Marie, Henri, Daniel Gaulthier de Rigny
1782 - 1835
Député de 1831 à 1835, et ministre, né à Toul (Généralité de Metz, France) le 2 février 1782 « fils légitime de Messire Jean François Gautier de Rigni, Chevallier, capitaine de dragons dans le régiment de son Altese Monseigneur le duc de Penthièvre, chevallier de l'Ordre royal et militaire de Saint-Louis et de dame Perpétue Louis, son épouse », mort à Paris (Seine) le 6 novembre 1835, d'une famille dévouée à l'ancien régime et qui émigra sous la Révolution, il se trouva, à l'âge de dix ans, ainsi que ses frères, sans autre appui que celui d'une sœur aînée qui partagea et dirigea leurs études.
Entré dans la marine comme novice timonier sur la frégate l'Embuscade en 1798, il fut reçu bientôt aspirant de 2e classe, s'embarqua en 1799 sur la frégate la Bravoure, puis sur le Muiron, et fit plusieurs campagnes contre les Anglais, et des croisières dans les Antilles. En 1803, lors de la formation du camp de Boulogne, il commanda une corvette à titre d'enseigne. En 1806 et en 1807, il fit, avec les marins de la garde dans lesquels il était entré en 1804, et qui étaient incorporés dans les cadres de l'armée de terre, les campagnes de Prusse, de Pologne, assista aux batailles d'Iéna et de Pultusk, ainsi qu'aux sièges de Stralsund et de Graudentz, où il fut blessé.
Pendant l'expédition d'Espagne (1808), Rigny fut attaché au maréchal Bessieres en qualité d'aide-de-camp : il assista aux combats de Rio-Secco et de Sommo-Sierra, fut blessé, et se battit encore à Wagram en 1809. Lieutenant de vaisseau la même année, capitaine de frégate en 1811 sur l'Erigone, il dut, en 1816, à la protection du baron Louis, son oncle, sa promotion au grade de capitaine de vaisseau. Appelé en 1822 à commander les forces navales réunies dans les mers du Levant, il réussit à venger le pavillon français des insultes des pirates grecs et turcs, et à imposer dans l'Archipel la police de la navigation. C'est à ce propos qu'il écrivait : « Je suis le juge de paix de ce canton. » Le courage et les brillantes qualités dont il fit preuve lui valurent (1825) le grade de contre-amiral.
Deux ans plus tard, il commandait la flotte française à Navarin. La victoire éclatante qui termina cette belle campagne valut à Rigny (1829), avec le grade de vice-amiral, le titre de comte et les fonctions de préfet maritime à Toulon. Il sollicita le portefeuille de la Marine à l'avènement du ministère Polignac (8 août 1829), puis il le refusa quand on le lui offrit, alla reprendre le commandement de la flotte du Levant, où il resta jusqu'en 1830, l'état de sa santé l'ayant rappelé à Toulon. Il fut alors désigné à nouveau, le lendemain de la révolution de Juillet, pour le poste de ministre de la Marine : il l'occupa, une première fois, du 31 juillet au 10 août 1830, et le reprit le 13 mars 1831.
Quelques jours après, le 27 mars, il fut élu député du 1er collège de la Moselle (Briey) en remplacement de M. Milleret démissionnaire, par 46 voix (82 votants, 129 inscrits), contre 32 à M. de Ladoucette. Il échoua aux élections du 5 juillet suivant, dans la même circonscription, avec 64 voix contre 120 à l'élu, M. Charpentier; mais il rentra à la Chambre le 1er septembre, comme député du 4e collège du Pas-de-Calais (Boulogne-sur-Mer), élu par 204 voix (289 votants, 568 inscrits), en remplacement de M. Francoville, qui avait opté pour le 7e collège. Comme député, il appartint à la majorité gouvernementale. Comme ministre, il s'occupa principalement de régler l'avancement et la pension des officiers et de veiller aux intérêts des colonies, dont la législation lui dut de grandes améliorations.
Porté, le 4 avril 1834, au ministère des Affaires étrangères, il s'acquitta de ces nouvelles fonctions avec le même zèle, y joignit, jusqu'au 10 novembre 1834, l'intérim de la marine, et ne quitta le pouvoir, sauf une interruption de quelques jours (du 10 au 18 novembre 1834) que le 4 mars 1835. A cette date il résigna son portefeuille entre les mains du duc de Broglie et ne garda que le titre de ministre d'Etat avec l'entrée au conseil.
Il avait été élu député de Boulogne-sur-Mer le 21 juin 1834, par 355 voix (506 votants, 658 inscrits), contre 137 à M. Roty, en même temps que député de Toul (Meurthe) par 110 voix (143 votants, 178 inscrits) contre 25 au général Fabvier ; ayant opté pour Boulogne, il eut pour successeur à Toul, le 27 décembre 1834, M. Croissant. Sa nomination comme ministre des Affaires étrangères l'obligea à se représenter devant ses électeurs : il obtint d'eux la confirmation de son mandat, le 20 décembre 1834, par 335 voix (379 votants, 743 inscrits). Malgré le mauvais état de sa santé, l'amiral de Rigny accepta encore, en août 1835, une mission à Naples ; mais à peine de retour, à la fin d'octobre, il ressentit les atteintes de la maladie à laquelle il succomba rapidement.
Date de mise à jour: juillet 2013