Nicolas, Joseph Marey-Monge
1760 - 1818
- Informations générales
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- Né le 22 novembre 1760 à Nuits ( - Généralité de Bourgogne France)
- Décédé le 9 décembre 1818 à Pommard (Côte-d'Or - France)
1760 - 1818
Membre de la Convention, né à Nuits (Généralité de Bourgogne) le 22 novembre 1760, mort à Pommard (Côte-d'Or) le 9 décembre 1818, s'appelait Marey et était négociant à Nuits, quand éclata la Révolution.
Elu, le 4 septembre 1791, député suppléant de la Côte-d'Or à l'Assemblée législative, il ne fut pas appelé à y siéger, et fut réélu, le 6 septembre 1792, député de la Côte-d'Or à la Convention, le 7e sur 10, par 303 voix (500 votants). Il siégea parmi les modérés, et, lors du procès du roi, répondit au 3e appel nominal:
« Plus les crimes de Louis m'inspirent d'horreur, plus je dois me mettre en garde contre les effets tumultueux de l'indignation qu'ils excitent, imposer silence à tout ce qui pourrait me faire oublier mes devoirs, et renoncer en quelque sorte à moi-même pour n'écouter que le cri de ma conscience.
On peut considérer le coupable ou comme un citoyen, et sous l'aspect d'une justice rigoureuse, ou comme un roi convaincu de trahison contre sa patrie, et sous un point de vue politique. Citoyen, il doit être jugé comme tous les autres citoyens, par les tribunaux ordinaires; il a le droit à toutes les formes dont la loi investit l'accusé pour opérer le triomphe de la justice ou celui de l'innocence: formation de jury, récusation d'une partie de ses membres, scrutin secret, etc.; mais la Convention a pensé qu'un roi ne saurait être regardé comme un simple citoyen, par ses rapports avec ses complices nationaux et étrangers ; elle n'a donc considéré Louis que comme un roi traître à son souverain, et, à ce titre, et sous un point de vue politique, elle a pu s'ériger elle-même en jury, mais pour juger le crime, et non pour punir le criminel.
Comme membre du jury national, j'ai déclaré que je crois Louis coupable.
Toute représentation n'exerce qu'une volonté provisoire. Porter sur Louis un jugement définitif est, dans mon sens, un attentat à la volonté définitive de la nation; prononcer la mort est une usurpation du droit du souverain. Je devais donc voter pour l'appel. Je l'ai fait. L'appel a été rejeté. J'obéis au vœu de la majorité.
La cumulation des fonctions de juré, de juge, de législateur, me paraît monstrueuse, tyrannique, subversive de tout ordre social. Mon devoir à l'égard de Louis se borne à une simple mesure de sûreté publique. Je ne veux point être juge; je ne puis ni ne dois l'être.
Mais la Convention eût-elle reçu un mandat spécial pour juger le ci-devant roi, ce n'est pas dans le code pénal qu'elle devrait chercher la peine due à ses crimes. Pourrait-elle sans violer les droits sacrés de la justice et de l'égalité, user de toute la rigueur de la loi envers le coupable, après lui avoir refusé la protection des formes conservatrices; et l'intérêt général n'est-il d'aucun poids dans la balance des législateurs ? L'existence de la république naissante est attachée à l'existence de Louis. Si sa tête tombe, nous aurons à combattre et la fureur étrangère et la pitié nationale. Louis vivant et méprisé écarte tous les aspirants à la royauté ; gardé comme otage, sa liberté deviendrait le gage de la paix. Louis, mort et regretté, laisse une place au premier ambitieux hardi qui osera l'envahir. L'expulsion des Tarquins enfanta la république, et la mort de César le triumvirat.
Représentants du peuple, vous avez tué le despote, laissez vivre l'homme; enseveli dans l'oubli, flétri de la réprobation nationale, assiégé par le remords, qu'il traîne dans la captivité une vie rampante et déshonorée. Je n'ai plus qu'un mot à vous dire. Vous êtes dépositaires de l'honneur français. L'Europe vous contemple, la postérité s'avance. Elle vous jugera, et sa voix perce les siècles.
Je vote, comme mesure de sûreté générale, pour la détention du ci-devant roi pendant tout le temps de la guerre, et l'expulsion un an après que les despotes coalisés contre la France auront posé les armes et reconnu la république. »
Inscrit plus tard sur la liste des émigrés, Marey obtint sa radiation. Il épousa une fille de l'illustre Monge, et en eut sept enfants, dont six fils. De là lui vint le nom de Marey-Monge, qu'il porta jusqu'à sa mort (1818).