Jean-Baptiste Piette
1747 - 1818
- Informations générales
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- Né le 1er août 1747 à Rumigny ( - Généralité de Châlons-en-Champagne - France)
- Décédé le 2 octobre 1818 à Rumigny (Ardennes - France)
1747 - 1818
Membre de la Convention, député au Conseil des Anciens, né à Rumigny (Généralité de Châlons-en-Champagne, France) le 1er août 1747, mort à Rumigny (Ardennes) le 2 octobre 1818, « fils de Pierre-Louis Piette, notaire royal, et de Jeanne-Philiberte Boulvert », il fit de bonnes études à Charleville et à Paris, et entra, comme volontaire, dans le régiment de dragons commandé par le marquis de La Blache.
Il quitta le service sur les instances de sa famille, fit son droit, et fut reçu avocat au bailliage ducal de Rumigny, le 12 décembre 1771. En 1780, il joignit à cette charge celle de notaire royal. Imbu des idées philosophiques du XVIIIe siècle, il applaudit aux débuts de la Révolution, fut élu maire de Rumigny le 31 janvier 1790, et échangea ces fonctions contre celles, également électives, de juge de paix (24 octobre suivant). Le 26 août 1792, il fut le premier des cinq électeurs choisis par l'assemblée primaire de Rumigny pour représenter ce canton à l'assemblée électorale chargée de nommer les députés des Ardennes à la Convention. L'assemblée devait se tenir à Sedan; mais le voisinage de l'armée prussienne ayant jeté une panique dans cette ville, Piette fut délégué pour se rendre compte de la situation. Signalé à l'ennemi, et poursuivi par un peloton de cavalerie, il lança sa voiture dans la Meuse à un endroit guéable, et échappa ainsi aux Prussiens qui n'osèrent pas s'aventurer sur l'autre rive.
L'assemblée électorale se réunit à Méziéres, le 5 septembre 1792, et Piette y fut élu 2e député-suppléant à la Convention pour le département des Ardennes, à la pluralité des voix. Nommé (janvier 1793) membre du directoire du département des Ardennes, il porta vainement a Paris (mai) les plaintes de l'administration du département contre les mesures révolutionnaires des représentants en mission, Hentz et Laporte, qui, le 24 octobre suivant, destituèrent et emprisonnèrent les plaignants.
Mais, depuis quatre mois, Piette avait été appelé à siéger à la Convention (12 juin), en remplacement de M. Mennesson démissionnaire. Membre des comités des finances, des domaines et d'aliénation, il fut l'instigateur de maintes mesures de clémence, fit sortir trois fois de prison son ancien colonel, le marquis de la Blache, et éveilla par cette attitude les défiances du comité de salut public, qui, le 31 janvier 1794, écrivit à l'administration des Ardennes pour avoir des l'enseignements sur son compte. La réponse, qui est encore aux archives départementales à Mézières, parle de la résistance de Piette aux arrêtés de Hentz et de Laporte, et, sans vouloir rien préjuger, insinue que « les coups frappants et salutaires que portèrent aux ennemis de la Révolution ces deux estimables représentants, firent jeter les hauts cris par tous ceux qui, sans doute, se sentaient entachés de modérantisme et d'aristocratie, ou attaqués de toute autre maladie contre-révolutionnaire. » M. Piette ne fut pas inquiété, et se mêla peu d'ailleurs aux luttes des partis jusqu'au 9 thermidor.
Après cet événement, il fut de ceux qui s'attachèrent à réparer les injustices commises. Le 5 septembre, il fit rendre un décret accordant aux Cent-Suisses l'indemnité qui leur était due, prit la défense (17 février 1795) de plusieurs de ses compatriotes accusés d'avoir tenu des propos inciviques, et fit renvoyer absous les juges d'Attigny accusés de prévarication. En août suivant, il réclama des mesures contre la disette qui régnait alors, en dépit des murmures d'une soixantaine de ses collègues disant qu'il était « impolitique de dévoiler ces misères ». Le 7 mars, il sollicita de la Convention et obtint un secours de 3,000 livres pour Mlle de Sombreuil, qui se trouvait dans un complet dénuement.
Le 21 vendémiaire an IV, Piette fut élu député des Ardennes au Conseil des Anciens par 133 voix sur 188 votants. Le 9 nivôse an V, il parla sur la nécessité de maintenir les ventes de biens nationaux, combattit, lors de la discussion de la loi du 18 frimaire sur les patentes, la proposition d'en exempter les peintres et les médecins, attaqua l'avis de la commission favorable au paiement en inscriptions des biens nationaux, fit (3 fructidor) un rapport sur l'ordre dans les successions des prêtres déportés, défendit son collègue Lannoy (de Vervins) qu'on voulait exclure du Corps législatif comme frère d'émigré, et fit rejeter (28 floréal an VI) une résolution autorisant la ville d'Issoudun à vendre les croix et les tombes de son cimetière, ce qui ne pourrait se faire, dit-il, « sans troubler le repos des morts et manquer au respect qu'on doit à leurs cendres ».
Il sortit du Conseil en germinal an VII, fut nommé (8 thermidor an VII) conseiller municipal de Rumigny; où il s'était retiré, et fut appelé, en 1801, aux fonctions de commissaire du pouvoir exécutif près le tribunal de Rocroi, titre qu'il échangea, en 1805, contre celui de procureur impérial près le même tribunal. Il continua d'habiter Rumigny, et fut forcé, en 1813, de résigner ses fonctions, en raison de l'état de sa santé.
Nommé, aux Cent-Jours (juin 1815), maire de Rumigny, il fut révoqué à la seconde Restauration, un mois après, puis fut réintégré, le 25 décembre suivant, dans ces mêmes fonctions, qu'il conserva jusqu'à sa mort. En 1816, c'est chez lui, à la Cour des Prés, près de Rumigny, que Carnot, proscrit, trouva momentanément un asile : Piette le conduisit lui-même jusqu'à la frontière. Riche en biens-fonds avant la Révolution, il s'appauvrit dans la gestion des affaires publiques. De son mariage (14 juin 1774) avec Mlle Marie-Louise La Caille, nièce du célèbre astronome, il laissa six enfants; l'une de ses arrière-petites-filles a épousé M. Duvaux, ancien ministre.