Joseph, Marie, Jean Jouye de Grandmaison
1762 - 1839
- Informations générales
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- Né le 16 mai 1762 à Fort-royal ( - Martinique - Possession française)
- Décédé le 16 janvier 1839 à Eysines (Gironde - France)
1762 - 1839
Député au Conseil des Cinq-Cents, né à Fort-Royal (Martinique) le 16 mai 1762, mort dans son domaine de la Haudine au Haillan, commune d'Eysines (Gironde) le 16 janvier 1839, il était fils de Josoph-Jacques-Jean Jouye de Grandmaison, chevalier de Saint-Louis, aide-major de milice au bataillon du Fort-Royal de la Martinique et garde-magasin principal d'artillerie de cette ville, et de dame Marie-Jeanne Parent.
D'ancienne noblesse de Touraine, sa famille s'était établie vers 1750 à la Martinique, où elle compte encore de nombreux représentants; il était l'aîné de dix-huit enfants et fut envoyé de bonne heure à Paris pour faire ses études et son droit. Reçu avocat, il revint à la Martinique, et fut élu, en 1793, premier secrétaire de l'assemblée coloniale connue sous le nom d'assemblée représentative de la Martinique. Lors de l'arrivée du général vicomte de Rochambeau, il le soutint énergiquement, s'enferma avec lui au Fort-Royal, et, lorsque les Anglais se furent emparés de la colonie, dénoncé au vainqueur par les planteurs, fut sauvé par Rochambeau qui l'emmena parmi les personnes de sa suite, après lui avoir donne un brevet d'officier d'artillerie.
Grandmaison se fixa à Bordeaux. Une demande de passeport, adressée le 3 fructidor an III au conseil général de la commune de Bordeaux, « par le citoyen Grandmaison, déporté de la Martinique par les Anglais, pour aller aux colonies françaises par voie des pays neutres » prouve qu'il songeait alors à quitter la France.
Mais il ne donna pas suite à ce projet, fut nommé commissaire principal au bureau de la police générale de Bordeaux, et fut élu, le 26 germinal an VI, député de la Gironde au Conseil des Cinq-Cents, par 212 voix sur 245 votants. Bernadau, en notant cette élection dans ses Tablettes manuscrites, dit de Grandmaison : « déporté, qui passe pour le plus fort motionneur de nos clubs. » Grandmaison joua, en effet, un rôle des plus actifs au Conseil des Cinq-Cents.
Le 26 messidor an VI, il demanda le renvoi des fêtes religieuses au décadi: « Quoi, dit-il, tandis que le grand-prêtre de Rome, attaqué depuis si longtemps par la philosophie et détrôné par nos braves défenseurs, est obligé de porter de lieux en lieux sa piété vagabonde, ses ministres osent encore exercer parmi nous un insolent despotisme : ils défendent de travailler le dimanche, et empêchent les ouvriers catholiques de s'occuper ce jour-là dans les ateliers des théophilanthropes, qui ne célèbrent que le décadi! » Le 19 thermidor suivant, il s'opposa à la défense d'imprimer le calendrier grégorien; présenta (22 nivôse an VII) une motion sur les moyens d'assurer le partage équitable des prises maritimes; fut élu (1er messidor) secrétaire du Conseil; attaqua (17 thermidor) le rapport de Fouché contre les sociétés politiques: « Le rapport, dit-il, est faux et calomnieux; je vois le signal d'une réaction nouvelle; mais je jure, par les dangers de la patrie, que les républicains ne se laisseront pas égorger et sauront résister aux royalistes dont les bandes s'organisent contre eux. » Le 28, il se plaignit encore des persécutions exercées contre les républicains : « Je reconnais plus positivement, dit-il, un parti terrifiant qu'un parti terroriste; je vois une puissance secrète qui s'attache à persécuter les républicains et à diviser les membres du conseil; je veux que l'on perce les ténèbres qui enveloppent l'ordre par lequel la garde législative a été mise à la disposition du général Lefebvre, et propose de charger la commission des inspecteurs de prendre tous les renseignements à cet égard et d'en faire un rapport. » Les 2 et 12 vendémiaire an VIII, il prononça d'importants discours sur le recrutement et l'avancement des officiers de marine, et fut adjoint au comité de la marine.
Très hostile au coup d'Etat de Bonaparte, il demanda, dans la célèbre séance du 19 brumaire, que le conseil renouvelât son serment à la Constitution, lui fit jurer à l'unanimité de s'opposer à toute espèce de tyrannie, blâma la nomination de Bonaparte, faite la veille, au commandement de la force armée, et, lorsque celui-ci entra dans la salle des séances, « fut, dit un témoin oculaire, parmi ceux qui firent le plus d'efforts pour fendre la foule, arriver jusqu'à lui et l'atteindre. » Aussi fut-il, le soir même, au nombre des députés exclus de la représentation nationale. Envoyé en outre en surveillance à la Rochelle, il fut remis en liberté par un décret du 13 nivôse au VIII.
Il renonça alors complètement à la vie politique et se retira dans son domaine de la Haudine, près Bordeaux, où il fut connu, jusqu'à sa mort, sous le nom de « Grandmaison le Juste. » Il a laissé, en manuscrits, d'importantes notes sur la Révolution et principalement sur le coup d'Etat du 18 brumaire.