François, Xavier Lanthenas

1754 - 1799

Informations générales
  • Né le 18 avril 1754 à Le Puy ( - Généralité de Montpellier France)
  • Décédé le 2 janvier 1799 à Paris (Seine - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Révolution
Législature
Convention nationale
Mandat
Du 9 septembre 1792 au 26 octobre 1795
Département
Rhône
Groupe
Girondins
Régime politique
Révolution
Législature
Conseil des Cinq-Cents
Mandat
Du 16 octobre 1795 au 20 mai 1797
Département
Ille-et-Vilaine

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Membre de la Convention et député au Conseil des Cinq-Cents, né au Puy (Généralité de Montpellier) le 18 avril 1754, mort à Paris (Seine) le 2 janvier 1799, il exerçait obscurément la médecine à Paris, au début de la Révolution.

Quelques brochures démocratiques qu'il publia vers cette époque attirèrent sur lui l'attention : Inconvénients du droit d'aînesse (1789); De la liberté indéfinie de la Presse (1791); Des sociétés populaires considérées comme une branche essentielle de l'instruction publique (1791) ; Nécessité et moyens d'établir la force publique sur la relation continuelle du service militaire et de la représentation nationale (1792); etc.

Admis dans l'intimité de la famillle Roland, il devint premier commis à l'administration de l'instruction publique au ministère de l'Intérieur, sous Roland, et fut élu, le 9 septembre 1792, membre de la Convention par le département de Rhône-et-Loire, le 15e et dernier, par 514 voix (790 votants). Le même jour, il etait également nommé député de la Haute-Loire, le 4e sur 7, à la pluralité des voix; il opta pour le Rhône-et-Loire et fut remplacé dans la Haute-Loire par Barthélemy, premier suppléant.

A la Convention, il siégea parmi les modérés et vota la mort de Louis XVI avec des restrictions et sous des conditions qu'il exprima en ces termes :

« Si l'éducation pouvait excuser les crimes des despotes, combien de criminels qui ont péri sur l'échafaud pourraient avec plus de raison encore se prévaloir du même principe pour écarter d'eux le glaive de la loi ? Aussi Louis XVI m'a-t-il paru coupable sous deux rapports. Comme despote, parce qu'il a tenu le peuple français dans l'esclavage, et comme conspirateur parce qu'il l'a trahi, après que celui-ci lui avait pardonné. Rien n'a encore été organisé pour assurer dans les assemblées primaires le triomphe de la liberté, en même temps que le respect de celle des opinions. Rien n'est établi pour y éclairer tous les citoyens sur leurs véritables intérêts, gagner leur affection pour le régime nouveau, et confondre les cœurs dans les mêmes sentiments d'amour pour la patrie. J'ai donc cru, à cause de cela seul, devoir prendre sur moi toute responsabilité nouvelle, pour l'intérêt de la liberté, et voter pour que notre décision sur le sort de Louis XVI ne fût pas renvoyée à la sanction du peuple.

Maintenant, sur la troisième question, je dirai d'une manière absolue, comme membre de la Convention et comme juge : il faut que Louis Capet, despote, conspirateur, meure.

Mais je suis arrêté par l'opinion qui prétend qu'en conservant ce criminel, et l'offrant aux peuples nos voisins comme une preuve éclatante de la modération, de la générosité, de la soumission à la loi du peuple français, et de l'élévation de ses représentants au-dessus de toutes les passions humaines, ce serait un flambeau remarquable de tous les coins de l'Europe, qui dissiperait plus sûrement qu'aucune proclamation toutes les calomnies outrageantes inventées, répandues à profusion pour faire abhorrer notre révolution, et exciter des peuples à se liguer contre leurs propres intérêts, contre les principes de la justice et les cris de l'humanité, pour la combattre et nous enchaîner de nouveau.

Certes, il est juste, il est intéressant, pour épargner des flots de sang qui sont prêts à couler, de ne laisser échapper aucun moyen de dessiller les yeux des peuples qu'on égare, de ces braves Anglais surtout, aujourd'hui nos frères, qu'on arme contre nous, et de forcer ainsi nos ennemis à la paix.

Par ce motif, je suis d'avis que la Convention prononce la peine de mort sur Louis, mais qu'elle se détermine à suspendre sa mort, à le détenir de la manière la plus sûre, et à prendre des moyens efficaces pour faire connaître aux peuples de l'Europe que le peuple français pardonnerait encore une seconde fois à son implacable ennemi, et qu'il se contenterait de l'exiler hors de son territoire, si les gouvernements impies qui redoutent les droits de l'homme voulaient calmer leur haine contre la nation française. Quelque parti que la Convention prenne, je fais la motion que, le jour qui suivra notre décision, nous prononcions, par un appel nominal, l'abolition de la peine de mort, excepté envers notre dernier tyran, si les ennemis de notre liberté, si ses propres parents, ses prétendus amis, entrent de nouveau sur le territoire de la République.

Puissent nos vœux, qui seront certainement ici unanimes, et cet heureux présage, cimenter la résolution que nous devons prendre d'ajourner dès lors ou d'ensevelir les préventions, les jalousies, les haines, les injures et les reproches qui nous agitent, et dont la continuité mettrait maintenant dans le dernier péril la liberté, la chose publique.

Je me résume ; voici mon opinion :

1° Prononcer que Louis a mérité la Mort.


2° Suspendre ce décret, et détenir Louis d'une manière sûre, à l'abri d'évasion.

3° Décréter que, si nos ennemis nous laissent en paix, Louis sera seulement exilé hors du territoire de la république, quand la constitution sera parfaitement assise.

4° Proclamer par toute l'Europe les présents décrets, et les faire connaître aux peuples, que l'on égare par l'hypocrisie la plus révoltante.


5° Proclamer avec appareil ce sursis et ses motifs dans toute la republique.


6° Le jour qui suivra la décision de la Convention, abolir la peine de mort, par un appel nominal, en exceptant Louis, si ses parents, ses prétendus amis envahissent notre territoire. »


La liaison de Lanthenas avec le parti girondin le rendit suspect à la Montagne, et son nom fut porté sur la liste des proscrits du 31 mai. Mais Marat plaida en sa faveur les circonstances atténuantes : « Tout le monde sait, dit-il, que le docteur Lanternas (sic) est un pauvre d'esprit. » Muni de ce brevet, Lanthenas traversa sans encombre lapériode révolutionnaire. Il prit quelquefois la parole à la Convention, dont il devint même secrétaire, donna son opinion sur la liberté de la presse, sur les finances, sur les droits de successibilité des enfants naturels, etc., et publia encore divers écrits, tels que : Motifs de faire du 10 août un jubilé fraternel, une époque solennelle de réconciliation entre les républicains (1793) ; Déclaration des devoirs de l'homme (1794).

Le 24 vendémiaire an IV, il fut élu deputé d'Ille-et-Vilaine au Conseil des Cinq-Cents, à la pluralité des voix sur 269 votants. Il y siégea jusqu'en l'an VI et reprit, jusqu'à sa mort, l'exercice de la médecine. On a encore de lui : Religion civile proposée aux Républiques pour lien des gouvernements représentatifs (an VI).