Pascal Ceccaldi

1876 - 1918

Informations générales
  • Né le 25 décembre 1876 à Ota ( - France)
  • Décédé le 6 novembre 1918 à Paris (Seine - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
IXe législature
Mandat
Du 20 mai 1906 au 31 mai 1910
Département
Aisne
Groupe
Gauche radicale-socialiste
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
Xe législature
Mandat
Du 8 mai 1910 au 31 mai 1914
Département
Aisne
Groupe
Républicains radicaux-socialistes
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XIe législature
Mandat
Du 26 avril 1914 au 6 novembre 1918
Département
Aisne
Groupe
Parti républicain radical et radical socialiste

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1889 à 1940 (Jean Jolly)

Né le 25 décembre 1876 à Ota (Corse), mort le 6 novembre 1918 à Paris.

Député de l'Aisne de 1906 à 1918.

Neveu de Dominique François Ceccaldi qui avait été élu député de Corse en 1886, Pascal Ceccaldi fit ses études de droit à Aix-en-Provence tout en remplissant les fonctions de répétiteur au collège. Puis il revint en Corse et s'inscrivit à 20 ans au barreau d'Ajaccio. C'est dans cette ville qu'il fit la connaissance, vers 1900, d'Henry Maret alors directeur du Radical, et député du Cher. Ayant dû quitter la Corse à la suite d'un duel retentissant, il suivit Maret à Paris, collabora au Radical et à divers journaux, tandis qu'il se faisait inscrire au barreau de la capitale.

Aux élections générales législatives de 1902, faisant campagne pour Henry Maret de nouveau candidat, il dirigea à ce titre L'Avenir du Cher. Maret fut réélu, mais ce résultat heureux entraîna Pascal Ceccaldi dans trois nouveaux duels à son retour à Paris.

Entré, en qualité d'attaché, au Cabinet Emile Combes du 7 juin 1902, il fut ensuite nommé secrétaire général de la préfecture des Basses-Alpes, à Digne, puis sous-préfet de Vervins (Aisne). Il remplit ces fonctions de 1903 à 1905. En cette qualité, il refusa d'honorer M. Paul Doumer, alors Président de la Chambre des députés, élu par la droite, venu faire une conférence à Charmes. Fernand Dubief nommé Ministre de l'Intérieur le 12 novembre 1905 dans le Cabinet Rouvier du 24 janvier précédent, ne lui pardonna pas cette attitude, mais n'osant pas le révoquer, lui rendit sa vie administrative intenable. Pascal Ceccaldi préféra donner sa démission et posa sa candidature aux élections générales législatives qui devaient avoir lieu les 6 et 20 mai 1906. Il fonda dans ce but le Démocrate Vervinois, et après une campagne acharnée emporta le siège dans la première circonscription de Vervins, au deuxième tour de scrutin, par 7.172 voix contre 7.084 à M. Villemant. Il n'avait pas encore 30 ans, et avait dû tenir en plein air certaines de ses réunions, l'accès aux locaux appropriés lui ayant été refusé. Présenté par le Comité exécutif du parti radical et radical-socialiste, il s'affirmait dans sa profession de foi « partisan résolu de l'impôt sur le revenu et de la loi de solidarité sociale... défenseur de la propriété individuelle, ennemi de la révolution » et proclamait en outre : « J'ai autant que quiconque le devoir de parler de l'honneur de notre pays, car j'ai été soldat et le temps que j'ai passé sous les drapeaux m'a donné, en toute justice, le droit de flétrir à la fois les dévoyés qui rêvaient de planter le drapeau dans le fumier, et les officiers factieux qui ont pratiqué la désobéissance dans le rang. »

Inscrit au groupe radical et radical-socialiste, et membre de diverses commissions, notamment de celle de la législation fiscale, il déposa plusieurs propositions de loi concernant : les conseils d'administration des Compagnies de chemins de fer départementaux (1907), la modification du tarif général des douanes (huiles minérales), les secours à apporter aux victimes du chômage dans l'Aisne, l'Aude, le Doubs, et aux sinistrés de la commune d'Ota, en Corse (1909). Il se fit entendre au cours de la discussion des budgets de l'intérieur, du commerce, des finances, de l'agriculture et des postes et télégraphes de l'exercice 1908 (1909), des budgets de l'intérieur, des finances et de l'agriculture de l'exercice 1910; interpella le Gouvernement sur l'émission de titres de chemins de fer départementaux (affaire Rochette) (1908), intervint dans la discussion : de la demande en autorisation de poursuites contre le baron Xavier Reille (1908), du projet de loi sur le monopole de pavillon et le régime commercial et maritime entre l'Algérie et la Métropole (1909), du projet de loi sur les impôts nouveaux frappant les eaux-de-vie (1909) et sur la modification du tarif général des douanes intéressant les produits d'origine corse et la taxe sur la main-d'œuvre étrangère (1909).

Il retrouva son siège aux élections générales des 24 avril et 8 mai 1910, au deuxième tour de scrutin, par 7.220 voix contre 6.894 à M. Villemant. Membre de la Commission du règlement, de celle des travaux publics et des chemins de fer, de celle du suffrage universel, de celle du budget pour l'exercice 1914 et de la Commission d'enquête sur l'affaire Rochette, son activité devint plus intense encore. Il déposa plusieurs propositions de loi qu'il fut chargé de rapporter : sur les pensions civiles des ingénieurs des mines et des chemins de fer (1910), sur le réseau des routes nationales (1910), sur l'unification des banques coloniales (1911), sur les secours à apporter aux agriculteurs de l'Aisne (1911), sur la construction d'une voie d'eau reliant Dunkerque aux bassins de Longwy et Briey (1912), sur la création des agences coloniales (1912), et sur le régime de la surenchère et la transmission de la propriété (1912).

Au nom de la Commission du budget, il présenta des rapports sur des projets de loi concernant notamment : la construction du port de Papeete (1914), l'emprunt du Congo français (1914), l'emprunt de l'Afrique équatoriale française pour la construction de chemins de fer (1914), les budgets des colonies, les dépenses civiles, les services pénitentiaires, les chemins de fer et port de La Réunion de l'exercice 1914, l'établissement de postes de T.S.F. dans les établissements français de l'Océanie, et en Nouvelle-Calédonie (1914).

Il participa à la discussion des budgets : de l'agriculture, des chemins de fer de l'Etat, de la Caisse nationale d'épargne, des colonies et des finances de l'exercice 1911 ; de l'agriculture, de l'intérieur, des postes et télégraphes et des Beaux-arts de l'exercice 1912 ; des postes et télégraphes de l'exercice 1913 ; de la guerre de l'exercice 1914 pour dénoncer les abus d'autorité commis par des médecins militaires, et fut nommé cette même année rapporteur du budget des colonies. Il intervint encore au cours de divers débats sur : les retraites des employés des chemins de fer, la réforme électorale, les chemins de fer de la Corse, l'assainissement de la côte orientale de la Corse, le privilège des banques coloniales (1911), l'amnistie (1913), les accidents du travail, le relèvement des soldes des officiers et sous-officiers (1913), et enfin les conclusions de la Commission d'enquête sur l'affaire Rochette (1914).

Il fut réélu aux élections générales du 26 avril 1914, au premier tour de scrutin, par 7.718 voix contre 6.583 au poète Jean Richepin. Dans sa profession de foi, il se prononçait contre l'augmentation de la durée du service militaire, et pour la réforme électorale. Il demandait la modification de l'électorat des sénateurs pour « diminuer leur pouvoir de résistance sociale. »

La guerre qui survint quelques semaines plus tard, multiplia son activité sur plusieurs plans : membre de la Commission des crédits, de celle des travaux publics, des chemins de fer et des voies de communication, il déposa plusieurs propositions de loi que lui inspirait la situation, notamment sur : le séquestre des biens austro-allemands (1915), le renforcement des cadres de l'armée (1915), le logement des réfugiés (1916), la surveillance des étrangers en France (1917) ; des projets de résolution sur : le privilège des banques de l'Indochine et de l'Afrique occidentale française (1917), les salariés de l'Etat (1917), et fut chargé de nombreux rapports sur : l'administration des colonies (1915), le chemin de fer de Djibouti à Addis-Abeba (1915 et 1916), les chemins de fer de l'Afrique occidentale française (1915), le chemin de fer et le port de La Réunion (1915, 1916 et 1918), le recrutement militaire dans les colonies (1915 et 1916). Rapporteur de la Commission du budget et notamment du budget des colonies, il intervint au cours de nombreuses discussions portant notamment sur : le service militaire obligatoire des Sénégalais (1915), la réquisition de la flotte marchande française (1916), la réparation des dommages de guerre (1917), la taxation des charbons domestiques (1916), les crédits provisoires et le relèvement temporaire du tarif des chemins de fer (1918).

Dès le début du conflit mondial, il fut envoyé à Orléans comme sergent de l'armée territoriale, puis, sur sa demande et malgré sa santé précaire, partit au front où il fut nommé sous-lieutenant. D'abord chargé d'instruire à Verdun une section d'artillerie composée de territoriaux, il commanda ensuite une compagnie en première ligne.

Conseiller général de Vervins depuis 1908, élu président de l'assemblée départementale en septembre 1917, président du syndicat de défense des régions envahies, il intervint infatigablement auprès des administrations publiques, en faveur des habitants de l'Aisne si éprouvés par la guerre. Il organisa le ravitaillement de la partie non-occupée du département, et secourut les réfugiés de l'autre partie. Il insista auprès du Gouvernement pour que l'on ravitaillât les régions envahies, par l'intermédiaire des nations neutres.

Enfin, l'un des aspects les plus marquants de sa vie politique fut sans doute son amitié indéfectible pour Joseph Caillaux qu'il soutint notamment lors du procès de Mme Caillaux au début de 1914, après son assassinat de Gaston Calmette et surtout en janvier 1918 lorsque Joseph Caillaux fut accusé d'intelligence avec l'ennemi. Il fut alors son avocat.

Il mourut prématurément à Paris, en cours de mandat, le 6 novembre 1918, âgé seulement de 42 ans, d'une épidémie qui fit à l'époque beaucoup de victimes, appelée « grippe espagnole ». C'était le jour même de la libération de Vervins.

A la séance de la Chambre de ce même jour, le Président Paul Deschanel prononça son éloge funèbre en ces termes : « Ce Corse portait en toute sa personne, en toute sa nature, les traits essentiels de sa race : le goût de la lutte, la bravoure, la fidélité... Pascal Ceccaldi a pu, au cours de son existence courte et orageuse, se faire des ennemis, provoquer mériter même des colères ; personne ne me contredira si j'affirme que, par sa générosité et son courage, il était digne de tous les respects, et qu'il emporte nos regrets unanimes. »

Un buste en son honneur fut érigé dans la salle du Conseil général de l'Aisne, et sa statue à Vervins en 1925.