Jean, Joseph Catelas
1894 - 1941
Mort pour la France
* : Un décret de juillet 1939 a prorogé jusqu'au 31 mai 1942 le mandat des députés élus en mai 1936
Né le 6 mai 1894 à Puisieux (Pas-de-Calais), mort le 24 septembre 1941 à Paris-14e.
Député de la Somme de 1936 à 1941.
Dès douze ans, aussitôt obtenu son certificat d'études, Jean Catelas, septième enfant d'une famille modeste qui en compta neuf, devient ouvrier bonnetier, profession qu'il exerce jusqu'en 1914.
Il fait toute la Grande guerre dans l'infanterie. Sa conduite exemplaire au feu lui vaut plusieurs citations à l'ordre de l'armée et la Médaille militaire.
Démobilisé, il entre à la Compagnie des chemins de fer du Nord comme garde-frein. Il passera, en 1924, chef de train. D'emblée, il se lance dans les luttes syndicales. Il participe activement au mouvement de 1920. Deux ans plus tard, il est élu secrétaire du syndicat des cheminots, poste qu'il ne quittera, après dix ans, que pour des fonctions plus importantes.
Membre du parti communiste depuis le congrès de Tours de 1920, bon orateur, militant ardent, propagandiste infatigable, il sera désigné par le congrès d'Arles, en décembre 1937, pour siéger au Comité central du parti.
Aux élections générales législatives des 1er et 8 mai 1932, il est le porte-drapeau du parti communiste dans la première circonscription d'Amiens. Mais, au premier tour de scrutin avec 1.475 voix, comme au second avec 1.460, il reste loin derrière Lucien Lecointe qui en obtient successivement 6,433 puis 11.435 et qui enlève le siège. Tête de liste de son parti à Longueau, lors des élections municipales de 1935, il se présente à nouveau, les 26 avril et 3 mai 1936, aux suffrages des électeurs de la première circonscription d'Amiens. Il mène une vive campagne contre son rival heureux de 1932, «le réactionnaire Lecointe, homme de Laval, candidat de la grosse bourgeoisie et qui n'a plus rien pour se réclamer de la classe ouvrière». Il l'emporte, au second tour de scrutin, avec 11.280 voix contre 10.598 à Lecointe, sur 22.327 votants.
,Au Palais-Bourbon, inscrit au groupe communiste, il consacre son attention principalement à l'hygiène populaire, à la défense de l'enfance, aux classes moyennes, en même temps qu'à toutes les questions ouvrières. Il appartient d'ailleurs successivement aux Commissions de l'hygiène, de la santé publique, des douanes et conventions commerciales et du commerce et de l'industrie. La discussion du budget de 1938 lui est l'occasion de s'élever contre la « régionalisation » des services des assurances sociales et de réclamer le retour à une organisation départementale. On lui doit plusieurs rapports sur des opérations électorales et le 5 juin 1936, au nom de son parti, il demande - en vain - l'invalidation de Jacques Doriot qui n'avait obtenu, à Saint-Denis, que 698 suffrages de plus que le candidat communiste Grenier.
Pendant la guerre civile d'Espagne, Jean Catelas est l'un des plus actifs soutiens des républicains espagnols en France. Chaque mois il se rend, parfois à plusieurs reprises, dans la péninsule afin de voir sur place, souvent en première ligne, comment les aider. Le 14 juillet 1938, sur le front de l'Ebre, il participe, au milieu des volontaires français de la brigade «La Marseillaise », à la préparation de la grande attaque qui sera lancée onze jours plus tard. L'échec des républicains espagnols n'entame pas sa résolution de lutter contre la « cinquième colonne » et le fascisme.
Vient la guerre de 1939-1940. Fidèle à son parti, Catelas tombe sous le coup de la loi du 20 janvier 1940 et la Chambre constate, le 20 février, sa déchéance de la qualité de député. Après l'invasion allemande, il est l'un des premiers organisateurs de la publication clandestine de l'Humanité. En octobre, il adresse à ses camarades cheminots d'Amiens une lettre pour les inciter à rester groupés dans leur syndicat et à y poursuivre la lutte : « Accrochez-vous, écrit-il. Restez-y envers et contre tous, pour en refaire contre les traîtres et contre les lâches votre moyen de défense des revendications et de libération des Français ».
Arrêté le 16 mai 1941 pour ses activités clandestines et condamné à mort par le Tribunal d'Etat du Gouvernement de Vichy, Jean Catelas se montra jusqu'au bout d'une parfaite fermeté et dans la cour de la prison de la Santé, le 24 septembre, monta sur l'échafaud en chantant la Marseillaise. Il n'avait que 47 ans.
Né le 6 mai 1894 à Puisieux (Pas-de-Calais)
Décédé le 24 septembre 1941 à Paris
Député de la Somme de 1936 à 1940
(Voir première partie de la biographie dans le dictionnaire des parlementaires français 1889-1940, tome III, p. 901, 902)
Entré dans la clandestinité depuis octobre 1939, Jean Catelas participe à la réactivation des syndicats de cheminots d'obédience communiste, dissous en septembre 1939. En juillet 1940 il préside à Clichy une réunion qui reconstitua leur direction clandestine et organisa la mise en place de comités populaires à la base. Il exerce par ailleurs des responsabilités à l'Humanité alors interdite et à ce titre il prend part, aux côtés de Maurice Tréand, aux négociations engagées avec les autorités d'occupation en vue de la reparution légale de ce journal. Cependant de nombreux témoignages font état de ses réserves.
Figurant parmi les principaux membres de la direction du Parti communiste restés à Paris. Jean Catelas est appréhendé le 14 mai 1941. Emprisonné à la Santé, il partage un temps la cellule de Gabriel Péri. Les charges retenues contre lui concernaient sa « Lettre aux cheminots d'Amiens » par laquelle, en octobre 1940, il les incitait à la lutte « contre les traîtres et les lâches » et pour « la défense des revendications et la libération des Français ».
Le 9 septembre 1941 le gouvernement de Vichy créa le « Tribunal d'Etat », juridiction d'exception qui le condamne à mort le 21 septembre. Le 24 septembre, Jean Catelas gravit l'échafaud, dressé dans la cour de la Santé, en chantant la Marseillaise. Les bourreaux déclarèrent qu'il s'était lui-même jeté sous la lame en criant « Vive la France ».