Philibert Simond

1755 - 1794

Informations générales
  • Né le 7 septembre 1755 à Rumilly ( - Duché de Savoie - Royaume de Sardaigne)
  • Décédé le 14 avril 1794 à Paris (Département de Paris - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Révolution
Législature
Convention nationale
Mandat
Du 8 septembre 1792 au 14 avril 1794
Département
Bas-Rhin
Groupe
Montagne

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Membre de la Convention, né à Rumilly (Duché de Savoie) le 7 septembre 1755, exécuté à Paris (Département de Paris) le 14 avril 1794, il fut élevé par son oncle, le curé de Pers, et fut ordonné prêtre en 1779.

Après quelques mois de vicariat au Petit-Bornand, il vint à Paris poursuivre ses études de théologie, fit une fugue en Hollande, et, de retour en Savoie, afficha des opinions révolutionnaires qui lui valurent, du Sénat de Savoie, un ordre d'arrestation. Il réussit à s'échapper par la Suisse, et gagna Genève, puis Strasbourg, où il devint vicaire épiscopal de l'évêque constitutionnel.

Elu, le 8 septembre 1792, député du Bas-Rhin à la Convention, le 9e et dernier, par 302 voix sur 560 votants, il prit place à la Montagne, et demanda à être envoyé en mission dans son pays qui venait d'être occupé par nos armées.

Il fut dans l'assemblée des Allobroges l'un des promoteurs du vœu de réunion de la Savoie à la France, et, après le décret de réunion voté par la Convention, fut un des quatre commissaires chargés de l'organisation du nouveau département du Mont-Blanc.

Le 14 janvier 1793, il écrivit de Chambéry à la Convention avec ses collègues, Grégoire, Jagot et Hérault de Séchelles, que « leur vœu était pour la condamnation de Louis, sans appel au peuple ».

Après avoir comprimé quelques tentatives de soulèvement dans le haut Faucigny, Simond revint à Paris (avril 1793), se montra des plus fougueux montagnards, attaqua les Girondins, traita Isnard, qui présidait, de contre-révolutionnaire (23 mai), et fut un des agents les plus actifs de l'attentat du 31 mai. Il demanda l'envoi des « freluquets » aux armées, et leur remplacement dans les bureaux par des pères de famille, appuya la motion de Barère contre Custine, qui, « quand les décrets de la Convention lui déplaisaient, en faisait des papillottes », défendit le patriotisme des Savoisiens mis en suspicion lors du soulèvement de Lyon (25 août), et fut nommé commissaire extraordinaire à l'armée des Alpes. Là, il provoqua une levée en masse, exerça une véritable dictature, repoussa l'ennemi, et accomplit sa mission avec un plein succès.

Rappelé en novembre, il prit une part importante aux discussions qui agitèrent alors la Convention ; mais ses relations avec Hérault de Séchelles et Danton le rendirent bientôt suspect à Robespierre, qui, à propos d'une réclamation des habitants du Mont-Blanc contre des taxes arbitraires, le prit vivement à partie, lui reprocha de ne pas respecter les décrets de la Convention et l'accusa de modérantisme.

Simond demanda (13 décembre) à la Convention de renouveler le comité de salut public ; la motion fut repoussée, et les déclamations du député du Bas-Rhin au club des Jacobins, où il parlait assidûment, ne lui firent pas pardonner l'indépendance de son langage. Il dut s'y défendre de manœuvres contre-révolutionnaires ; comme on lui demandait (28 frimaire an II) s'il était noble : « C'est bien assez d'être prêtre », répondit-il. Dénoncé à la Société des Jacobins par la Société populaire de Chambéry, il demanda une enquête, et, en parlant des autres députés du département qui siégeaient à la Plaine : « On croirait difficilement, dit-il, que d'un département de six cents lieues carrées, et sur lequel reposent les plus hautes montagnes du monde, soient sortis sept oiseaux marécageux qui sont venus croasser à la Convention, défendre les ordures politiques des conspirateurs, l'or et le crime des égoïstes, les débauches et l'ambition des privilégiés, avec l'air de parler au nom de 450 000 citoyens dont la frugalité, le travail et la bonne foi sont les passions et la volonté de tous les jours. » Il les dénonça à son tour, mais ne put détourner l'orage qu'accumulaient contre lui les Savoisiens qu'il avait mécontentés et qui l'accusaient d'avoir reçu des montres en or à répétition de la fabrique de Cluses, et d'avoir sévi contre « les patriotes ». En vain sa maîtresse, Aurore de Bellegarde, le prévint-elle du danger ; il n'y croyait pas ; une imprudence qu'il commit en visitant dans sa prison un prévenu d'émigration qu'on avait arrêté dans l’appartement d'Hérault de Séchelles, fut l'occasion qui le perdit.

Le comité de salut public le fit arrêter comme complice et enfermer au Luxembourg ; à la Convention, Saint-Just justifia l'arrestation sous le vague prétexte de complicité dans une conspiration, et, quinze jours après, un codétenu, Laflotte, dénonça expressément Simond comme tramant au Luxembourg une conspiration en faveur de Danton et autres : Vadier et Couthon ajoutèrent que la conspiration avait aussi pour but « de remettre le fils Capet aux mains de Danton chargé de le proclamer ».

Décrété d'accusation le 18 germinal, Simond comparut devant le tribunal révolutionnaire le 21 ; il demanda à prouver que Laflotte n'était qu'un misérable, et, n'ayant reçu aucune réponse, il renouvela sa demande par écrit à Fouquier-Tinville, sans plus de succès ; il fut exécuté le lendemain avec Gobel, Chaumette, Dillon, Lucile Desmoulins, et vingt et un autres condamnés.