Paul, Jean-Baptiste Cazeneuve
1852 - 1934
Né le 10 janvier 1852 à Lyon (Rhône), mort le 30 mars 1934 à Paris.
Député du Rhône de 1902 à 1909.
Sénateur du Rhône de 1909 à 1920.
Paul Cazeneuve se consacra à l'étude des sciences et fit une brillante carrière universitaire avant de se laisser attirer par la politique. A 21 ans, licencié ès sciences, il abandonne sa ville natale pour poursuivre ses études et obtenir la consécration de la capitale : interne en pharmacie en 1874 il obtient dès 1875 le diplôme de docteur en pharmacie et, l'année suivante, celui de docteur en médecine. Nommé en 1876, chef de travaux de chimie au laboratoire de l'hôpital de la Charité, il revient dès 1877 à Lyon, pour y occuper le même poste à la Faculté. L'année même de son retour, il est nommé maître de conférences de chimie organique ; agrégé de chimie en 1878, il devient en 1893 titulaire de la chaire de chimie organique de la Faculté de médecine de Lyon. Sa formation et sa curiosité le portaient à la fois vers la médecine et la chimie appliquée et les matières colorantes furent le principal objet de ses recherches. Il publia de nombreux ouvrages scientifiques parmi lesquels on peut citer : Recherche et extraction des alcaloïdes (1875), Recherches de chimie médicale sur l'hématine (1878), La coloration des vins par les couleurs de la houille (1886), Les colorants de la houille au point de vue toxicologique (1887), Répertoire analytique des matières colorantes artificielles (1893).
En 1894, il est élu conseiller général par les électeurs de La Guillotière et, en 1901, devient président du Conseil général du Rhône.
Les 27 avril et 11 mai 1902, il se présente aux élections générales législatives, comme candidat radical, dans la quatrième circonscription de Lyon, et est élu, au second tour de scrutin, par 5.220 voix contre 2.442 à M. Florent sur 7.794 votants. Dès son entrée à la Chambre, où il appartient à la Commission du travail, à la Commission de l'enseignement et des Beaux-arts, mais aussi à la Commission qui avait à s'occuper de la séparation des Eglises et de l'Etat, il déploya une activité considérable, et on ne peut que citer quelques-unes des nombreuses propositions de loi qu'il déposa et des interventions beaucoup plus nombreuses encore qu'il fit à la tribune : proposition tendant à frapper de droits de douanes l'acide carbonique liquide ; proposition relative à la protection de la santé publique ; proposition sur la réglementation des garderies ; proposition concernant la création d'un diplôme d'Etat de chimiste expert ; interventions sur : la distillation, les bouilleurs de cru, l'assistance aux vieillards et aux infirmes, le service des enfants assistés, la répression des fraudes sur les vins et les denrées alimentaires, la recherche agronomique, l'enseignement universitaire, les services de santé de l'armée, mais aussi sur : les retraites ouvrières, les coopératives agricoles, le recrutement de l'armée et la séparation des Eglises et de l'Etat. Cette longue énumération, pourtant très incomplète, montre dans quel sens Paul Cazeneuve orientait son activité, et cette orientation se maintint tout au long de sa carrière parlementaire.
Au renouvellement du 6 mai 1906, il fut réélu, au premier tour de scrutin, avec 5.574 voix sur 9.006 votants contre 2.658 à M. Rognon. Son activité ne se ralentit pas ; retenons ses propositions de loi sur : la répression des fraudes, l'utilisation des produits chimiques dans l'industrie et ses interventions sur : la création d'une chaire de clinique obstétricale à la Faculté de médecine de Paris, les taxes sur les spécialités pharmaceutiques, le régime des aliénés, l'enseignement de la médecine légale, les achats de radium, l'introduction du vin dans la ration du soldat, et aussi sur : la crise viticole, l'impôt sur le revenu et le secret et la liberté du vote. Les Commissions dont il fut membre - Commission du travail, Commission de l'hygiène publique, Commission des boissons, Commission des usages industriels de l'alcool, Commission du conseil d'administration de la Caisse des recherches scientifiques - mirent à profit ses compétences et le chargèrent de nombreux rapports, notamment sur le mouillage des vins, la protection de la santé publique et l'organisation des écoles de pharmacie ; mais il rapporta également les projets de loi relatifs au budget de l'Algérie.
Elu sénateur du Rhône le 3 janvier 1909, au premier tour de scrutin par 386 voix sur 757 votants, il déploya à la Haute Assemblée une activité tout aussi considérable, jusqu'en 1920, où son mandat ne fut pas renouvelé. Hygiène, protection de la santé publique, répression des fraudes, assistance publique, enseignement, douanes, fiscalité restèrent les thèmes de ses interventions et de ses rapports. Il parla notamment sur : la réglementation des débits de boisson, la dénatalité, la création d'un corps d'ingénieurs militaires des poudres, puis, pendant la guerre, sur la taxation des denrées alimentaires et l'institution des pupilles de la nation. Il avait présenté, en 1913, le rapport sur les usines hydrauliques, et il avait interpellé le Gouvernement à deux reprises, en 1912, sur la fabrication des poudres et, en 1914, sur la suppression de l'école d'aviation militaire de Bron.
Il subit un échec au renouvellement du 11 janvier 1920, n'ayant obtenu au deuxième tour de scrutin que 361 voix sur 764 votants, et s'abstint désormais de toute activité politique.
Il mourut à Paris le 30 mars 1934, âgé de 82 ans.