Diomède, Anne, Claude Catroux
1916 - 2008
Né le 1er mai 1916 à Paris (14e)
Député du Maine-et-Loire de 1951 à 1955
Secrétaire d'Etat à la Défense nationale et aux Forces armées (air) du 19 juin 1954 au 20 janvier 1955
Secrétaire d'Etat aux Forces armées (armement) du 20 janvier au 23 février 1955
Diomède Catroux est le fils de René Catroux, expert en tableaux anciens, qui fut condamné à mort en 1944, et s'évada de prison en avril pour prendre le maquis jusqu'à la Libération ; il est le neveu du général Catroux, membre du Comité national français de Londres et du gouvernement provisoire de la République française à Alger puis à Paris.
Il a fait ses études à Paris, aux lycées Buffon, Janson de Sailly et Condorcet. Elève de l'Ecole libre des sciences politiques, étudiant à la Faculté de droit, il obtient une licence es-lettres et un doctorat en droit, en présentant en 1939 une thèse sur « l'organisation des marchés agricoles en Algérie ». Il est, en outre, diplômé de l'Institut des études internationales. En 1938, il est chargé de mission au centre politique des affaires étrangères, pour la section d'Extrême-Orient.
Mobilisé en 1939, il entre à l'Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr d'où il sort en mai 1940. Il fait alors la campagne de France de mai à juin. Démobilisé, en octobre, il s'engage dans la Résistance et participe à l'organisation des premiers réseaux de résistants pour le renseignement et l'action. Jusqu'en novembre 1942, il se préoccupe de toutes les questions concernant le ravitaillement, l'agriculture et l'industrie. Il est amené à travailler avec Christian Pineau, un des fondateurs de « Libération Nord ». Membre des « Forces françaises libres », en 1943, il est condamné à mort par le gouvernement de Vichy. Il gagne Alger, où il est chargé de mission auprès de Jean Monnet, commissaire à l'armement, à l'approvisionnement et à la reconstruction dans le gouvernement provisoire. Dans cette même année, il est expert économique du gouvernement français à la conférence de l'U.N.R.A. à Atlantic-City. Il est ensuite nommé chef de cabinet du commissaire en mission aux Etats-Unis jusqu'en juin 1944 pour la préparation du débarquement en France occupée. D'octobre à décembre 1944, il est chef de cabinet du général Catroux, ministre d'Etat chargé de l'Afrique du Nord. Puis, il devient chef de cabinet de Christian Pineau, ministre du ravitaillement jusqu'en octobre 1945. Enfin, jusqu'en janvier 1946, il est conseiller technique au cabinet d'André Malraux, ministre de l'information, où il est particulièrement chargé de la réorganisation du ministère. Il reçoit la Croix de guerre avec palme, la Médaille des évadés, la Médaille des engagés volontaires, la Médaille de la France Libre, enfin la Légion d'honneur à titre militaire. En 1945, il publie un essai sociologique, Thomas l'incrédule.
De juin 1946 à janvier 1949, Diomède Catroux est membre de la Délégation permanente du gouvernement français au Conseil de sécurité des Nations-Unies. Il a en même temps une action politique militante. A partir du printemps 1947, il est appelé par André Malraux comme directeur général des services de presse et de propagande du Rassemblement du peuple français. Il le demeure jusqu'en 1951, moment où il se fait mettre en disponibilité. Il se marie et aura deux enfants.
Le 2 juin 1951, pour les élections législatives, il se présente en deuxième position sur la liste du R.P.F, dans le Maine-et-Loire, département où il a des attaches familiales, son père étant originaire de Montrevault. La profession de foi du R.P.F. le présente comme « une des personnalités les plus redoutées du Parti communiste ». Dans ce département où six sièges sont à pourvoir, un apparentement est conclu entre le M.R.P. et les Indépendants paysans, mais il n'atteint pas la majorité absolue. Sur 298 103 électeurs inscrits et 229 761 suffrages exprimés, le R.P.F. avec 83 350 voix arrive en tête et emporte trois sièges, le M.R.P., avec 47 231 voix, obtient deux sièges et les Indépendants paysans, avec 36 609, un siège.
Diomède Catroux s'affirme d'emblée comme un parlementaire de talent possédant ses dossiers, et un polémiste redoutable. Il est nommé membre de plusieurs commissions celle des affaires économiques (1951) et celle de la presse (1954), et membre suppléant de la Commission des finances. La Commission des affaires économiques le désigne, le 3 février 1953, pour faire partie de la Sous-commission chargée de suivre et d'apprécier la mise en œuvre de la convention de coopération économique européenne et du programme de relèvement européen, le 5 mars 1954, de la Commission de coordination pour l'étude des questions relatives à la Communauté européenne de charbon et de l'acier, le 8 juin de la même année, de la Commission de coordination pour l'examen des problèmes intéressant les Etats associés d'Indochine en qualité de membre suppléant.
Diplomate de profession, ses interventions ont surtout porté sur la politique étrangère et la politique militaire. Il est un des principaux porte-parole du R.P.F. pour défendre l'identité nationale. « Nous voulons, déclare-t-il dans le débat du 7 décembre 1951, sur la ratification du traité instituant la C.E.C.A., une France bien saine, bien vivante. Nous demandons seulement que le gouvernement ne livre pas le corps fragile de l'Europe aux démons intérieurs d'une Allemagne qui se croira libre, ayant tout obtenu ». Face à l'instabilité ministérielle, il met en évidence, à plusieurs reprises, les insuffisances du système politique. Ainsi dans le débat sur la loi de finances, le 5 décembre 1952 : « Si vous n'avez pas réussi, ce n'est pas parce que votre volonté de stabiliser le franc était mauvaise en soi - elle est même nécessaire et s'imposerait demain à vos successeurs - mais parce que les conditions de vie de l'appareil de l'Etat sont défectueuses ».
Après l'éclatement du R.P.F., Diomède Catroux appartient à cette faction de députés gaullistes influencés par les analyses et la personnalité de Pierre Mendès-France. Dans le débat d'investiture du 5 juin 1953, qui ne permet pas à Pierre Mendès-France d'atteindre la majorité requise, il déclare : « Vous avez fait renaître l'espoir qu'un jour, un regroupement social et national s'opérera pour faire que la France retrouve dans les instances internationales l'autorité qui lui est nécessaire pour négocier ses chances de vie, le maintien de l'Union française et également sa place dans le monde ». Il est amené à prendre nettement position contre l'institution de la Communauté européenne de défense. « Nous n'avons pas le droit, déclare-t-il le 19 novembre 1953, de laisser disparaître la France au profit d'une Europe allemande ». Mais, en même temps, il approuve la recherche d'une paix honorable en Indochine. Au printemps 1954, il est élu conseiller municipal de Montrevault.
Persuadé que « c'est à Paris que se gagne la partie de la France dans le Monde », il accepte, avec quelques uns des Républicains sociaux, d'entrer dans le gouvernement que forme Pierre Mendès-France. Le 19 juin 1954, il est nommé secrétaire d'Etat aux Forces armées pour l'Air. Le 3 août 1954, lors du vote de la question préalable opposée par le général Aumeran, qui entraîne le rejet de la C.E.D., il ne prend pas part au vote. Ses responsabilités gouvernementales l'amènent à être partie prenante dans les études pour la fabrication de l'arme atomique française. Le 20 janvier 1955, dans le remaniement qu'effectue Pierre Mendès-france, il est nommé secrétaire d'Etat à l'Armement, mais le gouvernement « tombe » le 4 février.
Redevenu simple député, il intervient à plusieurs reprises sur la question marocaine pour dénoncer les illusions d'une politique de force qui « compromet la France avec le Maroc traditionaliste ». Dans le débat du 28 octobre 1955, il est amené à définir sa position politique : « il se trouve que ma tendance marquée par les positions que j'ai prises, est une tendance libérale, que je qualifierai de centre-centre-gauche et que tout m'incite à refuser la confiance au gouvernement mais, pour ne pas remettre en cause l'évolution du Maroc, je l'accorderai ».
Le 2 janvier 1956, pour les élections législatives anticipées, Diomède Catroux se représente dans le Maine-et-Loire sur une liste d'Union nationale d'action sociale. Aucun des trois apparentements conclus n'obtient la majorité absolue. Les six sièges à pourvoir sont répartis à la proportionnelle. Sur 320 438 électeurs inscrits et 254 739 suffrages exprimés, le M.R.P., avec 53 075 voix conserve trois sièges, une liste d'Union des indépendants d'action démocratique, avec 28 590 voix, une liste d'Union nationale d'action sociale, avec 24 155 voix, et le Centre national des indépendants et paysans, avec 22 943 voix, obtiennent chacun un siège. Deuxième de liste, Diomède Catroux n'est pas réélu. Il reprend une activité professionnelle en étant directeur financier de Publicis et de Régie Presse. Il garde ses attaches politiques avec les milieux gaullistes et soutient le retour au pouvoir du général de Gaulle.
Diomède CATROUX
Né le 1er mai 1916 à Paris
Décédé le 8 mars 2008 à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine)
Député des Alpes-Maritimes de 1962 à 1967
(pour la première partie de la biographie, voir le Dictionnaire des parlementaires de la IVe République)
Diomède Catroux soutient en 1958 le retour du général de Gaulle. Il renoue avec un mandat politique aux élections législatives de novembre 1962. Il reçoit l’investiture de l’Union pour la nouvelle République (UNR) dans la deuxième circonscription des Alpes-Maritimes (Nice IV-V) pour faire pièce à la droite non gaulliste. Le premier tour l’oppose à Jacques Médecin, membre du Centre républicain et fils du député-maire sortant Jean Médecin, par ailleurs conseiller général. Le candidat gaulliste se place en tête à l’issue du scrutin, recueillant 41 % des 39 304 suffrages exprimés contre 24,8 % pour Jacques Médecin et 17,1 % pour la candidate communiste Madeleine Milon-Faraut. Ces trois candidats se maintiennent au second tour, qui voit une nette victoire de Diomède Catroux, réunissant 63,6 % des voix, en dépit de la configuration d’une triangulaire.
Inscrit au groupe Union pour la nouvelle République, le député des Alpes-Maritimes siège à la commission des finances, puis à la commission des affaires étrangères, à partir du mois d’avril 1966. Rapporteur spécial du budget du plan et de l’aménagement du territoire en 1962, 1963 et 1964, il intervient dans la discussion de ces crédits budgétaires, en séance publique, pour défendre la politique de rééquilibrage des régions françaises. Il témoigne de l’inquiétude de la commission pour la Délégation à l’aménagement du territoire et à l’action régionale (DATAR), nouvellement créée. Le 27 novembre 1963, Diomède Catroux se demande si « la Délégation recevra [...] dans l’appareil gouvernemental français la place que requiert le problème important qu’elle doit résoudre.» Le député s’intéresse aussi au budget de la politique touristique. Le 16 janvier 1963, il souligne l’importance économique du secteur et prend l’exemple de Nice pour attester l’insuffisance des infrastructures de transport et la nécessité d’augmenter l’offre hôtelière, dans un contexte de concurrence accrue avec la Grèce et l’Espagne. Il adresse au ministre de l’Education nationale une question relative au CHU de Nice en novembre 1963.
Le député des Alpes-Maritimes s’exprime également sur la protection des animaux (octobre 1963), et la politique de création d’organismes de recherche (novembre 1966). Au cours de son mandat, Diomède Catroux est nommé représentant de la France au Parlement européen, fonction qu’il occupe de 1965 à 1967.
Lors des grands scrutins de la législature, Diomède Catroux soutient avec constance l’action du gouvernement. Il se prononce en faveur de la ratification du traité de l’Elysée sur la coopération franco-allemande le 13 juin 1963, du projet de loi encadrant les grèves des services publics le 26 juillet 1963, de la modification des dates des sessions parlementaires le 20 décembre 1963, de la réforme du mode d’élection des conseillers municipaux le 17 juin 1964 et de la réforme du service national, le 26 mai 1965.
Les élections législatives de 1967 voient le député sortant, candidat à sa propre succession, affronter à nouveau Jacques Médecin, devenu entretemps le successeur de son père à la mairie de Nice. Le premier tour est beaucoup moins favorable à Diomède Catroux : bien qu’il recueille 31,3 % des 53 034 suffrages exprimés, son principal adversaire arrive en tête avec 43,8 % des votes, quand le communiste Francis Lombardi atteint le score de 18,5 %. Le député sortant est battu dans la triangulaire du second tour. Il plafonne à 31,2 % des suffrages contre 49,5 % à Jacques Médecin. Après cette défaite, Diomède Catroux ne se représente plus aux élections législatives et clôt, à 51 ans, un engagement politique commencé dans la Résistance. Cela ne l’empêche pas de participer au débat public, par des tribunes publiées dans la presse à l’occasion du référendum de 1969 ou encore, en tant que président de France-Israël, lors de la guerre du Kippour en 1973. Membre du conseil d’administration de différentes sociétés, dont Fiat automobile France, il s’investit également dans les institutions européennes, en particulier en tant que vice-président du Centre européen de coopération internationale (CECI) de 1975 à 1982, mais aussi dans le monde associatif, à la présidence l’association Tiers-Monde.
Diomède Catroux meurt le 8 mars 2008, à l’âge de 91 ans. Il était chevalier de la Légion d’honneur et Croix de guerre 1939-1945.