Jacques Chabrat
1910 - 1970
CHABRAT (Jacques, Antoine, Albert)
Né le 21 juin 1910 à Bordeaux (Gironde)
Décédé le 26 juillet 1970 à Bordeaux
Député de la Gironde de 1969 à 1970
Le député de la Gironde, Jacques Chabrat, n’accède à la notoriété qu’au moment de son décès qui provoque en 1970 une élection partielle opposant Jacques Chaban-Delmas, Premier ministre en exercice et le député de Nancy, Jean-Jacques Servan-Schreiber, connue sous le nom de « bataille de Bordeaux ». Pourtant, s’il ne fut député qu’un an, Chabrat est une figure importante du gaullisme bordelais durant plus de vingt ans, du RPF jusqu’à sa mort, aux côtés de Jacques Chaban-Delmas dont il fut un très proche compagnon.
Né à Bordeaux le 21 juin 1910, dans une famille enracinée depuis un siècle dans la métropole girondine, Jacques Antoine Albert Chabrat est issu de la bourgeoisie locale. Fils d’un industriel de la chaussure, il fait ses études dans l’établissement privé de Grand Lebrun puis à l’Ecole supérieure de commerce de Bordeaux. Après son service militaire effectué de 1930 à 1932, Jacques Chabrat entre dans l’entreprise de chaussure familiale et en devient plus tard directeur. En 1938, il épouse Magdeleine Gédon et de cette union naissent cinq enfants. Les années 1930 sont aussi celles du premier engagement politique quand Jacques Chabrat adhère au Parti social français du colonel de La Rocque ce qui a suscité, plus tard, quelque trouble chez des gaullistes bordelais qui ne pouvaient savoir que cet antécédent politique était loin d’être rare chez les militants du RPF. Jacques Chabrat est mobilisé au moment de la seconde guerre mondiale et sa participation à la guerre en 1939-1940 lui vaut la croix de guerre, la médaille militaire avec quatre citations. Dans l’éloge funèbre prononcé le 2 octobre 1970 par le président de l’Assemblée nationale, « Chabrat rallie sans hésiter le général de Gaulle » et « dans l’action contre l’occupant, il est un parmi les combattants de l’ombre ». Chaban confirme alors : « En 1940, il avait été de ceux qui s’étaient battus jusqu’à l’épuisement de leurs munitions et de leurs forces et sa vie durant les années d’occupation avait éclairé en quelque sorte tout le chemin qu’il a parcouru ensuite ».
Dès la fondation du RPF par de Gaulle en 1947, Jacques Chabrat adhère et sa place ne cesse de croître dans le groupement gaulliste girondin : membre du comité départemental en 1948, il devient délégué départemental de mars 1949 jusqu’à la mise en sommeil du mouvement en 1955. A ce poste, il succède à deux figures de la Résistance, Jean Fleuret puis Albert Chavanac et sa nomination ainsi que sa longévité s’expliquent par la très grande confiance établie entre lui et le député-maire de Bordeaux, Jacques Chaban-Delmas qui, dans ses mémoires, le qualifie d’ « homme du plus grand dévouement ». En plus de sa fidélité, l’homme est, il est vrai, précieux pour le RPF girondin car ce businessman moderne, dirigeant une entreprise de trois cents ouvriers contribue très largement au financement du mouvement gaulliste, peut-être pour plusieurs millions de francs ce qui fait dire à un des anciens compagnons, gaulliste lui-même, Jacques Grondeau, que le gaullisme devrait lui « élever une statue » !
L’engagement politique de Jacques Chabrat continue au sein des républicains sociaux dont Chaban-Delmas est le fondateur et la principale figure. Dès 1955, Jacques Chabrat entre dans l’appareil du nouveau parti en tant que membre du comité directeur, élu par le congrès national. Il y côtoie d’autres girondins, proches de Chaban-Delmas comme Jean Valleix ou Robert Vironneau.
Avec ses importantes responsabilités professionnelles en tant qu’industriel, vice-président du syndicat de la chaussure de Bordeaux et de sa région et politiques en tant que dirigeant du RPF girondin, Jacques Chabrat se présente tard et peu devant les électeurs : en 1953, il est élu conseiller municipal de Mérignac, ville de la banlieue bordelaise où il réside avant de venir à Bordeaux où il entre au conseil municipal en 1959 et devient, jusqu’à sa mort, le premier adjoint de Chaban-Delmas. Durant toutes les années 1960, Jacques Chabrat préside le bureau d’aide sociale de la ville de Bordeaux. A compter de 1967, il est aussi vice-président de la nouvelle Communauté urbaine de Bordeaux (CUB). Sa proximité avec le député-maire de Bordeaux explique que celui-ci choisisse Jacques Chabrat comme suppléant dès les élections législatives de 1958 et le garde en 1962, 1967 et 1968. C’est la nomination de Jacques Chaban-Delmas à Matignon qui fait de Jacques Chabrat le député de la 3ème circonscription de la Gironde le 21 juillet 1969. Le nouvel élu s’inscrit, bien sûr, au groupe Union des Démocrates pour la République. Il est nommé membre de la Commission de la défense nationale et des forces armées. Mais il décède le 26 juillet 1970 sans avoir pris la parole à l’Assemblée.