Arthur, Jean, Marie Chalamet
1822 - 1895
Député de 1876 à 1883, membre du Sénat, né à Vernoux (Ardèche), le 19 décembre 1822, il passa par l'Ecole normale supérieure, où il fut admis en 1842, et entra dans l'enseignement des lycées.
Agrégé des lettres, il fut professeur de rhétorique à Tournon, à Caen, à Clermont-Ferrand, puis à Lyon, où il collabora à plusieurs journaux de la région. Il était titulaire de cette dernière chaire, et chevalier de la Légion d'honneur depuis 1869, lorsqu'il se présenta, une première fois, sans succès, dans l'Ardèche, le 8 février 1871, comme candidat à l'Assemblée nationale : il arriva le premier de la liste républicaine, mais avec 31,655 voix seulement, contre 38,258 obtenues par M. Seignobos, le dernier élu de la liste mixte qui triompha. Son frère, M. Gaston Chalamet, mort depuis, était alors préfet de l'Ardèche.
Il reprit ses fonctions universitaires, puis se représenta, le 20 février 1876, à la députation : 9,201 voix sur 9,595 votants et 16,554 inscrits le nommèrent député de la 1re circonscription de Privas. Dans l'intervalle, M. Chalamet avait fait à Lyon plusieurs conférences politico-littéraires qui avaient eu un certain retentissement. Il s'inscrivit au groupe de la gauche républicaine, et vota l'ordre du jour des 363.
Aux élections du 14 octobre 1877, il fut réélu par 9,411 voix (14,241 votants, 17,288 inscrits), contre M. Henri Chevreau, ancien ministre de l'Empire, candidat officiel du gouvernement du Seize-Mai, qui en obtint 4,791.
M. Chalamet reprit sa place dans la gauche modérée, vota pour les invalidations proposées par la majorité, et prononça, en février 1878, à propos de la discussion du budget de l'instruction publique, un discours remarqué sur la nécessité d'une réforme de l'enseignement supérieur. Il vota ensuite :
- le 20 janvier 1879, pour l'ordre du jour de confiance en faveur du ministère Dufaure;
- le 30 janvier (au Congrès), pour l'élection de M. Jules Grévy comme président de la République ;
- le 21 février, pour l'amnistie partielle ;
- le 5 juin, pour l'invalidation de l'élection de Blanqui.
En 1880, il se prononça en faveur de « l'article 7 » et des lois nouvelles sur l'enseignement, déposées par M. Jules Ferry : ces lois lui fournirent plusieurs fois l'occasion d'intervenir dans les débats de la Chambre. Il fut le rapporteur (23 février 1880) du projet légèrement modifié par le Sénat, sur la « réorganisation du Conseil supérieur de l'instruction publique et des conseils académiques »; défendit, en deuxième délibération, contre les attaques de MM. Keller et Bourgeois, de la droite, la proposition de loi Camille Sée tendant à l'organisation de l'enseignement secondaire des jeunes filles, et prit une large part à la discussion générale sur le projet de loi du gouvernement qui rendait l'enseignement primaire obligatoire. Il se prononça, enfin, pour l'application des lois existantes aux congrégations non-autorisées, pour le rétablissement du divorce, etc.
Réélu, le 21 août 1881, comme candidat opportuniste, par 6,618 voix sur 11,339 votants et 17,298 inscrits, contre 4,273 voix à M. Jules Roche, radical, il opina avec les modérés de la majorité de gauche, notamment : le 4 mars 1882, contre l'amendement Jules Roche sur l'élection d'un maire de Paris ; le 7 mars, contre la proposition Boysset tendant à l'abrogation du Concordat, etc. Dans le cabinet du 14 novembre 1881, présidé par Gambetta, il devint, le 16 novembre, sous-secrétaire d'Etat au ministère de l'Instruction publique et des cultes, Paul Bert étant ministre; il se retira avec lui, le 26 janvier 1882.
Le 1er avril 1883, M. Chalamet quitta la Chambre pour aller siéger au Sénat, où le département de l'Ardèche l'élut en remplacement du comte Rampon, décédé; il donna son suffrage au projet de loi suspendant l'inamovibilité de la magistrature, et au rétablissement du divorce.
M. Chalamet a été réélu sénateur de l'Ardèche, le 6 janvier 1885, par 559 voix contre M. Tailhand, ancien ministre, conservateur, 263 voix. Il a voté l'expulsion des princes (juin 1886), et s'est prononcé, dans la dernière session,
- pour le rétablissement du scrutin d'arrondissement (13 février 1889),
- pour le projet de loi Lisbonne restrictif de la liberté de la presse,
- pour la procédure à suivre devant le Sénat pour juger les attentats contre la sûreté de l'Etat (29 mars, affaire du général Boulanger.)
Né le 19 décembre 1822 à Vernoux (Ardèche), mort le 5 décembre 1895 à Paris.
Député de l'Ardèche de 1876 à 1883.
Sénateur de l'Ardèche de 1883 à 1895.
Sous-Secrétaire d'Etat à l'Instruction publique et aux Cultes du 16 novembre 1881 au 30 janvier 1882.
(Voir première partie de la biographie dans ROBERT ET COUGNY, Dictionnaire des Parlementaires, t. II, p. 25.)
Il fut chargé, en 1889, de présenter un rapport sur la proposition de loi ayant pour objet d'appliquer à la fixation des dunes, la loi du 4 avril 1882 sur la restauration des terrains en montagne.
Il retrouva son siège de sénateur au renouvellement du 7 janvier 1894, au deuxième tour de scrutin, par 440 voix sur 803 votants. Il déposa, cette même année neuf rapports sur des projets de loi d'intérêt local.
Le 10 janvier 1895, il fut élu vice-président du Sénat, et en cette qualité proposa de faire déposer, au nom de la Haute Assemblée une couronne sur la tombe du regretté Président Carnot (20 juin 1895). Il devait garder cette charge jusqu'à sa mort.
Il participa à quelques débats, notamment : sur le projet de loi relatif au recrutement de l'armée (1889), sur l'interpellation ayant pour objet d'apporter des modifications à l'organisation de l'enseignement secondaire (1890) ; sur le budget général de l'exercice 1892 (1891). Puis sa santé déficiente le tint éloigné des délibérations sénatoriales.
Le vice-président René Bérenger annonça son décès à ses collègues, à la séance du 5 décembre 1895. Il venait de mourir à Paris, ce même jour, âgé de 73 ans.
Dans son éloge funèbre, il s'exprima en ces termes : « Si, retenu par un sentiment de modestie que rien ne justifiait, il abordait rarement la tribune, son concours aux travaux des commissions était aussi actif qu'éclairé et son opinion y jouissait d'un grand poids. Cette autorité qui devait l'appeler aux honneurs de la vice-présidence, il la devait avant tout à la sûreté de ses connaissances, à la sagesse de son esprit, à la douceur si pénétrante de son commerce, à son absolue sincérité. »
« D'autres carrières peuvent être plus brillantes ; aucune n'est plus honorable et plus digne de nos souvenirs. »
Conseiller général de Vernoux depuis le 6 mai 1872, il devait le rester jusqu'au 3 juillet 1895, date de sa démission. Il présida l'Assemblée départementale de 1883 à 1894.