Jean, Emmanuel Jobez
1775 - 1828
Représentant à la Chambre des Cent-Jours, député de 1815 à 1824, et en 1828, né à Morez (Généralité de Besançon, France) le 2 novembre 1775, mort à Lons-le-Saulnier (Jura) le 9 octobre 1828, fils de Claude Jobez fondateur d'un hospice à Morez, il fit des études à Besançon et vint les achever à Paris.
Atteint par la conscription, il obtint bientôt son congé ; son goût pour la poésie le ramena dans la capitale où il fut bien accueilli de Palissot. Mais son père le rappela près de lui. Emmanuel Jobez se fixa alors à Morez, y devint maître de forges, maire de la commune, et brigua avec succès, le 11 mai 1815, le mandat de représentant à la Chambre des Cent-Jours : il l'obtint du collège de département du Jura, par 74 voix (127 votants).
D'opinions « constitutionnelles », il se rallia modérément au gouvernement de la Restauration, et, réélu député par le même collège, le 22 août 1815, à la « Chambre introuvable », par 114 voix (197 votants, 281 inscrits), il opina avec la minorité en faveur des projets du ministère attaqué par le côté droit. Il fit alors imprimer son opinion sur la loi d'amnistie qu'il voulait telle que le gouvernement l'avait proposée, opinion qu'il n'avait pu développer à la tribune.
Après la dissolution de la Chambre, Jobez fut encore réélu, le 4 octobre 1816, par 113 voix (204 votants, 269 inscrits). Il siégea au centre gauche, dont il fut un des principaux orateurs, et attaqua vivement le budget de la guerre dans la session de 1817 ; la Chambre vota l'impression de son discours.
La Biographie pittoresque des députés (1820) lui consacrait cette notice : « Le même homme peut-il être à la fois doux et farouche, modeste et fier, indulgent et inflexible, timide et véhément ? Celui qui vient de vous accueillir avec tant de grâce, de vous obliger avec si peu de prétention, que vous avez trouvé chez lui un livre à la main, occupé d'études étrangères à la politique, qui vous a semblé si indifférent aux affaires, est-il bien le même que cet orateur qui attaque avec tant de rudesse les abus de l'administration publique, qui reproche si impitoyablement à un ministre ses fautes, ses injustices, ses profusions, qui ne dit jamais quatre phrases de suite sans exciter les murmures du centre et de la droite, et qui ne monte guère à la tribune sans se faire rappeler à l'ordre ? Il faut bien que de tels contrastes puissent exister dans le caractère d'une même personne, puisque M. Jobez en offre un exemple ; ou bien c'est qu'il existe réellement deux hommes en M. Jobez, l'homme privé et le citoyen. Il est différent de lui-même jusque dans sa complexion physique. Il paraît délicat en habit bourgeois, ses traits sont mâles et sa physionomie âpre quand il est en costume ; sa voix est douce dans un entretien familier, et retentissante dans la discussion. Il a cinq pieds deux pouces chez lui, et cinq pieds six pouces à la tribune. »
Le 7 avril 1821, il combattit la proposition Sirieys de Mayrinhac tendant à obliger les orateurs rappelés à l'ordre à quitter immédiatement la tribune.
Le 1er octobre 1821, ce fut le 1er arrondissement électoral du Jura (Lons-le-Saulnier) qui, par 136 voix (244 votants, 281 inscrits), contre 106 à M. Babey, renvoya M. Jobez à la Chambre, où il fit partie de la minorité hostile au cabinet Villèle.
Mais il échoua aux élections du 25 février 1824, à Lons-le-Saulnier, avec 78 voix contre 150 à l'élu, M. Nicod de Ronchaud, et, huit jours après, le 6 mars, au collège de département, avec 13 voix seulement contre 84 à M. de Froissard, élu.
Il se représenta, sans plus de succès, le 17 novembre 1827, et ne recueillit dans le 1er arrondissement que 67 voix contre 129 à l'élu, M. Cordier ; mais une élection partielle ayant eu lieu, le 8 avril 1828, dans le 2e arrondissement, celui de Besançon, pour remplacer M. Jacquot de Mercey, démissionnaire, M. Jobez redevint député, par 143 voix (268 votants, 310 inscrits), contre 107 à M. Droz.
De retour dans son département après la session, il était allé, le 9 octobre, visiter un de ses amis, à quelques lieues de Lons-le-Saulnier, lorsqu'au retour le cheval qu'il montait s'emporta ; il ne put s'en rendre maître, fut lancé contre un mur, et expira quelques instants après. Ses restes furent transportés à Syam où il avait établi des forges.
On a de lui, outre ses discours et opinions :
- Epître à Palissot, par un habitant du Jura (1806)
- et un poème, laissé manuscrit, sur les Eléments.