certains journaux, abandonné . par nombre de ses amis, il fit front avec courage. Il s'essaya au journalisme, collabora. au Soir, puis, comprenant le parti qu'il pouvait tirer de ses connaissances artistiques refit fortune en vendant très cher les meubles et les objets que ses dons d'antiquaire lui faisaient découvrir. Il parvint ainsi à rembourser ses dettes et même quelques autres. «Jamais, dit-il, je n'eus plus de morgue qu'au moment où l'on me croyait irrémédiablement perdu ». En. 1914, il chercha en vain à s'engager, sa classe étant libérée, puis à servir-comme interprète auprès de l'armée anglaise. Ardent patriote, il souffrit de ne pouvoir davantage se consacrer à son pays. Peu après la guerre, l'immobilité à laquelle le contraignait une cruelle maladie lui donna le loisir d'écrire ses mémoires : Comment j'ai découvert l'Amérique, L'art d'être pauvre, Vingt ans de Paris. Tous les acteurs d'une époque y défilent, campés d'une plume alerte et spirituelle. « J'ai eu au moins une consolation, disait-il, je ne me suis jamais ennuyé. » Il mourut le 20 octobre 1932 à Paris, au moment où la crise économique allait faire disparaître ce qui survivait encore du monde qu'il avait connu. Il avait 65 ans.