Simon, Joseph, Léon, Emmanuel de Laborde
1807 - 1869
Député de 1841 à 1842, de 1846 à 1848, et sénateur du second Empire, né à Paris le 15 juin 1807, mort à Fontenay (Eure) le 26 mars 1869, fils de Louis Joseph Alexandre de Laborde qui avait été député sous la Restauration, il fit ses études à l'université de Gœttingue, parcourut avec son père une grande partie de l'Orient, et grâce à son remarquable talent de dessinateur, tira de l'oubli une foule de monuments antiques de l'Asie Mineure et de la Syrie. Il explora seul ensuite la vallée du Nil et l'Arabie Pétrée, et y recueillit les éléments d'un de ses plus intéressants ouvrages.
A son retour il devint secrétaire de l'ambassade française à Rome (1828), dirigée alors par Châteaubriand mais ce dernier s'étant retiré lors de la formation du ministère Polignac, M. de Laborde donna également sa démission.
Après la révolution de juillet 1830, il devint aide de camp du général La Fayette, puis fut envoyé comme secrétaire d'ambassade auprès de Talleyrand à Londres. En 1831, il fut attaché avec la même qualité à la légation de Hesse-Cassel; mais il quitta bientôt la carrière diplomatique pour se livrer entièrement à ses goûts littéraires.
Membre des jurys des expositions de l'industrie depuis 1839, il rédigea plusieurs des rapports présentés au nom de diverses commissions de ces jurys. L'histoire des arts attira particulièrement sa curiosité, et il commença en 1839 une Histoire de la gravure en manière noire, annoncée comme le tome V d'une Histoire de l'impression, dont il avait donné six ans auparavant le spécimen dans une publication abandonnée dès son début (Essais de gravure, 1833). Il fit paraître, l'année suivante, des Recherches sur la découverte de l'imprimerie (1840).
La mort de son père ouvrit à M. de Laborde la succession des honneurs auxquels le premier avait été élevé. Le 7 mai 1841, il le remplaça comme député du 4e collège de Seine-et-Oise (Etampes), élu par 229 voix sur 320 votants. Il s'était présenté comme le candidat du gouvernement. L'année suivante, il prit aussi la place de son père à l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Mais, pour justifier les suffrages que son nom lui assurait, il avait publié, avant son élection, un Commentaire géographique sur L'Exode et les Nombres (1842), dans lequel se trouvent résumés les résultats de ses recherches géographiques sur la Palestine et l'Arabie; on y remarqua particulièrement un chapitre sur la magie, dont l'auteur paraît admettre la réalité.
A la Chambre, M. L. de Laborde resta assez étranger à la politique générale et vota en toute circonstance pour le ministère. Mais il s'intéressa vivement à une question, celle de la translation de la Bibliothèque royale. Non réélu, le 9 juillet 1842, avec 184 voix contre 198 à l'élu, M. de Viart, il commença la publication de ses Lettres sur les Bibliothèques (1845), qu'il n'a pas terminées. L'une d'elles, la quatrième, sur le Palais Mazarin, offre un véritable intérêt historique. Ces lettres furent l'occasion d'un ouvrage conçu sur un plan plus vaste: les Monuments de Paris, dont la première livraison parut en 1846, mais qui resta aussi inachevé. Une autre publication somptueuse, le Parthénon, fut commencée vers la même époque.
M. L. de Laborde fut renvoyé à la Chambre des députés par les électeurs d'Etampes, le 1er août 1846, avec 263 voix (415 votants, 438 inscrits), contre 151 au député sortant, M. de Viart; il y soutint constamment de ses votes le gouvernement de Louis-Philippe, qui, en 1847, à la mort de M. de Clarac, lui confia la conservation du musée des antiques au Louvre. La révolution de 1848 lui ayant enlevé ces fonctions, il fut chargé avec MM. Mérimée et Chalons-d'Argé de rechercher dans les Tuileries les objets qui mériteraient d'être conservés.
Rentré, après l'élection du 10 décembre, en possession de ses fonctions de conservateur au Louvre, il eut sous sa garde les monuments de la Renaissance et de la sculpture moderne. Il rédigea, peu après, un Catalogue raisonné des émaux qui appartenaient à son département (1852). M. de Laborde revint ensuite à ses recherches sur l'histoire des arts; au retour d'un voyage en Belgique, les documents inédits qu'il avait recueillis sur la cour des ducs de Bourgogne lui fournirent la matière d'un Essai de catalogue des artistes des Pays-Bas (1849). Il commença en même temps , sous le titre : les Ducs de Bourgogne, une publication destinée à faire connaître l'état des arts et de l'industrie dans la France et les Pays-Bas au XVe siècle. En 1850 avait paru le tome 1er de la Renaissance des arts à la cour de France; vinrent ensuite : Athènes aux XVe, XVIe et XVIIe siècles (1855); le Château du Bois de Boulogne (1855); de l'Union des Arts et de l'Industrie (1856) ; cet ouvrage, du premier mérite, exposait sur la vulgarisation des arts des idées alors très hardies. La même année, il y revint dans un opuscule intitulé : Quelques idées sur la direction des arts et sur le maintien du goût public.
Devenu, le 4 mars 1857, à la place de M. de Chabrier, directeur général des Archives de l'Empire, il fut appelé à faire partie du Sénat le 2 mai 1868, et admis à la retraite, le 17 août de la même année, comme directeur des Archives. M. de Laborde a collaboré à divers recueils importants, tels que la Revue des Deux-mondes, la Revue française, les Annales archéologiques, etc.