Godefroy, Jacques, Marie, Eugène Cavaignac
1853 - 1905
Fils de Jacques-Marie, vicomte de Cavaignac (1773-1855), pair de France, Jacques, Marie, Eugène, Godefroy Cavaignac, député de 1882 à 1889, né à Paris, le 21 mai 1853, il fit de bonnes études au lycée Charlemagne à Paris et fut élevé dans l'intimité des familles Dufaure, de Lasteyrie, etc.
Lauréat du concours général de 1867, il souleva, lors de la distribution des prix à la Sorbonne, un incident qui eut du retentissement, en refusant de recevoir des mains du fils de Napoléon III, le prix de version grecque qu'il avait mérité.
Pendant la guerre contre l'Allemagne, âgé de dix-sept ans, il s'engagea volontairement et fut décoré de la médaille militaire pour sa conduite au plateau d'Avron. Admis à l'Ecole polytechnique en 1872, il en sortit dans les premiers rangs, et fut nommé ingénieur des ponts et chaussées à Angoulême. Puis, s'étant fait recevoir licencié en droit, il fut nommé maître des requêtes au Conseil d'Etat.
C'est en 1882 que M. Godefroy Cavaignac aborda la carrière parlementaire : il fut élu le 26 février, en remplacement du comte de Perrochel, décédé, député de l'arrondissement de Saint-Calais (Sarthe), par 10 010 voix sur 11 096 votants et 18 115 inscrits, contre 510 voix à M. Charbonnier. Il se fit inscrire à l'Union républicaine et à l'Union démocratique, fut secrétaire de la Chambre, membre, pendant deux ans, de la commission du budget, et rapporteur des chemins de fer de l'Etat, qu'il a défendus à la tribune. M. G. Cavaignac prit plusieurs fois la parole, dans diverses questions économiques et techniques. À l'avènement du cabinet Brisson, (1885) il fut nommé sous-secrétaire d'Etat à la guerre. Il avait voté, durant la législature, constamment avec les opportunistes :
- le 4 mars 1882, contre l'amendement J. Roche sur l'élection du maire de Paris ;
- le 7 mars, contre la proposition Boysset tendant à l'abrogation du Concordat ;
- le 29 janvier 1883, contre le principe de l'élection de la magistrature ;
- le 6 mars, contre la révision et pour le ministère Ferry.
Il s'était prononcé, en outre :
- pour l'expédition du Tonkin,
- pour le maintien de l'ambassadeur près du pape,
- contre l'élection du Sénat par le suffrage universel.
Porté le 4 octobre 1885, sur la liste opportuniste, il fut élu député de la Sarthe, le 3e sur 7, par 54 128 voix (107 837 votants, 127 345 inscrits.) Il se prononça :
- contre la proposition Michelin tendant à rechercher les causes et l'origine de l'expédition du Tonkin,
- contre la suppression des sous-préfets,
- pour les ministères Rouvier et Tirard ;
dans la dernière session, il a voté :
- pour le rétablissement du scrutin uninominal (11 février 1889),
- pour l'ajournement indéfini de la révision de la Constitution,
- pour les poursuites contre trois députés membres de la Ligue des patriotes,
- pour le projet de loi Lisbonne, restrictif de la liberté de la presse,
- pour les poursuites contre le général Boulanger.
Né à Paris, le 21 mai 1853, mort au château d'Ourne, près de Flée (Sarthe) le 24 septembre 1905.
Député de la Sarthe de 1882 à 1905.
Ministre de la Guerre en 1885, 1895 et 1898.
Ministre de la Marine et des colonies en 1892.
(Voir première partie de la biographie dans ROBERT ET COUGNY, Dictionnaire des Parlementaires, t. 1, p. 619).
Sur le plan local, il était déjà maire de Flée et conseiller général de la Sarthe. Il fut élu président de l'Assemblée départementale, en 1892.
Il retrouva son siège de député, sous l'étiquette républicaine, au premier tour de scrutin, aux élections générales du 22 septembre 1889, dans la circonscription de Saint-Calais par 8.777 voix sur 15,268 votants, contre M. Dugué qui en obtenait 6.229. Il se fit inscrire au groupe agricole.
Au cours de cette cinquième législature, il appartint à plusieurs commissions spéciales, notamment à celle des chemins de fer (1890) et à celle du budget (1892) qui le nomma rapporteur général.
Il fut chargé de plusieurs rapports ; sur les réquisitions militaires (1890), le service de l'état-major (1890), sur une proposition de loi tendant à venir en aide aux familles des marins qui périrent dans le naufrage de la goëlette «La Bretagne », sur une ouverture de crédits (1891), sur le projet de loi portant fixation du budget général de l'exercice 1892 à titre de rapporteur général et il fut entendu à plusieurs reprises dans la discussion de ce projet de loi (1891 et 1892). Il prit part en outre à la discussion de l'interpellation de M. C. Dreyfus sur la politique générale du Cabinet et sur les causes qui amenèrent la retraite de M. Constans, Ministre de l'Intérieur (1890).
En qualité de rapporteur général on l'entendit dans la discussion du projet de loi relatif aux encouragements spéciaux à donner à la sériciculture (1891), dans la discussion des crédits d'inscription et de paiement pour le service des pensions civiles (1891), dans la discussion du tarif général des douanes (1891).
Il fut nommé Ministre de la Marine et des Colonies, le 27 février 1892, dans le Cabinet présidé par M. Emile Loubet. En cette qualité, il participa à la discussion des projets de loi portant ouverture de crédits relatifs au Soudan et au Dahomey et de l'interpellation de M. Hervieu sur les questions relatives au Dahomey (1892). On l'entendit en outre dans le débat sur le collectif de l'exercice 1891 (Ministère de la Marine). Il répondit à une question de M. de Pourquery de Boisserin, concernant le commandement des opérations militaires, question qui fut transformée en interpellation.
Il démissionna, avec tout le Cabinet, le 6 décembre 1892, après un vote de la Chambre des députés qui subordonnait au commandement de l'armée de terre, les forces navales existant au Dahomey. Ayant regagné son banc de député, il prit part à la discussion de l'interpellation de M. Goussot sur la sanction politique que comptait donner le Gouvernement aux mesures prises à l'égard de dix membres du Parlement mis en cause dans l'affaire du Panama. Il prononça à ce sujet un discours qui fit une grande impression (1893). Il participa également à la discussion de l'interpellation de M. Leydet sur la politique générale du Gouvernement et demanda à interpeller le Cabinet sur les faits ayant amené la démission de M. Bourgeois, Garde des Sceaux (1893).
Il fut réélu député, aux élections générales du 20 août 1893, au premier tour de scrutin, dans la même circonscription par 11.230 voix sur 12.399 votants, sans concurrent.
Au cours de cette sixième législature, il appartint à la Commission de l'armée (1894), à la Commission du budget (1894, 1895) et à la Commission de la réforme de l'impôt (1894).
Il présenta deux propositions de loi, l'une sur la répartition de la contribution foncière (1894), l'autre sur l'organisation d'une armée coloniale (1895). Il déposa plusieurs rapports: sur l'établissement de l'impôt sur le revenu (1895), sur les crédits ouverts pour l'exécution des manœuvres de 1895 (1895), sur le budget général de l'exercice 1896 (guerre). Il participa à la discussion des projets de loi concernant les contributions directes (1894), et portant fixation du budget de l'exercice 1895 ; participa aux débats sur les conventions de la Compagnie des chemins de fer du Sud de la France (1894), et sur les contributions directes de l'exercice 1896 (1895).
Nommé Ministre de la Guerre, dans le Cabinet présidé par M. Léon Bourgeois, par décret du 1er novembre 1895, il prit part, en cette qualité, à la discussion : des interpellations concernant la préparation de l'expédition de Madagascar, du budget de l'exercice 1896 (guerre), du projet de loi relatif aux décorations supplémentaires à accorder aux militaires et marins qui firent partie de l'expédition de Madagascar (1896), du projet de loi relatif au mode de nomination aux emplois réservés, aux sous-officiers rengagés (1896), et dans les discussions relatives au rengagement des sous-officiers et à la réforme de la loi des cadres (1896). Démissionnaire de ses fonctions ministérielles, avec tout le Cabinet le 29 avril 1896, il prit part, en qualité de député, aux discussions relatives ; à l'organisation du haut commandement (1897), au principal de la contribution foncière des propriétés non bâties (1897), aux contributions directes (1897).
Il interpella le Gouvernement sur le dégrèvement des petites cotes foncières et présenta à cette occasion un ordre du jour motivé (1898). Il participa à la discussion d'une interpellation sur les mesures que le Ministre de la Guerre comptait prendre à la suite d'un article publié par M. Zola (lettre publique « J'accuse ») et présenta un ordre du jour motivé pour clore le débat (1898).
Il se fit entendre en outre dans la discussion: du budget de l'exercice 1898 (guerre), de l'interpellation de M. Hubbard sur l'attitude que le Ministre de la Guerre avait laissé prendre à deux officiers généraux devant la justice civile.
Il fut réélu député, aux élections législatives du 8 mai 1898, au premier tour de scrutin, dans la même circonscription par 12.653 voix sur 13.562 votants, sans concurrent.
Il intervint dans la discussion qui s'ouvrit sur la fixation de la date de discussion de l'interpellation de M. Castelin sur l'affaire Dreyfus.
Il fut renommé Ministre de la Guerre dans le deuxième Cabinet Henri Brisson par décret du 28 juin 1898.
En cette qualité, il répondit à l'interpellation présentée par M. Krantz sur la politique générale du Gouvernement (1898), prit la parole au cours de la discussion de l'interpellation de M. Castelin sur l'affaire Dreyfus et sur la fixation de la date de discussion de l'interpellation de M. Fournière concernant l'authenticité des pièces communiquées à la Chambre dans la séance du 7 juillet 1898. Il défendit en outre le projet de loi portant ouverture de crédits sur l'exercice 1898.
Le 7 juillet 1898, au cours d'une séance mouvementée, il déclara posséder la preuve de la culpabilité de Dreyfus et, malgré la découverte du faux du colonel Henry, persista dans son opinion : il s'opposa à la révision du procès. Cette révision ayant été malgré lui décidée le 3 septembre 1898, il démissionna du Ministère (5 septembre 1898).
Il adhéra alors au groupe nationaliste et à la « Patrie française ». Revenu à son banc de député, il fut entendu, à plusieurs reprises, dans les discussions relatives à l'affaire Dreyfus : sur la demande en révision du procès, sur le renvoi devant un conseil de guerre du colonel Picquart, sur la communication du dossier secret à la Cour de Cassation et sur la démission de M. Quesnay de Beaurepaire (1899). Il fut réélu, aux élections générales législatives du 27 avril 1902, au premier tour de scrutin, toujours dans la même circonscription par 10.604 voix sur 15.336 votants, contre M. Gigon qui en obtenait 4.575.
Il participa au cours de cette huitième législature, à l'incident se rattachant à l'affaire Dreyfus soulevé par M. Jaurès au cours de la discussion sur l'élection de M. Syveton et parla sur les ordres du jour motivés déposés à la suite de cet incident (1903).
Il demanda, avec MM. Gauthier (de Clagny), le lieutenant-colonel Rousset et Syveton à interpeller le Gouvernement sur l'expulsion de M. l'abbé Delsor (1904). Il fut un des adversaires des Ministères Waldeck Rousseau et Combes.
Esprit distingué et cultivé, homme de caractère, sachant prendre ses responsabilités, plusieurs fois Ministre, il s'attacha surtout aux questions militaires et aux questions financières. Lorsqu'il fut en désaccord avec ses collègues du Cabinet ou avec la majorité de l'Assemblée, il eut la dignité de se retirer du Gouvernement.
Il publia divers écrits politiques ou historiques, en particulier un ouvrage sur La formation de la Prusse contemporaine qui obtint le prix Thiers de l'Académie française. Il collabora à la Revue historique et à la Revue des Deux Mondes.
Il mourut, au cours des vacances parlementaires, le 24 septembre 1905 au château d'Ourne, près de Flée (Sarthe), alors qu'il n'avait que 52 ans. Il ne fut pas prononcé à la rentrée des Chambres, d'éloge funèbre, le décès ayant eu lieu pendant l'intersession.